MAGAZINE CONSTAS

Rareté de la main-d’œuvre

L’enjeu demeure capital pour l’industrie de la construction

Commission de la construction du Québec (CCQ)

« La Commission collabore actuellement avec le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) à différents projets pilotes », explique Diane Lemieux.

Bien qu’en 2021, 21 000 nouveaux travailleurs aient rejoint l’industrie de la construction, la pénurie de main-d’œuvre demeure une réalité avec laquelle les employeurs doivent composer. La Commission de la construction du Québec en est bien consciente et cherche des solutions avec ses partenaires de la Construction. Discussion avec Diane Lemieux, PDG de la CCQ.

Par Stéphane Gagné

Attirer plus de femmes, d’autochtones et de gens issus de l’immigration sont des avenues importantes sur lesquelles travaillent la CCQ et l’Industrie pour combler les besoins en main-d’œuvre du secteur. Chacun de ces moyens a ses particularités propres dont il faut tenir compte. À cela s’ajoutent les moyens mis en œuvre pour retenir ces gens sur les chantiers.



Plus de femmes

Le programme d’accès à l’égalité des femmes 2015-2024 (PAEF) a permis de hausser leur présence dans les métiers de la construction. Le bilan 2015-2021 montre que l’objectif d’avoir 3 % de femmes du total de la main-d’œuvre a été atteint (on est à 3,27 %). Cependant, retenir ces employées demeure un enjeu de taille. Le climat de travail est notamment en cause. « Une femme sur trois a déclaré avoir vécu des situations de harcèlement, d’intimidation ou de discrimination, dit Diane Lemieux. Ces incidents les poussent à quitter l’Industrie et peuvent les décourager de choisir ce milieu. La CCQ peut faire sa part pour diminuer ces situations, mais les employeurs doivent aussi travailler à améliorer le climat de travail car cela constitue un facteur de rétention. »

Plus d’autochtones

La faible représentation dans l’Industrie des membres des Premières Nations est aussi un aspect sur lequel se penche la CCQ. « Depuis les deux dernières années, un comité aviseur portant sur cette question a effectué une vingtaine de consultations dans différentes communautés à travers le Québec. Cet exercice devrait nous permettre d’adopter un plan d’action en 2023 », annonce Diane Lemieux.

Attirer plus de femmes, d’autochtones et de gens issus de l’immigration sont des avenues importantes sur lesquelles travaillent la CCQ et l’Industrie pour combler les besoins en main-d’œuvre du secteur.

Plus de gens issus de l’immigration

Enfin, la CCQ et l’Industrie sont bien conscientes que d’avoir davantage de personnes immigrantes aiderait à combler les besoins en main-d’œuvre en construction. « La Commission collabore actuellement avec le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) à différents projets pilotes, explique Diane Lemieux. Nous souhaitons pouvoir aider l’Industrie à attirer plus de personnes immigrantes, mais nous voulons nous assurer d’avoir l’adhésion de nos partenaires. La barrière de la langue et la reconnaissance de l’expérience acquise à l’étranger sont des sujets complexes sur lesquels on doit prendre le temps de se pencher. »



Rendre l’industrie plus attractive

En plus de l’objectif d’avoir une main-d’œuvre plus diversifiée et inclusive, combattre les préjugés envers les métiers de la construction est un aspect sur lequel la CCQ et ses partenaires de la Construction travaillent. À ce sujet, un récent sondage de la firme Léger sur les perceptions de l’Industrie montre que seulement 19 % des jeunes considèrent une carrière en construction. « On revient ainsi à l’image et au climat de travail que reflète l’Industrie, dit la PDG qui soutient pourtant que le milieu de la construction regorge de gens passionnés, innovateurs et compétents, en plus d’offrir d’excellentes perspectives professionnelles. Des points à mettre en valeur sans doute.



Un sondage révélateur

Le dernier sondage de la CCQ, réalisé auprès de ses membres, a révélé des choses intéressantes sur les moyens que prend l’Industrie pour conserver son personnel et recruter de nouvelles personnes. Les moyens pris sont divers : faciliter la conciliation travail-famille, offrir des horaires plus flexibles et de meilleurs salaires. « Une étude que nous avons faite en 2021 démontre que ces moyens, incluant l’amélioration de la santé et sécurité sur les chantiers, ont un impact direct sur la rétention de la main-d’œuvre, ce qui est positif », rappelle Diane Lemieux. Le sondage révèle aussi que les employeurs sont prêts à embaucher une main-d’œuvre moins expérimentée. La PDG rappelle toutefois qu’à ce chapitre, il faut poursuivre les activités de perfectionnement et valoriser le rôle de compagnon.



Une offre de service plus numérique

Au niveau organisationnel, Mme Lemieux affirme que la CCQ a entamé une grande transformation technologique l’an dernier afin d’offrir une offre de service axée sur des outils numériques adaptés aux besoins de ses clients. « Nous souhaitons aussi revoir certains aspects du cadre normatif pour mieux nous adapter à la réalité de l’Industrie et répondre aux besoins des employeurs et du personnel », conclut la PDG de la CCQ. ■


Perspectives 2023 sur les heures travaillées
La CCQ prévoit un léger repli des heures travaillées en 2023, soit 202 millions d’heures contre 210 millions d’heures en 2022. Le secteur du génie civil devrait être bien occupé en 2023 avec les chantiers du tunnel Louis- Hippolyte-La Fontaine, le prolongement de la ligne bleue qui s’amorcera et éventuellement le tramway à Québec. »