MAGAZINE CONSTAS

Maintenir et moderniser les infrastructures dans les régions

Rencontre avec Jacques Demers, président de la Fédération québécoise des municipalités

Dossier Constas
Régions, municipalités et infrastructures

« Le contexte actuel est très favorable au développement des énergies renouvelables et particulièrement de l’énergie éolienne », se réjouit le maire Demers.

Engagé en politique depuis l’an 2000, élu maire de Sainte-Catherine-de-Hatley en 2005, Jacques Demers devient préfet de la MRC de Memphrémagog en 2012 et président de la Fédération québécoise des municipalités (FQM) en 2018, trois fonctions qu’il occupe depuis lors. Il a bien voulu nous entretenir des difficultés et des défis auxquels font face les municipalités en matière d’infrastructures.

Par Jean Brindamour

Jacques Demers. CR : FQM

«Les municipalités, explique Jacques Demers, n’ont pas la capacité de financer seules la construction et l’entretien des infrastructures sous leur responsabilité. C’est encore plus vrai pour les municipalités de petite taille. C’est pourquoi elles doivent systématiquement demander l’aide des autres paliers de gouvernement. Ces municipalités doivent composer avec un personnel extrêmement réduit, ce qui rend difficile l’accès à des ressources financières et humaines pour la mise en place de plans de gestion des actifs. Non seulement les petites et moyennes municipalités du Québec n’ont pas une pleine capacité de planification, mais les programmes gouvernementaux ne sont pas conçus en fonction d’une gestion efficace des actifs. Nous souhaitons, par conséquent, davantage de financement des infrastructures mais aussi des modalités de financement qui en facilitent l’accès pour les municipalités de plus petite taille. »

Debout à gauche, le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques Benoît Charette; assis à droite, Jacques Demers, lors de l’Assemblée des MRC tenue les 1er et 2 décembre 2021. CR : FQM

Des municipalités proactives

La FQM joue un rôle de premier plan dans cette réflexion sur le financement des infrastructures et sur leurs modalités. « Nous participons non seulement à de nombreux comités, souligne M. Demers, mais la FQM multiplie les démarches politiques pour un financement efficace et bonifié des infrastructures et des routes. En outre, la FQM a développé une solide expertise en matière de gestion des actifs en infrastructures. Elle fournit des services à ses membres qui en font la demande pour les aider dans la planification de leur gestion des actifs. »

Le lac Magog vu de Sainte-Catherine-de-Hatley. CR : Jean-Philippe Boulet, CC BY 3.0 via Wikimedia Commons

Les besoins actuels en infrastructures dans les régions sont importants. « D’abord, la FQM considère essentiel que le cellulaire soit déployé partout sur le territoire, indique Jacques Demers; c’est une condition de base à l’attractivité des communautés. Sur le cellulaire, la FQM demande essentiellement deux choses. D’abord, une aide financière pour aider les MRC du Québec à faire la cartographie de la couverture cellulaire sur leur territoire. Afin de bien planifier le déploiement, il faut s’assurer de connaître l’état de la couverture sur le territoire.

« La Fédération québécoise des municipalités (FQM) veut s’assurer que tout nouveau projet de production d’énergie éolienne et tout renouvellement de contrat comprennent une participation des communautés à la hauteur de 50% du projet. » — Jacques Demers



Deuxièmement, la FQM propose que soit mis sur pied un programme conjoint entre les gouvernements du Québec et du Canada afin de déployer rapidement la technologie cellulaire de pointe dans toutes les régions du Québec. Le déficit de maintien des actifs est aussi significatif pour plusieurs types d’infrastructures et leur financement est insuffisant pour les maintenir dans un état acceptable. Selon le portrait dressé pour les 10 prochaines années pour les 607 municipalités participant à la Stratégie québécoise d’économie d’eau potable 2019-2025, les besoins d’investissement en maintien d’actif régulier se chiffrent à près de 1,1 G$ par an tandis que les besoins en rattrapage du déficit de maintien d’actif sont de l’ordre de 600M$ par an, soit un total de 1,7 G$ par an de coût d’intervention estimé. Le financement des programmes est d’ailleurs souvent moindre pour la mise à niveau des équipements. Ce problème est connu des gouvernements et les programmes actuels en tiennent compte. Nous souhaitons cependant que les municipalités aient de la flexibilité dans l’utilisation des sommes et que le financement soit prévisible. Nous voulons en outre que les municipalités soient davantage accompagnées pour réaliser leur planification et gérer leurs actifs. »

« Nous participons non seulement à de nombreux comités, mais la Fédération québécoise des municipalités (FQM) multiplie les démarches politiques pour un financement efficace et bonifié des infrastructures et des routes. » — Jacques Demers



Le développement énergétique

« Le contexte actuel est très favorable au développement des énergies renouvelables et particulièrement de l’énergie éolienne, se réjouit le maire Demers. À preuve, le projet Apuiat assurera à Hydro-Québec un approvisionnement moins coûteux que celui de La Romaine. Les deux appels d’offres prévus à court terme (300MW et 480 MW) ne sont que le début d’une série de nouveaux appels d’offres qui seront lancés au cours des prochaines années. La FQM veut s’assurer que tout nouveau projet de production d’énergie éolienne et tout renouvellement de contrat comprennent une participation des communautés à la hauteur de 50% du projet. Cette formule de partenariat privilégiée par la FQM a fait ses preuves et s’appuie sur les capacités, les connaissances et les compétences des deux parties. Le partenaire privé est responsable du développement du projet, de l’administration et des opérations. Le partenaire public, pour sa part, contribue à la promotion du projet et à la prise en compte des intérêts des communautés tout au long du processus. La force de ce modèle est que les producteurs et les communautés sont alignés sur les mêmes objectifs, soit la rentabilité du projet et la prise en compte des intérêts des communautés. L’avenir est aux sources d’énergie propres et alternatives et il est essentiel que les communautés des régions puissent tirer bénéfice de l’implantation et des revenus d’opération des parcs éoliens sur leur territoire et du virage vert qui ne fait que débuter. » ■