MAGAZINE CONSTAS

Contribuer à la force des municipalités et des régions

Entretien avec Andrée Laforest, ministre des Affaires municipales et de l’Habitation

Notre PQI prévoit des investissements de plus de 7,6 G$ pour les infrastructures municipales, explique la ministre; essentiellement pour soutenir les municipalités de toutes les régions du Québec dans le maintien, le renouvellement et la construction d’infrastructures.

Enseignante de formation, entrepreneure, Mme Andrée Laforest a été élue députée de Chicoutimi sous la bannière de la Coalition avenir Québec aux élections provinciales du 1er octobre 2018. C’est le 18 octobre suivant qu’elle fut nommée ministre des Affaires municipales et de l’Habitation ainsi que ministre responsable de sa région, le Saguenay–Lac-Saint-Jean, fonctions qu’elle occupe depuis.

Par Jean Brindamour

Andrée Laforest, en plus d’être ministre des Affaires municipales et de l’Habitation est aussi ministre responsable de la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean

Q / Madame la ministre, votre ministère joue un rôle multiforme – juridique, financier, politique – de coordonnateur et de soutien au millier d’administrations municipales de la province. Est-ce que le mécanisme de la Table Québec-Municipalités (TQM) est encore maintenant un lieu utile de discussions entre le gouvernement du Québec et les municipalités ?

R / Je commencerais en vous disant que les municipalités et les MRC sont des partenaires essentielles pour notre gouvernement. Depuis plus de trois ans maintenant, nous avons avec elles une relation privilégiée. Je suis d’ailleurs en lien constant avec les unions municipales et nous sommes toujours accessibles quand des municipalités ont des demandes ou des questionnements. Il faut aussi garder en tête que nous avons, dans nos régions, des directions régionales qui permettent de bien coordonner les actions sur le terrain.

Quant à la Table Québec-Municipalités (TQM), elle demeure un lieu privilégié pour discuter des grandes priorités; j’ai d’ailleurs l’intention de tenir une autre rencontre prochainement. La TQM, c’est d’abord et avant tout une occasion pour les municipalités de nous faire part de leurs objectifs, de leurs priorités, de leurs attentes. Nous sommes vraiment là en mode écoute ! Lors de la plus récente TQM, par exemple, nous avons parlé de la santé mentale, de l’aménagement du territoire et des milieux de vie, de l’accessibilité à des logements ainsi que de la qualité de la construction et de la sécurité des bâtiments.

Q / Le Québec est en situation de rattrapage pour l’ensemble de ses infrastructures. Avec la pandémie, s’est ajoutée l’urgence de mettre en œuvre cette capacité de stimulation économique que tous reconnaissent à l’industrie de la construction. Cela exige d’évaluer correctement les besoins en infrastructures des municipalités, très divers selon les régions. Qui est le mieux placé pour évaluer ces besoins ?



R / Dans le contexte actuel, investir dans nos infrastructures est assurément un bon moyen de soutenir nos collectivités. Il y a d’ailleurs plusieurs programmes d’aide financière en matière d’infrastructures. Les municipalités sont sur le terrain 24/7. Elles sont à même de constater et de déterminer les besoins particuliers de leur communauté. En tant que gouvernement, notre rôle est de les accompagner et de nous assurer d’une planification exemplaire de nos infrastructures. Nous voulons miser sur une gestion à long terme et sur une durabilité des investissements que nous faisons. C’est pourquoi nous travaillons actuellement, avec les municipalités, à mettre en place un plan de gestion des actifs.



L’objectif est de favoriser la pérennité des services aux Québécoises et aux Québécois en prévoyant une meilleure planification. La gestion d’actifs est un atout majeur pour une municipalité, puisqu’elle permet une meilleure prévisibilité des investissements et du financement requis pour maintenir des infrastructures de qualité. Une prise de décision éclairée, propre à guider les municipalités dans leurs engagements financiers et à contribuer à la qualité de vie de leur population, en est facilitée.

Q / De l’extérieur le nombre de programmes en place au MAMH pour le financement des infrastructures municipales est impressionnant. Leur seule énumération donne un peu le vertige. N’y a-t-il pas danger de confusion et de gaspillage à multiplier les programmes ?

R / Ce qu’il faut comprendre, c’est que chaque programme que nous mettons en place a une durée de vie, si vous me permettez l’expression. Pour s’y retrouver, des chargés de projets sont là afin d’orienter les municipalités dans leurs demandes et s’assurer qu’elles rencontrent les objectifs des programmes. Les directions régionales sont aussi d’un grand soutien. Pour un œil extérieur, le nombre de programmes paraît élevé, mais sur le terrain, ces investissements sont très appréciés par des municipalités qui doivent fournir une vaste gamme de services essentiels à leur population.



Chaque renouvellement ou développement d’un programme se fait en collaboration avec le milieu municipal parce que, après tout, c’est pour lui, pour leurs citoyennes et leurs citoyens, que ces programmes existent. En outre, tous les programmes sont encadrés par des règles et des normes approuvées par le Conseil du trésor qui prévoient qu’ils soient périodiquement évalués. Cela permet de les ajuster ou de les remplacer par des programmes mieux adaptés aux besoins et aux défis de municipalités toujours en évolution.

« L’idée de la SEEP, c’est notamment de réduire les fuites dans les réseaux municipaux. C’est aussi un outil qui offre une solide base pour élaborer un plan de gestion des actifs durable. L’eau est également au cœur des grands enjeux traités dans le cadre de la future Politique nationale d’architecture et d’aménagement du territoire. » — Andrée Laforest

Q / Concrètement, qu’est-ce qui a été fait pour une meilleure gestion de l’eau de la part des municipalités ?

R / L’eau est une ressource précieuse, une richesse inestimable. Au Québec, du fait que l’eau est une ressource abondante, on a souvent l’impression qu’elle n’a aucune valeur, mais c’est tout le contraire ! Le traitement de l’eau potable et l’entretien des infrastructures d’eau sont très dispendieux. C’est pourquoi, lorsque j’ai été nommée ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, la Stratégie québécoise d’économie d’eau potable (SEEP) a été l’une des premières annonces que j’ai faites. L’idée de la SEEP, c’est notamment de réduire les fuites dans les réseaux municipaux. C’est aussi un outil qui offre une solide base pour élaborer un plan de gestion des actifs durable. L’eau est également au cœur des grands enjeux traités dans le cadre de la future Politique nationale d’architecture et d’aménagement du territoire. Nous voulons nous assurer en particulier que notre Québec, notre territoire, soit aménagé en tenant compte de la disponibilité de cette ressource.

Q / Que prévoit-on au secteur Municipalités du Plan québécois des infrastructures 2021-2031 ?

R / Notre PQI prévoit des investissements de plus de 7,6 G$ pour les infrastructures municipales; essentiellement pour soutenir les municipalités de toutes les régions du Québec dans le maintien, le renouvellement et la construction d’infrastructures.

Dans les faits, 75 % de l’enveloppe est destinée aux infrastructures d’aqueduc et d’égout, ce qui inclut la mise aux normes, la construction, la réfection, l’agrandissement, la réhabilitation ou le remplacement de conduites, etc. L’autre portion, 25 %, consiste en des investissements dans des infrastructures structurantes en quelque sorte : casernes, salles communautaires, aménagement de nos espaces urbains, etc.

Dans un cas comme dans l’autre, les municipalités sont à l’origine de ces projets qui bénéficient directement à toutes les collectivités du Québec. Notre gouvernement est là pour les soutenir financièrement et leur donner vie.

« [Le] pacte fiscal représente  7,1 G$ de plus pour les municipalités. C’est aussi le transfert d’un montant équivalent à la croissance annuelle d’un point de la TVQ aux municipalités, ce qui leur permet d’avoir un autre revenu que celui de l’impôt foncier. .» — Andrée Laforest

Q / On compte plus de mille petites municipalités au Québec. Les petites municipalités (et par ricochet le MAMH) en font-elles assez pour soutenir et stimuler le dynamisme économique des régions ?

R / Nous sommes un gouvernement des régions. Qu’est-ce qu’on retrouve dans toutes les régions? Des municipalités qui ont, bien souvent, un petit poids démographique et des MRC qui favorisent la concertation régionale. Avec le nouveau pacte fiscal (Partenariat 2020-2024 : Pour des municipalités et des régions encore plus fortes), nous avons démontré que nous sommes à l’écoute des différentes réalités régionales et, surtout, que nous sommes un gouvernement qui procure les leviers nécessaires pour dynamiser la vitalité de tout notre territoire. Ce pacte fiscal représente  7,1 G$ de plus pour les municipalités. C’est aussi le transfert d’un montant équivalent à la croissance annuelle d’un point de la TVQ aux municipalités, ce qui leur permet d’avoir un autre revenu que celui de l’impôt foncier. On parle d’environ 660 M$ sur cinq ans. Il y a aussi 1,3 G$ qui servira à stimuler l’économie des régions et à les rendre encore plus attrayantes grâce à la création du Fonds régions et ruralité. Nous avons ainsi bonifié l’enveloppe destinée au développement régional de plusieurs dizaines de millions de dollars. Nous sommes déjà à même de constater les retombées positives de ce fonds.

Nous avons des leviers financiers importants pour les municipalités, mais aussi des ressources humaines incroyables pour les épauler. Je pense au personnel des directions régionales de mon ministère, présent dans tout le Québec. Ils font un travail extraordinaire. ■