MAGAZINE CONSTAS

Hydro-Québec en phase avec les nouveaux enjeux

Entrevue avec Claudine Bouchard Nouvelle vice-présidente exécutive – TransÉnergie et équipement, et PDG de la Société d’énergie de la Baie James

Il faut penser à attirer des gens issus de la diversité, à les garder au sein de l’organisation, qu’ils trouvent leur voix et qu’ils se réalisent pleinement.

L’inclusion et la diversité, l’innovation ainsi que la santé et la sécurité au travail sont au cœur de la relance économique et du mouvement vers une énergie verte qui s’opère depuis quelques années déjà. Claudine Bouchard, vice-présidente exécutive – TransÉnergie et équipement depuis février dernier et présidente-directrice générale de la Société d’énergie de la Baie James chez Hydro-Québec, en fait ses chevaux de bataille. Constas l’a rencontrée.

Par Magalie Hurtubise

Q/ Vous œuvrez au sein d’Hydro-Québec depuis plus de vingt ans. Quels sont les éléments qui structurent votre vision aujourd’hui?

R/ Le bagage de connaissances que j’ai accumulé me permet d’avoir une vision d’ensemble plus arrimée avec la réalité. Je trouve important que ma vision continue d’être agrémentée par de nouvelles perspectives. En plus de visites régulières sur nos différents chantiers, je suis régulièrement en contact avec les partenaires, les gens du service à la clientèle, du service de distribution, de l’approvisionnement stratégique et autres. Ces vérifications (check and balance) me permettent de demeurer connectée à la réalité et de garder ma vision à jour et inclusive des idées collectives.

Q / Comment Hydro-Québec tire-t-elle son épingle du jeu dans le contexte actuel de pénurie de main-d’œuvre?

R / Hydro-Québec s’engage à offrir un milieu de travail inclusif et diversifié. Il faut penser à attirer des gens issus de la diversité, à les garder au sein de l’organisation, qu’ils trouvent leur voix et qu’ils se réalisent pleinement. Nous travaillons de concert avec les ressources humaines pour valoriser les candidatures des gens qui sont issus de la diversité et ce, tout au long du processus d’embauche.

La diversité en marche chez HQ — Le groupe des communautés ethnoculturelles est celui le plus en croissance. Presque le double d’il y a 5 ans. Au niveau du nombre de femmes, Hydro-Québec note une amélioration significative de leur présence au sein de deux paliers de gestion soit les cadres de niveau intermédiaire et de direction. Hydro-Québec a atteint la zone paritaire (soit 40%) pour ces deux groupes cette année. CR: Hydro-Québec. — * Note d’Hydro-Québec : Les statistiques présentées ci-dessus sont le fruit d’auto-déclarations volontaires.

Hydro-Québec a aussi créé il y a quelques années un comité sur l’inclusion et la diversité qui rassemble des gens de tous les horizons de l’organisation pour assurer une représentativité. Les différentes tables de travail de ce comité œuvrent à mettre en place des initiatives pour que l’inclusion et la diversité soient partie prenante de l’ADN d’Hydro-Québec.

Il y a du travail à faire, car bien que le tiers de notre relève fasse partie de la diversité, elle se trouve surtout à des niveaux intermédiaires et de direction. Le travail doit se faire dans les milieux non traditionnels et à tous les niveaux de l’organisation.

Le legs que j’aimerais laisser dans l’organisation est que la voix des femmes et des gens issus de la diversité ait le même poids que celle des autres. Je souhaite qu’il n’y ait plus de plafond de verre et que tous puissent s’épanouir et rayonner afin qu’ils puissent contribuer au futur du domaine énergétique.



Q / Hydro-Québec joue un rôle majeur dans la transition énergétique à travers le Plan pour une économie verte du gouvernement québécois. De quelle façon l’innovation intervient-elle dans cette transition ?

R / Les objectifs de décarbonation du Québec et du Canada sont ambitieux. Actuellement, les émissions de gaz à effet de serre proviennent à 40 % du transport au Québec. Hydro-Québec joue un rôle en ce sens notamment à travers la dynamisation du réseau de bornes électriques et par le développement de méthodes innovantes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le milieu industriel. Hydro-Québec collabore entre autres sur un projet pilote avec l’entreprise de transport scolaire Autobus Groupe Séguin pour déterminer l’impact sur les coûts, l’efficacité et la performance de la recharge de leur flotte d’autobus électriques.

Les États-Unis intègrent beaucoup d’énergie renouvelable sur leur réseau, comme le solaire et l’éolien, mais ce sont des énergies intermittentes. Ils ont besoin d’une source énergétique fiable : notre batterie du Nord-Est.



Hydro-Québec contribue aussi à la décarbonation du Nord-Est du continent en exportant notre hydroélectricité propre dans nos marchés voisins. En 2020, nos exportations ont permis de réduire significativement les gaz à effet de serre, l’équivalent de retirer de la route 1,4 million de véhicules. Nous pouvons en faire davantage en construisant de nouvelles lignes de transport. Ainsi, les projets d’interconnexion, tels la ligne vers le réseau de la Nouvelle-Angleterre et celle vers la ville de New York, permettront à ces régions de se rapprocher considérablement de leurs cibles de réduction de GES. Par ailleurs, les États-Unis intègrent beaucoup d’énergie renouvelable sur leur réseau, comme le solaire et l’éolien, mais ce sont des énergies intermittentes. Ils ont besoin d’une source énergétique fiable : notre batterie du Nord-Est. Nos barrages et nos réservoirs représentent une contribution importante à la stabilité de l’alimentation électrique du Nord-Est.



Dans cette transition énergétique, les défis seront nombreux. Les drones, la préfabrication en environnement contrôlé, l’impression 3D et la modélisation des données du bâtiment (BIM) sont autant d’innovations qui nous permettront de faire face aux nouveaux défis que nous aurons : pénurie de main-d’œuvre, jeune main-d’œuvre, renouvellement des infrastructures québécoises. Ces technologies nous amèneront vers une performance et une productivité accrues sur nos chantiers en plus de réduire à la source les risques pour la santé et la sécurité des travailleurs. J’y crois. Il y a beaucoup de possibilités.

Q / La santé et sécurité au travail (SST) fait justement partie intégrante des pratiques d’Hydro-Québec. De quelle manière évoluent-elles?

R / Le marché du travail voit arriver de nouveaux travailleurs. Le leadership en SST doit être différent et s’adapter parce que les mœurs évoluent. Je trouve inadmissible qu’encore aujourd’hui, des employés repartent blessés à la maison ou même qu’ils ne repartent pas du tout.

Rencontre de représentants santé & sécurité (Hydro-Québec et EBC) au chantier La Romaine -4. CR: Hydro-Québec

La conformité aux normes a toujours fait partie de nos pratiques, mais désormais nous nous tournons vers le leadership de proximité; nous sentons que les travailleurs veulent faire partie de la solution. La SST, c’est l’affaire de tous, c’est un effort de tous les jours.

Inspection de ligne avec le Linedrone. CR: Hydro-Québec. « Les drones, la préfabrication en environnement contrôlé, l’impression 3D et la modélisation des données du bâtiment (BIM) sont autant d’innovations qui nous permettront de faire face aux nouveaux défis que nous aurons: pénurie de main-d’œuvre, jeune main-d’œuvre, renouvellement des infrastructures québécoises.» — Claudine Bouchard

Comment s’assurer que nos jeunes travailleurs ont la connaissance et la compréhension nécessaires pour bien exécuter leur métier ? Comment s’assurer que ces gens-là sont à l’aise d’arrêter les travaux parce qu’ils jugent que c’est à risque ou dangereux ? La réponse, c’est ensemble. Nous voulons travailler avec nos partenaires et avec les grands donneurs d’ouvrage pour devenir une référence en matière de SST. Nous souhaitons que les gens viennent travailler dans nos environnements et surtout qu’ils s’y épanouissent en sécurité. ■


« Hydro-Québec contribue aussi à la décarbonation du Nord-Est du continent en exportant notre hydroélectricité propre dans nos marchés voisins, nous rappelle Claudine Bouchard. En 2020, nos exportations ont permis de réduire significativement les gaz à effet de serre, l’équivalent de retirer de la route 1,4 million de véhicules. »