MAGAZINE CONSTAS

Jim Hewitt

Récipiendaire du prix Fernand-Houle 2018

 Une trajectoire inspirante.

Héritier de l’entreprise familiale éponyme, Jim Hewitt a non seulement participé activement à la construction du Québec moderne, mais il a également su faire rayonner l’industrie de l’équipement lourd hors des frontières de la Belle Province. Entretien avec un humaniste doublé d’un homme d’affaires averti.

Par Marie Gagnon

En janvier dernier, à l’occasion de son 74e congrès annuel, l’Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec (ACRGTQ) décernait à Jim Hewitt le prix Fernand-Houle, soulignant du geste la contribution active de l’homme à la croissance de l’entreprise fondée par son père Robert, en 1952.

« En remettant à Jim Hewitt le prix Fernand-Houle 2018, l’ACRGTQ rend hommage à un bâtisseur qui, tout en contribuant au rayonnement de l’industrie, a connu une carrière impressionnante dans l’industrie de la construction », a mentionné Roger Arsenault, le président sortant de l’ACRGTQ, lors de la remise du prix en janvier dernier.

Gravir les échelons

La carrière de Jim Hewitt connaît effectivement une trajectoire ascendante. Entré au service de Hewitt Équipement en 1968, il gravit les divers échelons de l’entreprise familiale avant d’en prendre définitivement les rênes en 1983.
D’abord responsable de l’équipement usagé, puis des ventes de machinerie lourde, il est nommé en 1972 directeur des ventes, pièces et service, à la succursale de Québec. De retour à Montréal, il sera tour à tour directeur des ventes régionales, division équipement lourd, et directeur du marketing et des communications.

« C’est d’ailleurs à ce titre que j’ai présidé l’équipe interne de francisation à la suite de l’adoption de la Loi 22, la Loi sur les langues officielles, indique Jim Hewitt. Ce fut tout un défi. En 1980, j’ai occupé les fonctions de vice-président, division manutention, avant d’être nommé président et chef de la direction en 1983. Puis, lors du décès de mon père en 1992, je suis devenu président du conseil d’administration. »

Voir grand

Sous sa houlette, Hewitt Équipement, qui est aussi le seul concessionnaire Caterpillar autorisé du Québec, connaît une expansion aussi régulière que remarquable. Au tournant de la décennie 1990, l’entreprise est présente un peu partout au Québec et dans l’ouest du Labrador. Cinq ans plus tard, elle se positionne dans les Maritimes en acquérant Atlantic Tractors & Equipment, un concessionnaire Caterpillar actif au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et à l’Île-du-Prince-Édouard.

La machinerie CAT au service du chantier de la Romaine-3. CR: Hewitt

Jusque-là cantonnée dans la vente d’équipement lourd et de groupes électrogènes – Hewitt a notamment fourni des génératrices au gouvernement fédéral pour alimenter des sites de radars dans le Grand Nord canadien, Hewitt entreprend de diversifier ses activités à la fin des années 1990 en fondant Location Hewitt. Cette nouvelle entité se spécialise dans la machinerie lourde CAT ainsi que dans l’équipement de chantier, comme des appareils de levage et des tours d’éclairage.

« Nos affaires ont beaucoup prospéré au cours de cette période, confie l’homme d’affaires. On a aussi traversé des moments difficiles. La récession du début des années 80 nous a fait particulièrement mal. En 1983, notre chiffre d’affaires dégringolait à 200 millions de dollars. Entre 2012 et 2014, les affaires ont aussi ralenti. On avait alors 2 700 employés et 52 places d’affaires au Québec, au Labrador et dans les Maritimes.

Maintenir le cap

« On a réussi à maintenir le cap, sans réduction majeure de personnel, poursuit-il. Il y a eu des départs volontaires, d’autres sont partis à la retraite. Même si la rentabilité n’était pas au rendez-vous, on n’a pas procédé à des mises à pied massives, cela ne fait pas partie de nos valeurs. Et lorsqu’on a vendu à Toromont, en octobre dernier, on employait encore 2 100 personnes, on possédait toujours 45 succursales et notre chiffre d’affaires atteignait le milliard de dollars. »

Même s’il peut dire mission accomplie, Jim Hewitt n’entend pas pour autant prendre sa retraite de sitôt. Loin s’en faut, même. Actuellement, il travaille à la création d’une fondation privée, dont les principales orientations sont à définir. Mais cela pourrait ressembler à « Donner au suivant », l’émission phare de Chantal Lacroix, sur Canal Vie.

Avec son fils David, il songe également à mettre sur pied un fonds d’investissement privé pour soutenir divers projets d’entreprise. « On n’a pas encore identifié le secteur d’activité, mais ce ne sera pas en lien avec le marché de l’équipement, c’est sûr, affirme Jim Hewitt. Il n’est pas question de faire concurrence à Caterpillar. » •


L’Association des constructeurs de route et grands travaux du Québec (ACRGTQ), créatrice et éditrice du magazine Constas, se fait un devoir chaque année, lors de son Congrès annuel, de rendre hommage aux entrepreneurs qui se sont démarqués par un parcours entrepreneurial inspirant. Ainsi a-t-elle mis sur pied, en 2017, le prix Fernand-Houle, reconnaissant par le fait même la contribution de ce grand entrepreneur du Québec à l’industrie de la construction. À l’image du parcours de Fernand Houle, le lauréat aura démontré une position de leader dans son secteur et une implication notable au sein de l’ACRGTQ.