MAGAZINE CONSTAS

Gestion de flotte et télématique

L'exemple du projet Turcot

Au chantier, la télématique ouvre de nouvelles perspectives dans le domaine de la gestion des équipements. Cette technologie rend en effet le véhicule « communicant » : il est désormais en mesure de transmettre à distance des informations névralgiques sur son utilisation et ses systèmes. Une solution de pointe pour optimiser sa flotte est essentielle sur un grand chantier, comme celui de l’échangeur Turcot.

Par Marie Gagnon

Née de la convergence des télécommunications et de l’informatique embarquée, la télématique désigne les dispositifs permettant de produire, d’émettre, de recevoir et de traiter des données à distance. Appliquée à la gestion de la flotte de véhicules de KPH Turcot, le partenariat responsable de la conception-construction des infrastructures principales du projet Turcot, elle fournit entre autres des informations sur l’utilisation, la maintenance ou la localisation des équipements roulants. Et assure par ricochet le bon déroulement des travaux.

Les systèmes télématiques actuels offrent de nombreuses possibilités. Ils permettent notamment aux gestionnaires de flottes de déterminer à tout instant la position exacte d’un équipement.

Il faut dire que le site est vaste. Situé au carrefour des autoroutes 15, 20 et 720, il s’étend sur 7 kilomètres d’est en ouest et sur 3 kilomètres du nord au sud. Soit une superficie totale de 21 kilomètres carrés où vont et viennent, selon les besoins du chantier, plus de 600 pièces d’équipement appartenant au partenariat. « La télématique sert à gérer notre flotte au complet, c’est-à-dire tous les équipements roulants, pas seulement la machinerie lourde, indique d’entrée de jeu Martin Boudreau, directeur de l’équipement pour Kiewit, un des membres de KPH avec Parsons et CRH Canada.

« Le système est plutôt simple : chaque unité est pourvue d’un identifiant à six chiffres et d’une boîte de transmission de données, explique-t-il. Cette boîte peut être intégrée à l’usine par le manufacturier ou installée plus tard. Elle permet la transmission cellulaire de données émises par l’équipement, vers un système externe de gestion accessible via nuage informatique. Pour le projet Turcot, la solution a été implantée dès le début des travaux, en 2015, mais elle avait été décidée dès la période de planification. »

Sur un chantier aussi vaste que celui de l’échangeur Turcot, la télématique se veut un outil supplémentaire pour optimiser les activités au chantier. Entre autres en facilitant la localisation et la disponibilité de toute pièce d’équipement. CR: KPH Turcot

Un monde de possibilités

Les systèmes télématiques actuels offrent en effet de nombreuses possibilités. Ils permettent notamment aux gestionnaires de flottes de déterminer à tout instant la position exacte d’un équipement et de savoir s’il est utilisé ou non. Un plus sur un chantier aussi vaste que celui de Turcot, surtout lorsqu’on cherche une pièce comme le godet d’une excavatrice ou un jeu de fourches pour un chariot-élévateur.

« En plus d’optimiser les activités au chantier, on peut privilégier l’utilisation de nos machines, plutôt que de recourir à la location en cas de bris majeur », fait valoir Martin Boudreau.

Toujours dans une optique d’optimisation, ces systèmes peuvent en outre enregistrer les heures d’utilisation qui serviront à planifier l’entretien de l’équipement ainsi que les éventuels codes d’erreur concernant l’état de ses différents systèmes. Une alerte est émise pour signaler une température anormalement élevée dans le différentiel arrière d’un équipement ? Une équipe technique est aussitôt dépêchée pour l’inspecter.

La réparation nécessitera un certain temps? Le système télématique localisera un autre engin, disponible et fonctionnel, pour compléter le travail. « En plus d’optimiser les activités au chantier, on peut privilégier l’utilisation de nos machines, plutôt que de recourir à la location en cas de bris majeur, parce qu’on ignore si un autre engin est disponible à ce moment-là », fait valoir Martin Boudreau. Il pointe par ailleurs l’opportunité de mieux former les opérateurs selon les directives d’utilisation du fabricant. Par exemple, si un opérateur force l’arrêt d’une machine sans que celle-ci puisse exécuter son cycle d’arrêt ou si un changement de vitesse est enregistré par la transmission d’un tombereau, alors que le moteur révolutionne à plus de 1500 tours par minute, une alerte est transmise au groupe Équipement.

Avec le guidage dynamique par géolocalisation offert par la télématique, qui permet de creuser, niveler et pelleter en fonction de paramètres prédéfinis, la présence d’un arpenteur devient superflue. Et la sécurité s’en trouve rehaussé

« Le système nous renseigne sur des paramètres précis d’utilisation, note Martin Boudreau. Lorsqu’un code d’erreur revient trop souvent, on répond par la formation, plutôt que par des mesures disciplinaires. Le but, ce n’est pas de jouer à la police sur le chantier, mais de prolonger la durée de vie utile des véhicules en misant sur des conditions optimales d’utilisation. »

Une productivité accrue

Il reste que, pour le gestionnaire, la planification des entretiens est sans contredit le principal atout de la télématique. Non seulement le système utilisé à Turcot peut enregistrer les heures d’utilisation de tous les véhicules qui y sont connectés, mais il offre en outre un espace entretien où sont regroupées les données historiques de chaque équipement roulant, sur une période donnée.

« Cet historique permet de passer en revue les différents codes d’erreur émis par l’équipement et d’effectuer les réparations nécessaires, le cas échéant, mentionne le gestionnaire. Une fois que l’équipement quitte le garage, il est en parfaite condition mécanique. Et comme le système nous renseigne en temps réel, on peut anticiper certaines réparations et disposer des pièces nécessaires le moment venu. »

Le système inclut par ailleurs un système de guidage dynamique par géolocalisation (GPS), afin d’assister l’opérateur lors d’un creusage et, ainsi, éliminer le recours aux services d’un arpenteur. Un avantage appréciable en termes de productivité, mais aussi de santé et de sécurité du travail (SST), puisque cette option limite les déplacements humains autour de l’engin. Dans le même esprit, les travailleurs portent, sur leur casque ou leur veste, un émetteur pour signaler leur présence aux opérateurs de machinerie.

« Au début, le marché n’était pas tout à fait prêt, mais aujourd’hui, les systèmes ont beaucoup évolué et ils sont très fiables, souligne Martin Boudreau. Et on peut choisir différentes options, selon les besoins. Pour la saison 2016, on a ajouté l’antivol, avec verrouillage à distance. C’est essentiel avec des équipements qui valent plusieurs centaines de milliers de dollars. Mais le but ultime, c’est de garantir la productivité au chantier et d’optimiser l’utilisation de la flotte de véhicules. » •