MAGAZINE CONSTAS

Défis environnementaux dans la construction

Le rôle du CPEQ

Les 80 ans de l’ACRGTQ
Un héritage en construction

L’industrie de la construction doit respecter des réglementations environnementales de plus en plus strictes. Le Conseil patronal de l’environnement du Québec peut notamment aider les entreprises à transformer ces contraintes en occasions de croissance.

par Elsa Bourdot

 

 

Main PlanèteDepuis sa création en 1992, le Conseil patronal de l’environnement du Québec (CPEQ) œuvre à promouvoir les bonnes pratiques en développement durable tout en défendant les intérêts et la compétitivité de ses entreprises membres.

Promouvoir la durabilité

Le Conseil patronal de l’environnement du Québec est né de la nécessité croissante de traiter les enjeux environnementaux à la suite de la première Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement, qui s’est tenue à Rio de Janeiro en 1992. Aujourd’hui, il représente les entreprises québécoises en tant qu’acteur majeur de la promotion des questions environnementales et du développement durable.

«La mission de notre organisation consiste à encourager les entreprises à adopter de meilleures pratiques en matière de développement durable, à améliorer en continu leur conformité environnementale et à garantir leur compétitivité», explique Hélène Lauzon, présidente-directrice générale du CPEQ.

Les 20 comités de travail de l’organisation jouent un rôle important en conseillant les entreprises sur les projets de loi et de règlements, faisant ainsi avancer les discussions et les actions en faveur d’une économie plus verte et durable pour le Québec. «Nous sommes fortement impliqués dans la question de la conformité, offrant de nombreuses formations aux représentants d’entreprises dans divers domaines tels que les changements climatiques, la biodiversité, les carrières et sablières, les matières résiduelles et l’économie circulaire.»

Le CPEQ met un fort accent sur la formation, la sensibilisation et la production de connaissances à l’aide de guides. «Nous croyons en l’accessibilité de ces ressources à toutes les entreprises, membres ou non, dans le but de les influencer positivement.»

Des réglementations de plus en plus complexes

Au cours des dernières années, le régime d’autorisation environnementale de la Loi sur la qualité de l’environnement a été mis à jour. Les entreprises doivent en avoir une connaissance approfondie grâce à de la formation. «Nous observons une complexification croissante des dossiers environnementaux malgré les efforts déployés pour simplifier et rendre le régime plus prévisible pour les entreprises, regrette la présidente-directrice générale du CPEQ. Depuis sa modernisation, les entreprises constatent que la situation s’est aggravée, avec une complexité accrue et une imprévisibilité persistante. Même les avocats avec lesquels nous collaborons reconnaissent la difficulté de rester à jour en raison de la multiplication des outils réglementaires. En raison de cette complexité, il est difficile pour certaines entreprises denaviguer dans le processus sans consulter un avocat.»

Nous observons une complexification croissante des dossiers environnementaux malgré les efforts déployés pour simplifier et rendre le régime [d’autorisation environnementale] plus prévisible pour les entreprises.

– Hélène Lauzon

Allocution CPEQ
Hélène Lauzon, avocate et urbaniste, présidente-directrice générale du CPEQ, lors de son allocution à l’occasion du 25e anniversaire du CPEQ en 2017. Photo: CPEQ

Pour les entreprises de la construction, la démarche pour obtenir les autorisations nécessaires est devenue plus complexe. Les autorisations varient en fonction du niveau de risque, allant des exemptions pour les risques négligeables aux procédures d’évaluation des impacts environnementaux pour les risques plus importants. Ces derniers sont soumis au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement. «Com­prendre et appliquer ces règlements sur le terrain peut être ­difficile pour les entreprises, surtout lorsqu’il y a des exceptions à prendre en compte», reconnaît Hélène Lauzon.

Une meilleure compréhension des enjeux environnementaux

Bien que les nouvelles contraintes réglementaires présentent un défi, elles jouent un rôle essentiel dans la progression de la compréhension des enjeux environnementaux. Elles incitent de nombreuses entreprises à revoir leurs procédés et pratiques. Cela a notamment été le cas avec l’obligation généralisée de calculer les émissions de gaz à effet de serre. Ces améliorations rendent les entreprises plus attrayantes aux yeux des futurs employés qui recherchent des organisations engagées dans des pratiques de développement durable et de protection de l’environnement.

Parallèlement, certaines entreprises se penchent sur l’intégration de la biodiversité dans leurs plans d’affaires. Dans le cadre de projets de construction ou linéaires, il est impératif de prendre en compte la biodiversité locale. Les grands projets peuvent souvent avoir un impact significatif sur la biodiversité, nécessitant des mesures de compensation, en particulier dans les milieux humides et hydriques. Les procédures spécifiques prévues par la Loi sur les espèces en péril peuvent parfois entraver la réalisation des projets. Comme le souligne la présidente-­directrice générale du CPEQ: «La conciliation entre la conservation de la biodiversité et le développement économique demeure un défi majeur.»

Équipe du CPEQ
L’équipe du CPEQ lors d’une visite de courtoisie chez ArcelorMittal destinée à lui présenter le procédé industriel de l’entreprise. Photo: CPEQ

Se préparer aux prochains défis

Il reste de nombreux autres défis à relever dans les prochaines années. La divulgation des risques et opportunités liés aux changements climatiques et à la biodiversité pour toutes les entreprises, y compris celles du secteur de la construction, devrait ainsi devenir obligatoire.

L’objectif de carboneutralité pourrait être compromis par la difficulté de réduire davantage les émissions de gaz à effet de serre. Les crédits compensatoires sont une option, souvent limitée, et bien que certains remettent en question l’utilisation de la captation, elle pourrait être inévitable à long terme. «Nous devons réfléchir à la manière d’atteindre la carboneutralité ­lorsqu’il n’est pas possible de réduire davantage les émissions en raison des procédés industriels existants ou des limites technologiques», expose Hélène Lauzon.

Les acteurs de la construction sont également concernés par les nuisances environnementales comme le bruit, la poussière et les odeurs. «Les entreprises cherchent activement à réduire ces nuisances, mais il est difficile d’atteindre un niveau de risque zéro», ajoute-t-elle.

Enfin, les enjeux liés à l’eau deviendront centraux dans la prochaine décennie. En attente du plan d’action du gouvernement du Québec, il faudra encourager les entreprises à réduire leur consommation d’eau. «Un fonds similaire à celui pour l’électrification dans le domaine des changements climatiques permettrait d’aider les entreprises, en particulier dans le secteur de la construction, à réduire leur consommation d’eau», conclut Hélène Lauzon. ■

 


 

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