MAGAZINE CONSTAS

Prendre soin de la santé mentale pour mieux gérer

Veiller à la santé mentale de ses employés… et à la sienne !

Contrairement à ce que l’on pense, la principale cause de l’épuisement professionnel n’est pas la quantité de travail, mais le climat dans lequel les personnes évoluent.

Stress, anxiété, détresse psychologique, épuisement professionnel, dépression… Les problèmes liés à la santé mentale des employés sont loin de diminuer dans les organisations. La pandémie n’a rien arrangé à ce chapitre. Une situation qui se traduit par des coûts importants pour l’entreprise. En tant que gestionnaire, comment soutenir ses équipes ? Et, surtout, comment le faire sans se perdre soi-même ? Conseils.

Par Sylvie Lemieux

«La meilleure façon de prévenir les problèmes de santé mentale qui découlent ou sont exacerbés par le travail, c’est de porter une attention particulière au climat d’équipe, affirme Rose-Marie Charest, psychologue et conférencière. Contrairement à ce que l’on pense, la principale cause de l’épuisement professionnel, ce n’est pas la quantité de travail — qui peut, bien sûr, devenir éventuellement excessive —, mais c’est le climat dans lequel les personnes évoluent. Quand elles constatent un manque de reconnaissance, des injustices, ou qu’elles se sentent exclues ou critiquées injustement, cela les rend malades. »



Les causes de la détresse au travail

Plusieurs éléments contribuent à créer un climat de travail qui n’est pas agréable. Des conflits interpersonnels qui s’étirent, des commentaires négatifs plutôt que constructifs, de trop nombreuses heures supplémentaires ne laissant pas de temps pour soi sont autant de sources de stress qui peuvent contribuer à un problème de santé psychologique.

Le gestionnaire a donc tout intérêt à regarder ce qui se passe dans ses équipes. Cela dit, comment savoir si un employé va bien ou non ? « La meilleure façon, c’est de comparer la personne à elle-même, suggère Rose-Marie Charest. Manifeste-t-elle de la tristesse alors qu’elle est d’un naturel joyeux ? Est-elle une personne calme qui a soudainement la mèche courte ? Travaille-t-elle de longues heures sans grands résultats, ce qui n’est pas dans ses habitudes ? »

Les personnes qui occupent un poste à responsabilités sont aussi à risque si elles n’ont pas les appuis et les ressources professionnelles pour accomplir leur mandat. « Elles ont besoin de sentir qu’elles ne sont pas toutes seules à porter le poids des responsabilités », explique Rose-Marie Charest.

« Des objectifs difficiles à atteindre peuvent également mener la personne à se sentir constamment en situation d’échec, ajoute-t-elle. Par opposition, quand l’employé réussit à atteindre ce qu’on attend de lui, il éprouve des sentiments de satisfaction et d’accomplissement qui soulagent le stress. »

Des signes qui ne trompent pas

Le gestionnaire a donc tout intérêt à regarder ce qui se passe dans ses équipes. Cela dit, comment savoir si un employé va bien ou non ?

« La meilleure façon, c’est de comparer la personne à elle-même, suggère Rose-Marie Charest. Manifeste-t-elle de la tristesse alors qu’elle est d’un naturel joyeux ? Est-elle une personne calme qui a soudainement la mèche courte ? Travaille-t-elle de longues heures sans grands résultats, ce qui n’est pas dans ses habitudes ? Face à des changements de comportement significatifs, le gestionnaire aurait intérêt à aller au-devant de la personne pour s’informer de ce qui se passe. »



Il lui faut intervenir avec tact et délicatesse. « On peut aborder la personne en disant : “tu as changé, je ne te reconnais plus”, “tu fais des erreurs qui ne te ressemblent pas”. L’important, c’est de manifester à la personne les changements observés chez elle. »

Comment réagir face à un employé qui nie les difficultés ? « Il faut lui laisser du temps et se dire qu’on a semé une graine en l’abordant, soutient Rose-Marie Charest. L’intervention de son gestionnaire peut lui faire réaliser qu’il ne va pas bien. Soit qu’il se le cachait à lui-même ou qu’il le savait, mais éprouvait une gêne à en parler. »

« À éviter à tout prix : essayer de jouer au thérapeute. « Ce n’est pas le rôle du gestionnaire qui n’est pas formé pour intervenir, rappelle Rose-Marie Charest. Il peut toutefois demander à son employé s’il a accès à de l’aide pour faire face à sa situation. »

À éviter à tout prix : essayer de jouer au thérapeute. « Ce n’est pas le rôle du gestionnaire qui n’est pas formé pour intervenir, rappelle Rose-Marie Charest. Il peut toutefois demander à son employé s’il a accès à de l’aide pour faire face à sa situation. Sinon, il peut lui remettre une liste de ressources offertes par l’entreprise ou disponibles dans le réseau de la santé ou la communauté. Idéalement, le gestionnaire aura cette liste à portée de main pour une intervention plus efficace. »

Comment réagir face à un employé qui nie les difficultés ? « Il faut lui laisser du temps et se dire qu’on a semé une graine en l’abordant, soutient-elle. L’intervention de son gestionnaire peut lui faire réaliser qu’il ne va pas bien. Soit qu’il se le cachait à lui-même ou qu’il le savait, mais éprouvait une gêne à en parler. Juste le fait de sentir une ouverture dans son entourage peut le faire réagir. Peut-être n’ira-t-il pas voir son gestionnaire pour en parler, mais il ira chercher de l’aide ailleurs. Ce n’est donc pas en vain que le gestionnaire fait cette démarche. »

C’est d’autant plus important que la situation peut se répercuter sur toute l’équipe. « Un employé qui ne se sent pas bien dans sa peau peut gâcher l’atmosphère pour les autres », rappelle la psychologue.

Donner l’exemple

Pour avoir un impact positif sur ses troupes, le gestionnaire doit servir de modèle en prenant soin de sa propre santé mentale. « Prendre soin de soi, ce n’est pas aller au spa à l’occasion. Cela se vit au quotidien, affirme Rose-Marie Charest. S’il prend le temps de s’arrêter pour manger le midi, s’il résout les conflits pour éviter qu’ils ne s’aggravent, s’il se fixe à lui-même comme à son équipe des objectifs réalistes, il donne alors à tout le monde l’occasion de réussir et de se sentir bien. » ■