MAGAZINE CONSTAS

Le ministère des Transports en plein XXIe siècle

Entretien avec André Fortin, Ministre des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports

Nous avons toujours comme objectif de livrer l’échangeur à la fin de 2020 avec le budget initialement prévu de 3,67 G$.

André Fortin, ministre des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports

André Fortin, né le 12 décembre 1981, a 36 ans. Malgré son jeune âge, son expérience politique est déjà considérable. Dès 2004, attaché de presse au cabinet du ministre des Transports du Canada Jean Lapierre, il devint, en 2005, agent de médias au cabinet du premier ministre du Canada Paul Martin, puis, en 2006, l’un des attachés de presse du même Paul Martin, alors chef de l’opposition officielle. Après un passage dans le secteur privé, André Fortin s’est lancé en politique provinciale. Élu député de Pontiac lors des élections générales québécoises de 2014, il a été nommé, le 11 octobre 2017, à la tête d’un des ministères les plus importants pour l’économie et la prospérité de la Province : le ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports. Nous l’avons rencontré pour évoquer les projets en cours et à venir, ainsi que la sécurité des travailleurs et des routes du Québec.

Par Jean Brindamour

Q. Vous avez travaillé comme attaché de presse pour Jean Lapierre, alors ministre des Transports à Ottawa. J’imagine que c’est un cours de politique 101 accéléré d’avoir pu côtoyer un homme comme M. Lapierre.

R. Jean Lapierre, c’est un homme honnête, intègre, travaillant, et qui savait parler à tout le monde. J’ai énormément appris à ses côtés sur le service public et l’éthique de travail à laquelle nos citoyens sont en droit de s’attendre de leurs élus.

« Notre objectif, c’est de définir un projet moderne, électrique et innovant pour améliorer la mobilité inter-régionale au Québec. Au lendemain de la prochaine campagne, nous allons lancer un appel de propositions aux entreprises d’ici pour qu’elles nous conçoivent un projet qui mettra en valeur le génie québécois. »

Q. Le ministère des Transports est l’un des plus difficiles. On s’est étonné de le voir confier à quelqu’un de si jeune. Vous sentiez-vous prêt pour une telle tâche ?

R. Quand on se lance en politique, c’est parce qu’on veut être en position pour faire avancer les dossiers auxquels les citoyens tiennent. Le ministère des Transports, c’est un des ministères où on peut avoir le plus grand impact sur le quotidien de nos concitoyens. Toutes les actions que nous poserons seront donc en ce sens, afin de redonner du temps aux Québécois.

Le ministre Fortin interviewé sur le site de l’échangeur Turcot. On le voit accompagné notamment du ministre Pierre Arcand, président du Conseil du trésor. CR: MTQ.

Q. Vous avez souligné les embûches imposées aux automobilistes du fait des travaux pour le nouvel échangeur Turcot. Pouvez-vous nous assurer qu’ils seront complétés dans les temps et les coûts prévus ?

R. Nous avons toujours comme objectif de livrer l’échangeur à la fin de 2020 avec le budget initialement prévu de 3,67 G$. En date du 30 septembre 2017, 56 % du projet était complété, ce qui était prévu à cette date.

 

Entraves dans l’échangeur Turcot à compter du 11 décembre 2017

Q. À la suite d’une discussion avec la nouvelle mairesse de Mont­réal, vous êtes revenu avec l’idée, qui fut déjà mise de l’avant puis abandonnée, d’un lien pour cyclistes et piétons par-dessus l’échangeur Turcot. Avez-vous pris une décision à ce sujet ?

R. Ensemble, nous avons convenu de poursuivre notre collaboration afin de définir un projet de transport actif dans ce secteur. Nous souhaitons également que les citoyens soient consultés sur la définition de ce projet majeur.

Q. On prévoit quatre ans de travaux au tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, ce qui signifie de nouveaux maux de tête pour les pauvres automobilistes de la région de Montréal. Où en est le MTQ avec ce projet ?

R. La phase 1 consiste à optimiser le corridor de l’autoroute 25 et à améliorer les accès au port de Montréal. Ces travaux, réalisés en collaboration avec la Ville de Montréal, ont commencé en mai 2016 et s’échelonneront jusqu’en 2018. Ils permettront de faciliter la circulation pendant la phase 2.

La phase 2 consiste à effectuer la réfection majeure du tunnel et la reconstruction de la dalle de la chaussée de l’autoroute 25 aux extrémités du tunnel entre l’île Charron et la rue Sherbrooke, la modernisation des équipements d’exploitations et l’ajout d’une protection contre les incendies. Les études requises pour cette phase sont en cours.

Projet du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine : «Les travaux sont planifiés sur quatre années et commenceront après la mise en service du nouveau pont Champlain, afin de limiter les entraves à la circulation. »

Un plan de maintien de la circulation et des mesures d’atténuation, incluant des mesures favorisant le transport collectif, sont actuellement en préparation avec l’Autorité régionale de transport métropolitaine pour limiter l’impact du chantier sur la mobilité des personnes et des biens.

Les travaux sont planifiés sur quatre années et commenceront après la mise en service du nouveau pont Champlain, afin de limiter les entraves à la circulation.

Q. Vous considérez le prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal comme une priorité absolue. Les études, les consultations, les hésitations n’ont pas manqué depuis qu’il en est question. Quand pensez-vous pouvoir mettre en branle ce grand projet ?

R. Notre objectif est d’aller de l’avant le plus rapidement possible. Le projet de prolongement de la ligne bleue du métro améliorera la mobilité à Montréal, particulièrement dans l’est de l’île, et favorisera le développement économique de ce secteur.
Dans notre dernier budget, le gouvernement a annoncé son intention de réaliser ce projet et que nous allions solliciter l’appui financier du gouvernement fédéral.

Le dossier d’opportunité relatif à ce projet est en cours de finalisation et devra faire l’objet d’une décision du Conseil des ministres très prochainement.

Q. Et la ligne rose, qui a fait parler d’elle lors des dernières élections municipales à Montréal ?

R. Les différents engagements municipaux en lien avec les projets de transport en commun illustrent que les citoyens souhaitent ardemment une amélioration de la desserte. C’est d’ailleurs pour cette raison que notre gouvernement appuie les projets du Réseau électrique métropolitain et le prolongement de la ligne bleue. En ce qui concerne la ligne rose plus spécifiquement, nous laisserons les autorités montréalaises entreprendre leurs discussions avec l’Autorité régionale de transport métropolitain qui doit, incessamment, lancer ses consultations pour définir son plan stratégique des dix prochaines années.

Pour une nouvelle liaison rapide entre Montréal et Québec, le ministre André Fortin a évoqué la possibilité de l’Hyperloop, un nouveau système de sustentation magnétique qui permet de transporter des capsules jusqu’à une vitesse de 1200 km/h. CR Photo : KSPanier via Wikimedia Commons

Q. Pour une nouvelle liaison rapide entre Montréal et Québec, le premier ministre a proposé le monorail. De votre côté, vous avez évoqué la possibilité de l’Hyperloop, ce nouveau système de sustentation magnétique qui permet de transporter des capsules jusqu’à une vitesse de 1200 km/h. Quelles étapes envisagez-vous pour ce projet de liaison rapide ? Quels coûts ? Quels délais ?

R. Notre objectif, c’est de définir un projet moderne, électrique et innovant pour améliorer la mobilité inter-régionale au Québec. Au lendemain de la prochaine campagne, nous allons lancer un appel de propositions aux entreprises d’ici pour qu’elles nous conçoivent un projet qui mettra en valeur le génie québécois. À ce stade-ci, il est prématuré de se perdre dans les conjectures des coûts et de l’échéancier. Nous n’en sommes qu’à un stade embryonnaire du projet.

Q. Vous avez promis de moderniser rapidement le Code de la sécurité routière, en particulier pour que le Québec cesse d’être la province la moins sévère en matière de cellulaire au volant. Y a-t-il d’autres aspects que vous souhaitez revoir, je pense en particulier à la protection des travailleurs dans les zones de chantiers routiers ?

R. Le projet de loi que j’ai déposé s’inscrit dans une logique d’amélioration de la sécurité des usagers de la route. Au Québec, il y a en moyenne un décès par jour. C’est beaucoup mieux qu’il y a 40 ans où nous avions plus de 2 000 décès par année sur nos routes, mais nous pouvons et devons en faire davantage. Piétons, cyclistes, motocyclistes et signaleurs routiers doivent avoir un environnement où leur sécurité est assurée. Il y a donc des mesures pour favoriser le partage de la route et pour mieux encadrer les sources de distraction au volant. Nous voulons également renforcer la conduite automobile pour les jeunes conducteurs. Ce projet de loi va aussi tenir compte des nouvelles réalités du 21e siècle, notamment de l’arrivée des véhicules autonomes très prochainement sur nos routes.

Q. J’aimerais conclure sur la santé et la sécurité au travail (SST) au MTQ. Il est arrivé dans le passé que la Commission de la santé et sécurité au travail blâme le MTQ pour des accidents de travail. Y a-t-il eu progrès récemment au MTQ en matière de SST ? Et par quels mécanismes le MTQ s’assure-t-il de la qualité et du respect de ses mesures en SST ?

R. Voici les mesures que nous avons prises pour assurer un environnement de travail sécuritaire : la Politique ministérielle en matière de santé et de sécurité du travail a été adoptée; plusieurs programmes, guides et méthodes sécuritaires de travail (espaces clos, équipements de protection individuelle, etc.) ont été développés, lesquels doivent être appliqués par les employés du Ministère et peuvent être applicables sur les grands chantiers; plusieurs formations en SST sont déployées auprès des employés concernés (déneigement, chariot-élévateur, manœuvres de recul, etc.).

La validation des attestations de formations fait partie intégrante des actions inscrites au Plan d’action 2017-2020. Cette validation exige de « s’assurer que les travailleurs ont obtenu une attestation de réussite pour les formations obligatoires. Une copie des attestations de réussite doit être remise lors de la première réunion de chantier, et au début du quart de travail pour tout nouveau travailleur ayant obtenu préalablement des attestions de réussite. » •