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Les 80 ans de l’ACRGTQ

Un héritage en construction

Les 80 ans de l’ACRGTQ  
Un héritage en construction

L’ACRGTQ souffle ses 80 bougies en 2024. Retour sur le chemin accompli.

par Julien Lamoureux

Barrage Daniel-Johnson
Le barrage Daniel-Johnson, un exemple de grands projets d’infrastructure que construisent les membres de l’ACRGTQ dans le secteur du développement énergétique au Québec.

En 1944, le Canada commence à réfléchir à l’après-guerre. Le ministère de la Reconstruction voit le jour, ce qui donne le signal à l’industrie que le pays est prêt à mettre en branle de grands chantiers afin de stimuler l’emploi pour les militaires qui reviendront bientôt au pays. C’est dans ce contexte que naît la Quebec Road Builders Association, qui regroupe alors 31 entreprises, à l’initiative d’Herbert John O’Connell, de Raoul Léon Painchaud et de Guillaume Gingras.

L’Association est créée pour défendre les intérêts des constructeurs d’ouvrages de génie civil dans la province:
routes, aqueducs, ponts, barrages, lignes d’électricité, etc.

Une autre institution est créée en 1944: Hydro-Québec, qui deviendra une partenaire de choix de la Quebec Road Builders Association dans les décennies suivantes.

Les premiers dossiers sur lesquels le regroupement s’affaire touchent entre autres la taxe provinciale sur les bancs d’agrégats, les taux de location de machinerie lourde, des changements aux devis du ministère de la Voirie, l’échelle des justes salaires et les taux de cotisation à la Commission des accidents du travail du Québec, l’ancêtre de la CNESST.

Une organisation en pleine croissance

Pendant les années 1960, quelques décisions sont prises pour s’ajuster à la croissance de l’Association, qui compte alors environ 500 membres. Un secrétariat est d’abord établi à Montréal afin de centraliser les nombreux dossiers et les opérations. L’année suivante, la décision est prise de franciser le nom. L’appellation Association des cons­tructeurs de routes du Québec est adoptée en assemblée générale.

Pont Champlain
Le pont Champlain, remplacé en juin 2019, devenu Samuel-De Champlain et dont la déconstruction a été récompensée par l’ACRGTQ dans la catégorie du prix Génie-voirie en développement durable en 2023.

En 1967, afin de montrer le caractère plus varié des membres de l’Association, on adapte encore le nom, qui devient celui qu’on connaît aujourd’hui: l’Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec (ACRGTQ).

Les grands travaux, justement, sont au cœur des activités des membres de l’ACRGTQ, notamment ceux réalisés pour les projets d’Hydro-Québec. De la Baie-James aux barrages sur la rivière Manicouagan, ces chantiers majeurs marquent la province de la fin des années 1960 jusqu’au début des années 1990 et font partie de la mission première de la société d’État.

La collaboration entre les deux entités nées en 1944 se perpétue. En 2022, le barrage Romaine-4, sur la Côte-Nord, a été inauguré. Celui-ci fait partie d’un complexe de quatre centrales hydroélectriques, ajoutant 1550 MW à la capacité énergétique du Québec.

Un rôle dans les relations de travail

En 1968, l’ACRGTQ est reconnue comme association patronale représentative, un statut exclusif qui sera toutefois de courte durée. Huit ans plus tard, à l’issue de la Commission Cliche, officiellement la Commission d’enquête sur l’exercice de la liberté syndicale dans l’industrie de la construction, créée dans la foulée du saccage de la Baie-James, l’Association des entrepreneurs en construction du Québec (AECQ) est fondée pour occuper ce rôle.

L’ACRGTQ est représentée au conseil d’administration de l’AECQ, aux côtés d’autres organisations patronales de l’industrie de la construction. Son but est de «s’occuper exclusivement de relations du travail dans l’industrie de la construction» et de «promouvoir, de protéger et de défendre les intérêts des em­ployeurs en cette matière».

Dans le domaine des relations de travail, le milieu des années 1990 représente un autre grand tournant pour l’ACRGTQ. Le projet de loi no46 est adopté en 1995 afin de lutter, entre autres, contre le travail au noir dans la construction, de la bouche même de la ministre de l’Emploi d’alors, Louise Harel. La réforme adoptée confère à l’Association un rôle de négociation et de surveillance du respect de la convention collective du génie civil et de la voirie.

Des interventions pendant les commissions d’enquête 

Autoroute Bonaventure
L’autoroute Bonaventure en 1975.

En 2001, Me Gisèle Bourque devient la pre­mière femme à occuper le poste de directrice générale de l’organisation, poste qu’elle occupe encore aujourd’hui. C’est donc sous sa gou­verne que l’ACRGTQ prend un rôle important à la Commission d’enquête sur le viaduc de la Concorde (Commission Johnson), qui a enquêté sur l’effondrement du viaduc de la Concorde en 2006, un drame qui a fait cinq morts. 

 En tant qu’intervenante pendant la Commission Johnson, l’Association a mis de l’avant l’importance de l’entretien et de la réfection des ouvrages de voirie à travers le Québec, un message qu’elle soutenait d’ailleurs depuis un certain temps, entre autres par la création de la Coalition pour l’entretien et la réfection du réseau routier du Québec. La Coalition est encore aujourd’hui présente au quotidien pour défendre la bonne santé des infrastructures de la province et le maintien de nos acquis en cette matière. 

Pont Jacques-Cartier

Depuis le tournant du 21e siècle, l’ACRGTQ s’est aussi démarqué à la commission Charbonneau, de son vrai nom Commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction. Son statut de participante officielle lui a permis cette fois de protéger les intérêts des entrepreneurs qu’elle représente et, conséquemment, dans un contexte de tensions légales et politiques, de s’assurer que leur traitement devant la Commission, à titre de témoins, soit honnête et approprié. 

Vers un solide code d’éthique, garant de l’avenir 

Dès 2010, avant même la Commission Charbonneau et quelque cinq années avant son rapport final, l’ACRGTQ prenait les devants par l’adoption ferme de son Code d’éthique. «Dans le souci de démontrer aux Québécois que les membres de l’ACRGTQ sont aptes à pratiquer de hauts standards de  compor­tement et d’exécution, explique Me Gisèle Bourque, notre Code d’éthique a été rédigé avec grande attention, puis adopté par tous nos membres. L’Association a ainsi confirmé ses rôles à la fois de gardienne et de représentante de l’industrie.»

«Il était devenu essentiel pour l’ACRGTQ et ses membres de faire connaître à leurs partenaires d’affaires et au public en général les principes éthiques qui guident leurs actions», conclut la directrice générale. Le Code de l’ACRGTQ, et la culture d’éthique qu’il représente, est un legs à l’industrie future dont elle demeure particulièrement fière. ■

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