MAGAZINE CONSTAS

La technique du «Timelapse»

Un témoin chronologique, ou la documentation des travaux par l’image

« Tout ce qui est pertinent sur un chantier est enregistré à l’image. À l’instar d’une boite noire, toute image a une valeur », précise Mathieu Pellerin.

L’évolution des technologies, les outils disponibles et leur souplesse d’utilisation permettent un meilleur suivi des chantiers et des travaux en cours. La captation chronologique de photographies de chantier, le « Timelapse », afin de documenter par l’image tous types de travaux dans l’industrie de la construction, prend de plus en plus de place.

par Michel Joanny-Furtin

L’appareil photo numérique est placé dans un boitier résistant aux intempéries, avec panneau solaire et batterie de secours, et connexion sans fil. En raison du matériel robuste et autonome en énergie, une maintenance aux deux ou trois mois est suffisante. CR: Fingo.

«Le “Timelapse”, ou photographie à intervalle régulé, est une technique cinématographique qui sert à illustrer un phénomène ou un projet en accéléré », explique Mathieu Pellerin, président de Fingo, entreprise spécialisée en la matière. « Il s’agit de capter une série de photographies par intervalle de temps à partir d’un même point de vue. Ces images fixes sont ensuite compilées dans une séquence vidéo. »

Mathieu Pellerin (Fingo)

« Dépendant du type de projet d’ouvrage et/ou du budget alloué pour documenter l’événement que représente un ouvrage de construction, poursuit-il, plusieurs approches technologiques existent selon qu’on utilise une caméra GoPro (avec paramétrage des prises), ou une caméra DSLR (Digital Single Lens Reflex, avec calendrier programmable à distance). »

« De plus en plus tendance dans le milieu de la construction, nous bénéficions d’une forte demande, même à l’étranger », admet M. Pellerin. « Cette approche technique est souvent requise dans un objectif promotionnel, mais, de plus en plus, on la requiert à des fins de documentation et de suivi de la conformité. Elle permet de conserver une mémoire du chantier réalisé, voir où passent les fils par exemple, et de localiser d’éventuelles transformations à apporter sans détruire les ouvrages réalisés. »

Une documentation visuelle intègre

« Ce qui me motive le plus dans notre travail, c’est que tout ce qui est pertinent sur un chantier est enregistré à l’image. À l’instar d’une boîte noire, toute image a une valeur », précise-t-il. « Entre ce qui reste et ce qui évolue, nos captations ont une grande valeur en ce qui touche l’archivage, la traçabilité des opérations, des matériaux, des procédures, etc.; bref pour tout ce qui répond aux besoins d’affaires des donneurs d’ouvrage et des entrepreneurs. »

Les ouvrages d’art pour lesquels on sollicite leur expertise ont une durée de vie parfois très longue : « Nous devons adapter régulièrement les supports de sauvegarde afin de maintenir la pérennité des informations…», souligne Mathieu Pellerin. En effet, de l’analogique au numérique, les technologies de captation, d’enregistrement et d’archivage ont considérablement évolué ces 20 dernières années. Du CD-ROM à la clé USB, du stockage magnétique à l’infonuagique, des bibliothèques à l’Internet, des services de documentation locaux aux serveurs interconnectés à l’étranger. Évolution qui attise les inquiétudes concernant la sécurité.

« Cette approche technique est souvent requise dans un objectif promotionnel, mais, de plus en plus, on la requiert à des fins de documentation et de suivi de la conformité, explique Mathieu Pellerin. Elle permet de conserver une mémoire du chantier réalisé, voir où passent les fils par exemple, et de localiser d’éventuelles transformations à apporter sans détruire les ouvrages réalisés. »

Pour y remédier, « les infrastructures d’hébergement de nos sauvegardes sont situées en sol canadien. De plus, le stockage de ces données est fait en redondance pour maintenir cette mémoire quoiqu’il arrive », insiste Mathieu Pellerin, qui ajoute : « Parfois, nous sommes amenés à considérer le papier comme support de sauvegarde. De plus en plus de bibles de chantier sont bonifiées d’un rapport photographique de la progression des travaux. La nature de ce travail de production s’avère de plus en plus d’ordre légal. Dans ce sens, la prise d’images et l’intégrité des données initiales sont ainsi datées, localisées et conservées ­– sans altération aucune – de la captation à la sauvegarde dans des serveurs afin d’en garantir la chaîne de possession. Le processus et les images peuvent donc être amenés comme preuves en cas de litige. »

Le placement judicieux de la caméra

Lors de l’élaboration d’un projet de captation, le placement de la caméra est une étape cruciale. Un repérage de terrain déterminera le meilleur emplacement. «  Il faut toujours placer la caméra au bon endroit, c’est essentiel. Le plan du chantier et les objectifs d’affaires du client sont nécessaires pour définir la fréquence de prise de photo selon l’horaire des travaux, et pour repérer et préparer toutes les occasions de tournage envisageables ou potentielles pour le montage final », explique Mathieu Pellerin. « En moyenne, deux caméras sont utilisés, surtout sur les sites plus vastes; la première en fixe et, souvent, la seconde en mouvement. »

Lors de l’élaboration d’un projet, un repérage de terrain déterminera le meilleur emplacement de la caméra, une étape cruciale. La caméra DSLR et son système chrono-photo permettent une fiabilité d’opération et une valorisation du rendu final. CR: Fingo.

 

«La caméra DSLR est privilégiée, dont le système chrono-photo permet une fiabilité d’opération et une valorisation du rendu final. » Intégré avec un ordinateur si l’on veut recevoir les images en temps réel, l’appareil photo numérique (de 18 à 24 mégapixels, soit 9 fois plus gros que le HD) est placé dans différents types de boîtiers résistant aux intempéries, avec panneau solaire et batterie de secours, en connexion sans fil si l’enregistrement est local ou pas. « Le matériel est robuste, autonome en énergie; une maintenance aux deux ou trois mois est suffisante », précise le spécialiste.

Certaines caméras offrent une fonction de compilation automatique alors que d’autres nécessitent un montage effectué sur un ordinateur. « Pour obtenir une séquence fluide, il peut être intéressant de stabiliser les images et d’ajouter quelques effets et tout autre information pertinente pour illustrer l’expertise technique du chantier filmé en présentant un contenu original. Pour chaque chantier, la phase du montage infographique fait la compilation de 25 000 à 50 000 photos en moyenne, et nécessite… beaucoup de mathématiques », conclut Mathieu Pellerin. •