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Le Danemark, pionnier des énergies vertes en Europe

Des objectifs ambitieux pour accélérer la transition énergétique

Le pays nordique a construit le premier parc éolien offshore au monde il y a près de 30 ans et, dès 1998, la petite île de Samso est devenue un modèle en matière d’autonomie énergétique.

Le Danemark s’engage depuis plusieurs années pour développer sa production d’énergie renouvelable. Plus de la moitié de sa production électrique provient ainsi de l’éolien, faisant de lui le leader européen dans le domaine. Le récent conflit russo-ukrainien pousse le pays à accélérer sa transition énergétique et à développer de nouveaux projets d’électricité verte afin d’assurer son indépendance énergétique ainsi que celle de l’Union européenne.

Par Elsa Bourdot

De nombreux chantiers menés depuis plus de 30 ans

Le Danemark se positionne depuis de nombreuses années comme un porte-drapeau des énergies renouvelables en Europe. Il s’est fixé en 2012 des objectifs pour promouvoir des modes de production plus respectueux de l’environnement parmi lesquels l’objectif d’atteindre 35 % d’énergies renouvelables pour la consommation totale d’énergie, 50 % d’éolien dans la production d’électricité d’ici 2020 (un objectif atteint, puisque le Danemark a revendiqué 56% d’électricité d’origine éolienne cette année-là) et 100 % d’énergies renouvelables en 2050.

Bordé par la mer Baltique, le Kattegat, le Skagerrak et la mer du Nord, le Danemark est situé au nord de l’Allemagne, au sud de la Norvège et au sud-sud-ouest de la Suède. Le Danemark est constitué d’une péninsule, le Jutland (Jylland), et de 443 îles, dont 72 sont habitées, formant un ensemble appelé l’archipel danois. L’ensemble des côtes danoises représentent 8 750 km de littoral. Le point le plus éloigné du littoral dans le pays est situé à 52 km de la côte. Les îles principales sont reliées par des ponts et le pont de l’Øresund relie le Seeland avec la région de Scanie en Suède.

Le Danemark, leader européen de l’éolien, a battu un record en janvier 2022 en produisant 68% de son énergie électrique à partir de son parc d’éoliennes.

Mais les initiatives remontent bien avant cela. Ainsi, le pays nordique a construit le premier parc éolien offshore au monde il y a près de 30 ans et, dès 1998, la petite île de Samso est devenue un modèle en matière d’autonomie énergétique. Grâce à un parc offshore de dix éoliennes, à une dizaine de turbines supplémentaires sur terre et à des centrales à paille, l’île est devenue autosuffisante en électricité dès 2003 et son empreinte carbone énergétique était négative 4 ans plus tard.

 

L’une des maquettes 3D de « l’île d’énergie verte » du projet REPowerEU, qui verra le jour en 2050 et devrait permettre au Danemark de se passer des hydrocarbures russes. CR : ©Energistyrelsen — Danish Energy Agency.

 

Plus récemment, en septembre 2021, le Danemark a inauguré le plus grand parc éolien en mer de Scandinavie. Voté en 2012, le projet de « Kriegers Flak », composé de 72 éoliennes, permet d’augmenter la production annuelle d’énergie éolienne danoise de 16 % en couvrant la consommation d’électricité d’environ 600 000 foyers danois.



Ces différents projets ont permis au Danemark de battre un record en janvier 2022 en produisant 68 % de son énergie électrique à partir de son parc éolien. Cela correspond à une production totale de 2,3 TWh d’électricité verte à partir du seul vent, près du double de la production du même mois l’année dernière.

Le Danemark ne compte pas s’arrêter là et d’autres projets sont en cours de construction. Ainsi, le pays a approuvé en février 2021 la construction de la première île énergétique au monde en mer du Nord.

 

Vue sur le fort de Trekroner et le parc éolien offshore, au large de Copenhague.

 

Elle fournira de l’électricité domestique pour 3 millions de ménages européens et de l’hydrogène vert pour la navigation, l’aviation, l’industrie et les transports lourds.

D’un coût s’élevant à près de 30 milliards d’euros, cette île aura une capacité de 3 gigawatts et devrait entrer en fonctionnement en 2033.

La biomasse, cette autre source d’énergie renouvelable

Même si l’éolien occupe une place importante dans la production d’énergie verte au Danemark, plus des deux tiers de l’énergie renouvelable du pays proviennent de la bioénergie ou biomasse, c’est-à-dire de l’énergie stockée dans des matières organiques. Le fumier, les graisses animales et la paille sont utilisés comme base pour le biogaz et les biocarburants liquides.



L’agriculture étant une activité importante au Danemark, elle contribue ainsi indirectement à fournir de l’énergie. La paille, qui représente une source d’énergie renouvelable, est utilisée dans le pays depuis plus de 40 ans, faisant de lui un leader mondial dans ce domaine.

Plus des deux tiers de l’énergie renouvelable du Danemark proviennent de la bioénergie.

Combustible neutre en carbone, la paille représente une alternative plus respectueuse de l’environnement que l’utilisation de combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz naturel). Elle est idéale pour une consommation locale, en zone rurale où les exploitations agricoles sont nombreuses.

Miser sur l’éolien pour une indépendance énergétique

Malgré son fort engagement pour les énergies renouvelables ces dernières années, le Danemark souhaite accélérer encore plus le développement de ces ressources vertes. En effet, la guerre en Ukraine a dévoilé l’importance de l’indépendance de l’Europe en matière énergétique.

Lors d’un sommet sur l’énergie éolienne qui s’est déroulé en mai dernier, le Danemark a annoncé vouloir coopérer de manière plus étroite avec l’Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique afin de développer les énergies renouvelables en mer Baltique. Les 4 pays ont ainsi signé un accord s’élevant à 135 milliards d’euros pour le développement de l’éolien en mer et de l’hydrogène vert.



Le Danemark s’associe à l’Allemagne, aux Pays-Bas et à la Belgique pour un projet éolien offshore de 135 milliards d’euros.

Ils souhaitent développer un parc éolien offshore qui deviendrait la « centrale électrique verte de l’Europe » en produisant 65 gigawatts d’ici à 2030 et 150 gigawatts d’ici à 2050 et ainsi se passer des hydrocarbures russes.

La réalisation de ce projet s’inscrirait dans le cadre du plan « REPowerEU », présenté le 18 mai 2022 par la Commission européenne et qui vise à accélérer le déploiement des énergies renouvelables en simplifiant les procédures d’autorisation pour les nouveaux projets éoliens et solaires.

Ce plan de 210 milliards d’euros a pour objectif de s’affranchir « le plus vite possible » des importations de gaz russe, en réaction à la guerre en Ukraine. ■