MAGAZINE CONSTAS

Une formation à parfaire

La formation en examen dans le milieu de la construction et au ministère de l’Éducation

« Nous souhaitons qu’il y ait une hausse de l’offre dans certains secteurs contingentés comme celui des grutiers, des monteurs de lignes et des opérateurs d’équipements lourds », mentionne Dominic Robert.

Plusieurs choses peuvent être bonifiées au chapitre de la formation dans l’industrie. Portrait de la situation avec Dominic Robert, directeur général de l’Association des entrepreneurs en construction du Québec (AECQ).

Par Stéphane Gagné

La formation, c’est le nerf de la guerre en construction. Un travailleur bien formé sera en mesure de s’adapter rapidement aux différentes situations susceptibles de se présenter. Avec la pénurie de la main-d’œuvre vécue en ce moment, l’AECQ et ses partenaires patronaux, dont l’ACRGTQ, font des représentations auprès du ministère de l’Éducation — le responsable de l’offre de formation — pour bonifier ce qui existe en formation initiale. « Nous souhaitons qu’il y ait une hausse de l’offre dans certains secteurs contingentés comme celui des grutiers, des monteurs de lignes et des opérateurs d’équipements lourds, mentionne M. Robert. Une des façons de rendre cette offre plus attractive serait de l’offrir dans davantage de régions pour les gens désireux de se former près de leur localité. » Par exemple, la formation en conduite de grues n’est offerte qu’à une seule école, à Les Cèdres.



Autre aspect à considérer : il n’y a aucun stage offert dans le cadre du diplôme d’études professionnelles (DEP). « Pourtant, la possibilité de suivre un stage en cours de formation aiderait à confirmer le choix de carrière du candidat et permettrait de créer un lien avec l’entreprise offrant le stage, lien qui pourrait se traduire par l’embauche éventuelle de l’étudiant, » dit le directeur général de l’AECQ.

Autre aspect à considérer : il n’y a aucun stage offert dans le cadre du diplôme d’études professionnelles (DEP).

Les formations, c’est bien, mais encore faut-il avoir des formateurs. Or, dans certains secteurs de pointe (ex. : la réfrigération), les formateurs sont difficiles à recruter, déplore M. Robert. « L’un des problèmes, c’est la rémunération, dit-il. Si elle est insuffisante, les formateurs préféreront demeurer dans leur spécialité plutôt que d’aller enseigner. » Des discussions sont en cours pour solutionner ce problème.

Le perfectionnement

L’autre volet de la formation est le perfectionnement, organisé par les associations patronales et syndicales en collaboration avec la CCQ. Dans les deux types de perfectionnement (obligatoire et volontaire), le premier connaît une participation record. Ainsi, pour l’année 2020-2021, la hausse a été de 167 % pour le métier d’opérateur d’équipements lourds et de 64 % pour les titres occupationnels.



Du côté du perfectionnement volontaire, c’est plus difficile. « Cela s’explique notamment par la forte demande en main-d’œuvre sur les chantiers, le nombre d’heures travaillées (en hausse) et l’absence quasi totale de temps morts durant l’année surtout dans les métiers du bâtiment où le travail se poursuit maintenant hiver comme été, dit M. Robert. Ces formations permettent aux ouvriers de hausser leur employabilité, mais dans le contexte actuel où l’offre de travail sur les chantiers est très forte, les ouvriers sentent moins le besoin de suivre ces perfectionnements. »



Comme le souligne le directeur de l’AECQ, le travail doit se poursuivre pour avoir une formation et des activités de perfectionnement qui soient vraiment en adéquation avec les besoins de l’industrie de la construction. ■



 

Le cas de l’École des métiers et occupations de l’industrie de la construction de Québec (EMOICQ)
À Québec, l’EMOICQ vit une situation similaire à celle vécue dans plusieurs autres écoles québécoises offrant des formations se concluant par le diplôme d’études professionnelles (DEP). La difficulté de recruter des étudiants dans certains secteurs est bien présente. L’EMOICQ offre des cours réguliers en présentiel dans les 12 métiers de la construction ainsi que des cours de perfectionnement en partenariat avec la CCQ. « Dans les métiers connus comme l’électricité et la charpenterie, nos classes sont bien occupées, dit Rémi Veilleux, directeur par intérim de l’EMOICQ. Cependant, dans les métiers moins connus, nous devons redoubler d’efforts pour avoir des étudiants. » M. Veilleux donne l’exemple de la ferblanterie. « Le taux de placement est de 100 % dans ce métier et pourtant, nous n’avons que trois inscriptions pour le moment. »
Le directeur de l’EMOICQ croit que la pandémie n’a pas aidé. « Durant cette période, nous n’avons pas pu faire de portes ouvertes à l’école, ni de visites dans les écoles. » Du côté du perfectionnement, c’est différent, la participation est bonne, mais, selon M. Veilleux, il arrive quand même que des cours doivent être annulés, faute de participants.