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Infrastructures en eau

Un effort de priorisation

C’est notamment pour aider les municipalités à assurer la pérennité de leurs infrastructures que le CERIU a été créé.

Les prochaines années nécessiteront d’importants investissements pour remettre une partie du réseau municipal en état. Le plus récent Portrait des infrastructures en eau des municipalités du Québec (PIEMQ) produit par le Centre d’expertise et de recherche en infrastructures urbaines (CERIU) révèle que, si la majorité du réseau est présentement en bon état, de nombreux efforts devront tout de même être réalisés dans les prochaines années, notamment pour remettre à niveau les chaussées qui le surplombent.

Par Florence Sara G. Ferraris

Au Québec, on compte des milliers de kilomètres d’infrastructures en eau. Dispersé aux quatre coins de la province et placé sous la responsabilité de centaines de municipalités, une partie de cet imposant réseau, qui comprend à la fois des conduites souterraines en eau, des équipements ponctuels et des kilomètres de voirie de surface, arrive aujourd’hui à la fin de sa vie utile. Sa remise en état nécessitera donc, au cours des prochaines années, des investissements financiers majeurs et une importante mobilisation des ressources municipales.



C’est ce que révèlent, entre autres choses, les différentes versions du PIEMQ produites par le CERIU depuis 2017. Cette fine analyse, sur laquelle travaille le CERIU depuis 2014 grâce à une aide financière du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation, permet de mettre à jour notre connaissance de l’état du réseau et, par conséquent, de déterminer où sont les besoins les plus criants.

Ainsi, avec le plus récent Portrait, publié en novembre 2019, on constate « que près de 20 % des infrastructures sont en mauvais et très mauvais état, ce qui nécessiterait, pour les remplacer toutes, des investissements d’environ 35 milliards de dollars », souligne Marc Didier Joseph, le directeur de projets responsable depuis deux ans de la supervision de l’exercice. De ce montant, 18 milliards $ correspondent aux investissements nécessaires si on devait reconstruire les kilomètres de chaussées en mauvais état disposées au-dessus du réseau. À cela s’ajoutent 33,2 milliards de dollars pour maintenir les infrastructures d’eau dont l’état, sans être alarmant, peut le devenir dans un avenir rapproché.

« Ce n’est pas catastrophique, mais il s’agit tout de même de sommes significatives, insiste l’ingénieur de formation. Qui plus est, que ces travaux soient urgents ou de l’ordre de l’entretien, ils seront nécessaires assez rapidement ; nous faisons face à un problème qui, s’il demeure ignoré, ne peut qu’empirer. Or, tant d’un point de vue humain que financier, on ne serait pas capable de procéder à toutes ces mises à jour d’un coup. »

Avec le plus récent Portrait, publié en novembre 2019, on constate « que près de 20 % des infrastructures sont en mauvais et très mauvais état, ce qui nécessiterait, pour les remplacer toutes, des investissements d’environ 35 milliards de dollars », souligne Marc Didier Joseph, le directeur de projets responsable depuis deux ans de la supervision de l’exercice.

Priorisation et optimisation des indicateurs

C’est notamment pour aider les municipalités à assurer la pérennité de leurs infrastructures que le CERIU a été créé. Il faut dire que le monde municipal est loin d’être un bloc monolithique, certaines villes disposant de beaucoup de moyens, alors que d’autres peinent à procéder à ce genre d’exercice à l’interne. « Dans un premier temps, le travail du CERIU permet donc, en quelque sorte, de mettre les municipalités sur un pied d’égalité en ce qui concerne les connaissances disponibles sur leur réseau », indique Marc Didier Joseph.



À la base, ce travail d’analyse contribue à affiner les connaissances disponibles sur le réseau d’infrastructures en eau. « Avant 2014, bien que les municipalités avaient déjà développé une bonne connaissance de leur réseau, notre compréhension de la situation globale au Québec était assez limitée, explique celui qui participe au projet depuis ses débuts. Aujourd’hui, nos efforts permettent d’avoir un portrait assez réaliste d’environ 810 municipalités, ce qui représente plus de 90 % de la population desservie. Cette analyse nous a d’ailleurs conduit à constater que, plus que les infrastructures linéaires et ponctuelles [on parle ici des réseaux d’eau potable, d’eaux usées, des stations de pompage, etc.], c’est la chaussée qui se trouve en surface qui est souvent problématique. Les municipalités doivent donc surtout s’attendre à faire, voire à poursuivre, leurs travaux de voirie. »

Nécessaires mises à jour

Chose certaine, pour parvenir à un renouvellement dans les temps, il sera primordial que ce portrait demeure vivant, insiste Marc Didier Joseph, d’où l’importance de mettre à jour et d’améliorer la banque de données qui date d’environ trois ans. À ce sujet, le CERIU travaille déjà à collecter et colliger les données qui seront nécessaires à la production des prochains bilans. Le Portrait 2020 devrait d’ailleurs être accompagné cette année d’un nouveau guide pour le renouvellement des ouvrages ponctuels en eau et d’une application web inédite qui devraient être lancés d’ici la fin de l’année en cours. ■