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La ville de Percé aura bientôt une artère écoconsciente

Un nouveau type d’asphalte offre une deuxième vie au plastique

Dossier Constas 
Régions, municipalités et infrastructures

« À la suite des premiers essais, plusieurs tonnes de plastique pourraient être détournées de l’enfouissement et entrer dans la composition du pavage», affirme Jean-François Kacou, directeur général de la Ville.

À l’automne 2022, la ville de Percé sera dotée d’une rue écoconsciente, composée d’un enrobé dans lequel sera incorporé du plastique souple. Une première au Québec !

Par Stéphane Gagné

Jean-François Kacou, directeur général de la Ville de percé. CR : Ville de Percé

Un nouveau type d’enrobé, intégrant du plastique recyclé, sera ainsi testé à Percé sur un tronçon de 200 mètres menant à l’édifice du Géoparc. Au total, cela représentera 750 mètres de pavage si on inclut les stationnements.

Depuis plusieurs mois, le projet suscite de l’intérêt notamment de la part du ministère des Transports du Québec (MTQ). Recyc-Québec et Développement économique Canada (DEC) en sont des partenaires financiers.

La Ville travaille depuis 2020, avec la Régie intermunicipale de traitement des matières résiduelles de la Gaspésie (RITMRG) et l’École de technologie supérieure à développer une formule qui permette de remplacer une partie de l’asphalte contenant du plastique recyclé. À la fin 2019, la firme Consulchem, de Lévis, a été embauchée pour accompagner la recherche. « À la suite des premiers essais, plusieurs tonnes de plastique pourraient être détournées de l’enfouissement et entrer dans la composition du pavage, affirme Jean-François Kacou, directeur général de la Ville. À ce stade-ci de la recherche, on prévoit que le plastique sera fondu dans le revêtement. »

Pour Jean-François Kacou, le projet comporte plusieurs bénéfices environnementaux, sociaux et économiques.

De grands bénéfices

Pour Jean-François Kacou, le projet comporte plusieurs bénéfices environnementaux, sociaux et économiques.

«Cela permettra de trouver de nouveaux débouchés au plastique souple, ayant peu de débouchés au Québec, dit-il. Cela réduira la pollution générée par les microplastiques, notamment en diminuant les impacts sur la faune aquatique. Au niveau économique, cela diminuera les coûts liés à la gestion des rejets du centre de tri. Cela va aussi réduire potentiellement les coûts dans la production des enrobés ».



D’autres innovations

À gauche: enrobé modifié avec 5% de plastique; à droite: enrobé témoin conventionnel sans plastique. CR: ETS

L’enrobé ne sera pas la seule innovation de cette rue. « Le mobilier sera composé d’un mélange du bois vierge et de plastique recyclé, dit le directeur général. Les trottoirs seront constitués d’un mélange de ciment et de verre concassé et il y aura une couche de verre concassé sous la surface de gravier utilisée comme fondation de la rue ».

Une fois le projet terminé, M. Kacou a bien l’intention d’appliquer la même formule à d’autres rues dans la municipalité. Il souhaite aussi partager les résultats de ce projet le plus largement possible afin d’en faire profiter à toutes les municipalités québécoises qui souhaiteraient implanter ce type de revêtement.



La genèse du projet

Granules de plastique souple utilisés dans le projet et produits à partir des gisements de la RITMRG par le laboratoire du professeur Denis Rodrigue au département de génie chimique de l’Université Laval qui travaille sur le conditionnement des plastiques souples et le volet mobilier urbain. CR: ETS

M. Kacou et la RITMRG ont commencé à s’intéresser à l’ajout des plastiques recyclés dans l’enrobé en 2019. « J’ai fait plusieurs recherches et je me suis aperçu que cela avait déjà été fait ailleurs dans le monde, mais pas encore au Québec», relate Jean-François Kacou. En Nouvelle-Écosse, un espace de stationnement, de type supermarché, a été fabriqué en incorporant des plastiques souples dans le bitume et l’enrobé. Au Ghana et en Inde, plusieurs infrastructures sont refaites avec du plastique. « L’entreprise la plus avancée dans le domaine est la britannique MacRebur qui se spécialise dans l’ajout de plastique dans l’asphalte, dit Jean-François Kacou. En parcourant son site Internet, on constate qu’elle a déjà réalisé plusieurs projets au Royaume-Uni, mais aussi en Estonie, en Slovaquie et en Afrique du Sud. »

Depuis plusieurs mois, le projet suscite de l’intérêt, notamment de la part du ministère des Transports du Québec (MTQ). Recyc-Québec et Développement économique Canada (DEC) en sont des partenaires financiers.
En 2021, le Conseil régional de l’environnement de la Gaspésie a même remis au projet de la rue écoconsciente son prix d’excellence en environnement. ■


Une Régie très sensibilisée au recyclage

L’intérêt de la Régie intermunicipale de traitement des matières résiduelles de la Gaspésie (RITMRG) pour le recyclage local remonte à plusieurs années. « En 2017, nous avons commencé à transformer le verre en granulats en remplacement du gravier dans les sentiers et une autre partie est utilisée comme abrasif sur la voirie », dit Nathalie Drapeau, directrice générale de la RITMRG. Aujourd’hui, 100 % du verre est récupéré pour ces deux usages ». Auparavant, ce verre était expédié à grands frais à Montréal. Mme Drapeau a bon espoir que le projet en cours visant la réutilisation du plastique souple dans la formulation de l’asphalte ouvre la voie à de nouveaux débouchés pour cette matière.
La RITMRG a pour mandat de gérer les matières résiduelles de la MRC du Rocher Percé et de la ville de Gaspé. Elle opère un centre de tri de matières recyclables et un site de compostage de matières organiques.