MAGAZINE CONSTAS

À la découverte d’une industrie méconnue

Les carrières et sablières ouvrent leurs portes au public

Les carrières et les sablières forment une industrie méconnue du grand public et parfois de leur environnement géographique et social, alors que certaines d’entre elles fournissent les bâtisseurs depuis des décennies, gérées de longue date par des familles sur plusieurs générations comme Baillargeon ou Maskimo.

Chaque année en septembre, plusieurs carrières et sablières ouvrent leurs sites lors de journées portes ouvertes en proposant des tournées et des visites familiales de leurs équipements techniques, et montrent même le fonctionnement des concasseurs et des foreuses, transformant temporairement leurs installations en centres d’interprétation, à la fois éducatifs et festifs. Une initiative soutenue et promue par l’ACRGTQ et son Regroupement professionnel des producteurs de granulats (RPPG).

Par Michel Joanny-Furtin

«Cette initiative s’est instaurée depuis quelques années dans l’industrie des carrières et sablières », explique l’ingénieur Pierre Tremblay, directeur secteur science, technologie et innovation à l’ACRGTQ. « Les Carrières Saint-Dominique, par exemple, organisent des journées portes ouvertes depuis dix ans et chaque année, deux ou trois autres entreprises s’ajoutent à l’opération. Leur participation est parfois annuelle, parfois biennale. »



Les carrières et les sablières forment une industrie méconnue du grand public et parfois de leur environnement géographique et social, alors que certaines d’entre elles fournissent les bâtisseurs depuis des décennies, gérées de longue date par des familles sur plusieurs générations comme Baillargeon ou Maskimo. « L’industrie de la construction, et notamment celle des carrières et sablières, est régie par une lourde réglementation parce que ses activités ont des impacts sur les villes et les communautés voisines de ses emplacements et leur expansion. Ces journées d’ouverture au public leur sont donc importantes », commente-il.

« Dans l’esprit des gens, une carrière, c’est poussiéreux, bruyant et dangereux, un peu rébarbatif, voire inquiétant, sans parler des troubles de voisinage. On voit trop souvent la nuisance des carrières et sablières, on ne voit pas assez leur grande utilité. Notre volonté est donc de démystifier l’industrie des carrières et sablières, et de faire un rapprochement éducatif sur la nécessité des carrières dans le développement et l’économie du Québec. »

Le concasseur St-Philippe. « Les commentaires du public sur nos activités lors des journées portes ouvertes sont enthousiastes et permettent une meilleure acceptation sociale de cette industrie importante pour l’économie du Québec », affirme Pierre Tremblay de L’ACRGTQ. CR : Eurovia DJL

Dix tonnes par Québécois

Pour information, le Québec extrait 80 millions de tonnes de roches et de sable par an, un chiffre qui, en regard de sa population (8 millions), correspond à une consommation par personne de 10 tonnes : bâtiments, routes, terrassements, bien sûr, et d’autres produits méconnus et très éloignés de l’industrie de la construction comme… la pâte dentifrice !

En tant que leader des professionnels de l’industrie de la construction, l’ACRGTQ, via son Regroupement, veille à publiciser ces évènements auxquels les entrepreneurs du secteur participent sur une base volontaire. Cette année, 9 carrières et sablières participent et organisent des portes ouvertes sur leurs sites. Pour Pierre Tremblay, « l’objectif pour l’ACRGTQ est de parvenir peu à peu à regrouper ces évènements sur la 3e ou 4e fin de semaine de septembre pour rendre cette opération plus dynamique et efficiente en termes de promotion auprès des publics dans les régions et de couverture médiatique au niveau national. »

« Nous organisons des visites sur nos différents sites d’extraction depuis quelques années. Mais c’est la deuxième fois depuis 2017 que Lafarge/Holcim organise une journée portes ouvertes sur le site de Sainte-Adèle », explique Marie-Michèle Poirier, Coordonnatrice environnement et propriétés chez Lafarge Canada. « Pour notre entreprise, cette activité renforce nos liens avec la communauté. Il s’agit ainsi de répondre aux questions des voisins, d’expliquer aux familles le pourquoi et le comment des activités de la carrière : forage, dynamitage, concassage, tamisage, etc.; mais aussi d’expliquer l’importance de l’industrie des granulats dans notre société. »

Des démonstrations d’équipements lourds ont ponctué les animations offertes au public. CR : Eurovia DJL

Une diminution notable des plaintes

Si Lafarge ouvre ses portes le 28 septembre, Eurovia, Sintra et Beauval auront fait de même à pareille date pour certaines de leurs carrières : Bromont le 14, Saint-Bruno le 21, et Laval le 28 septembre.

Les différents sites auront proposé kiosques, buffet, buvette et hot-dogs… sans oublier la photographie familiale devant des camions et leurs pneus aussi grands que des immeubles ! Les centaines de visiteurs auront ainsi vu au plus près comment vit et travaille une carrière, ce qu’elle extrait selon sa région, comment elle conditionne les granulats et où partent les agrégats produits. Conjointement aux démonstrations d’équipements lourds (loader, pelle mécanique, camions, etc.), Lafarge/Holcim lance une campagne de sensibilisation aux zones d’angles morts des chauffeurs en présentant une bétonnière équipée de protections de sécurité pour les cyclistes.



« Les commentaires du public sur ces activités sont enthousiastes et permettent une meilleure acceptation sociale de cette activité d’importance pour l’économie du Québec », reprend Pierre Tremblay. « Depuis que ces journées portes ouvertes ont été mises en place, on observe une diminution notable des plaintes envers nos activités, parce que la population comprend mieux l’importance de notre industrie. » Selon lui, cette approche publique et sociale a également engagé les entreprises à s’impliquer dans la vie des communautés qui les accueillent et à faire de ces entreprises des citoyens corporatifs. •