CCQ : Une année de grands chantiers
Entrevue avec Diane Lemieux
L’année 2017 sera cruciale pour la Commission de la construction du Québec, lance sans ambages Diane Lemieux, présidente-directrice générale de l’organisme, en entrevue avec Constas. Celle qui occupe son poste depuis maintenant plus de cinq ans entend déployer, au cours des prochains mois, toute son énergie pour que la CCQ redevienne l’organisme essentiel qu’il a été depuis sa création en 1987.
Par Florence Sara G. Ferraris
« Nous avons connu des moments difficiles au cours des dernières années, reconnaît Mme Lemieux. On part de loin. » À son arrivée en poste en 2011, l’industrie de la construction était secouée par une crise sans précédent et, avec elle, la CCQ faisait face à des problèmes de fonctionnement importants.
Et si depuis, les choses se sont calmées pour le mieux, l’ancienne députée à l’Assemblée nationale estime que ni l’industrie ni l’organisme qu’elle représente ne doivent baisser leur garde. « Nous avons travaillé très fort à rétablir notre réputation, explique-t-elle. Nous avons fait beaucoup d’efforts, notamment pour retrouver notre impartialité et notre intégrité. Maintenant, il faut demeurer vigilant pour ne pas retomber dans ces mauvaises façons de faire. »
Ce désir de redonner à la CCQ son aura d’antan, Diane Lemieux le porte depuis son entrée en poste et elle compte bien s’y atteler encore au cours de l’année à venir. « La CCQ, de par sa mission, a un rôle de régulateur au sein de l’industrie, souligne la présidente-directrice générale de la Commission. Il est donc primordial que l’on soit nous-même un modèle de ce que l’on défend. Après, tous deviennent porteurs de ce message de conformité. »
Objectif : égalité
Parmi les dossiers qui lui tiennent particulièrement à cœur, Diane Lemieux insiste sur l’importance d’atteindre l’égalité entre les sexes au sein de l’industrie de la construction. Et bien que les choses bougent un peu depuis son arrivée en poste, notamment avec l’adoption, l’an dernier, d’une réforme majeure du Programme d’accès à l’égalité des femmes (PAEF) dans l’industrie de la construction 2015-2024, un important travail reste encore à faire.
De fait, les femmes occupent encore moins de 2 % de l’ensemble des emplois dans le milieu de la construction, même si cela représente une amélioration notable par rapport à moins d’une décennie auparavant. D’ici 2018, la CCQ espère atteindre au moins les 3 %, un objectif qui correspond à la moyenne canadienne et qui « fait consensus auprès des différents acteurs ».
« La CCQ, de par sa mission, a un rôle de régulateur au sein de l’industrie, souligne la présidente-directrice générale de la Commission de la construction du Québec. Il est donc primordial que l’on soit nous-même un modèle de ce que l’on défend. Après, tous deviennent porteurs de ce message de conformité.»
« Les choses bougent, mais c’est loin d’être encore suffisant, note Mme Lemieux en faisant notamment référence au nombre d’employeurs qui embauchent des femmes. Il faut maintenant que ces mêmes employeurs en convainquent d’autres de leur emboîter le pas. »
Pour y arriver, la Commission a mis en branle un important chantier pour favoriser la mixité dans les différentes sphères de travail de l’industrie. « Ç’a été un travail de longue haleine, souligne, un sourire dans la voix, celle qui a déjà été présidente du Conseil du statut de la femme du Québec. Nous avons dû poser un diagnostic très critique sur l’industrie, consulter le milieu et, surtout, impliquer tous les acteurs. » La CCQ a également dû mettre les différents ministères dans le coup, notamment celui de l’Éducation pour que la formation des futurs travailleurs tienne compte de ces changements en cours.
Réforme des métiers
La CCQ souhaite également procéder à une importante réforme des différents métiers qui se trouvent sous sa juridiction. Entamé l’an dernier, cet imposant chantier devra toutefois se poursuivre au cours des prochains mois, le but étant de redéfinir les différents champs d’expertise, de manière à ce que l’industrie soit plus à jour. « La dernière fois que nous avons procédé à une telle réforme, c’était il y a plus de 20 ans», insiste Diane Lemieux. À titre d’exemple, Mme Lemieux cite la fusion de certains corps de métier dont le plus gros des tâches est similaire, comme c’est le cas des différents opérateurs d’équipements lourds. «L’objectif est de fusionner les cursus d’apprentissage de ces métiers dans l’optique de les faire évoluer. Par le fait même, c’est l’industrie qui évoluera aussi. Nous devrons donc garder la cadence.»
Ces transformations permettront, à terme, une réforme importante des manières de faire sur les chantiers, croit la présidente-directrice générale de la CCQ. « L’idée est de regrouper certains métiers qui font appel à des compétences similaires, par exemple. C’est également l’occasion de revoir la formation dispensée et, surtout, de s’assurer que cette dernière est adéquate en fonction des différentes tâches à accomplir. »•