MAGAZINE CONSTAS

Le REM et la santé-sécurité

À grand chantier, grandes innovations

Notre photo d’en-tête. / REM. Nouveau pont métallique de l’antenne Rive-Sud. L’ouvrage, qui mesure 380 mètres, est courbé et passe par-dessus les voies ferrées en activité du CN ! Plusieurs des équipes de NouvLR ont dû travailler en coordination pour relever les défis techniques et de sécurité que comportaient le levage et l’installation des 36 caissons qui composent ce pont. Les enjeux de santé-sécurité se présentaient ainsi :
1) Travaux en hauteur.
2) Présence des voies ferrées en activité sous le pont : autorisations à obtenir du CN et de Via Rail et coordination des travaux en fonction de l’horaire des trains.
3) Sol de faible capacité portante ayant nécessité la consolidation des bases de soutien des grues et l’encastrement de plus de 300 matelas de bois. Installation et transport en période de dégel.
4) Zone de travail exiguë pour accueillir l’équipement ainsi que des grues de 300, 650 et 1500 tonnes.
Note sur les équipements de sécurité. Les équipes santé-sécurité sont parties prenantes des discussions lors de la préparation du travail avant l’exécution sur chantier, ce qui fait partie d’une bonne gestion des risques. Les défis cités plus haut sont tous pris en considération lors de la préparation du travail, et les méthodes de levage sont analysées et déterminées avant l’exécution sur chantier. La coordination et la communication entre les différents intervenants sur le chantier sont primordiales. Les spécialistes de la mobilité, de la logistique, des travaux temporaires et du levage de NouvLR ont réussi à mettre en commun leur talent.

Dossier Constas / Le réseau express métropolitain

Les différentes phases des travaux ont nécessité des procédés spécifiques à chacune, ainsi que la création de postes d’agents. Au total, une centaine de collaborateurs santé-sécurité ont travaillé à temps plein à faire en sorte que le chantier reste sécuritaire en tout temps.

Dans le projet du Réseau express métropolitain (REM), dont les travaux s’échelonnent sur cinq ans, la santé et la sécurité au travail (SST) est une priorité. Pour l’assurer, les responsables du plus grand chantier de transport collectif au Québec depuis 50 ans ont dû faire preuve d’innovation.

Par Mario Cloutier

Le REM nécessite la participation de 3 000 travailleurs à la construction du réseau de transport léger sur rail reliant Montréal à ses banlieues sur 67 kilomètres. Le projet exigeait un engagement ferme et à long terme de toutes les organisations engagées dans une démarche de prévention transparente et positive.

REM. Septembre 2021.Chantier extérieur du secteur Technoparc, donnant accès au tunnelier. On peut y voir à gauche de l’écran les voussoirs qui seront installés sur la paroi du tunnel. CR : NouvLR

« La santé et la sécurité est un thème fédérateur quand on a cinq grands groupes autour de la table [NDLR : SNC-Lavalin, Dragados, Aecon, Pomerleau et EBC]. La Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) est également très sensible à ce sujet », explique Jean-Daniel Legallic, directeur santé-sécurité chez NouvLR, le consortium responsable de l’ingénierie et de la construction du REM.

Les grandes compagnies ont des protocoles SST différents, mais, selon Jean-Daniel Legallic, directeur santé-sécurité chez NouvLR, « c’est une richesse » puisque l’expertise québécoise a pu bénéficier de méthodes novatrices. 

M. Legallic, qui n’en est pas à son premier grand projet international, précise que deux autres personnes ont œuvré avant lui à la création de la structure SST du REM.

« Le grand défi était de réunir cinq entrepreneurs avec des cultures différentes dans le but de créer une vision commune des standards de sécurité. Pour moi, la sécurité est directement liée à la performance d’une entreprise et d’un projet. »

Bénéficier de divers protocoles SST

Les grandes compagnies ont des protocoles SST différents, mais, selon lui, « c’est une richesse » puisque l’expertise québécoise a pu bénéficier de méthodes novatrices.

Les différentes phases des travaux ont nécessité des procédés spécifiques à chacune, ainsi que la création de postes d’agents. Au total, une centaine de collaborateurs en santé et sécurité ont travaillé à temps plein à faire en sorte que le chantier reste sécuritaire en tout temps.

« Pour ma part, j’ai dû apprendre la législation québécoise en lien avec les syndicats et la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). Dans certains pays, la culture SST est plus forte. Ceci nous a permis d’innover en partageant les procédés internationaux avec nos partenaires locaux », précise Jean-Daniel Legallic.

« Pour ma part, j’ai dû apprendre la législation québécoise en lien avec les syndicats et la CNESST. Dans certains pays, la culture SST est plus forte. Ceci nous a permis d’innover en partageant les procédés internationaux avec nos partenaires locaux », précise
Jean-Daniel Legallic.

Le programme-cadre SST en est à sa troisième version et il devrait encore être révisé avant la fin des travaux.

« Les lois québécoises n’anticipaient pas ce genre de projet. On a donc créé une relation de transparence avec notre client, la CDPQ, et les syndicats. La sécurité n’est pas une discipline. On travaille en sécurité, on ne fait pas de la sécurité. C’est un changement de culture. »

Favoriser la participation syndicale

NouvLR a invité cinq représentants syndicaux en sécurité (RSS) à prendre part aux échanges. Le groupe a des réunions paritaires bimensuelles avec la CNESST.

« Sur des gros projets, on aurait tendance à penser qu’il faut tout structurer, mais il faut aussi se montrer agile, sinon, ça devient trop complexe. Ici, la maîtrise d’œuvre est considérée comme primordiale en SST, mais en collaboration avec la CNESST, on a essayé de sortir de ce cadre parce que les sections du réseau sont livrées à différents moments. »



Le programme-cadre créé par NouvLR a été présenté et accepté par tous. « On a partagé avec les syndicats notre objectif de faire en sorte que les travailleurs rentrent chez eux sains et saufs le soir. On s’entend là-dessus, donc on travaille ensemble. L’innovation sur ce projet, ce sont nos relations paritaires avec chacun. »

Agile et innovant : de quoi inspirer tous les chantiers

Le directeur SST donne l’exemple de la maîtrise des énergies dangereuses sur le chantier. Une seule procédure globale pour toutes les activités du projet devenait difficile à gérer. Les responsables ont plutôt émis une directive-cadre qui reprend les standards CSA. Les équipes l’ont ensuite adoptée et créé leur propre protocole, tout en respectant les règles du programme cadre.

« On est devenu agile avec une prise en charge par les joueurs eux-mêmes sur le terrain », note Jean-

Daniel Legallic.

Il souligne que le REM a mis de l’avant une « approche positive » en se concentrant sur la communication. Les équipes partagent leurs bons coups et leurs idées sur la marche à suivre selon les différentes phases des travaux.

« On a développé une méthode avec les gestionnaires de site sur la qualité et l’analyse de risques, nous permettant de gagner en productivité et en sécurité. »

NouvLR a également instauré un système de traçabilité de tous les commentaires faits en cours de travaux. Des indicateurs ont pu être développés pour aider les équipes à redresser certaines situations.

« Sans blâmer personne, précise-t-il. Une approche positive en santé et sécurité, ça change la vie. Et on a une politique de tolérance zéro quand il y a des risques majeurs », conclut Jean-Daniel Legallic. ■


NOUVLR
1. NouvLR, c’est 4 ans de projet, avec plus de 3000 travailleurs, près de 19 millions d’heures travaillées et près d’une trentaine de chantiers actifs.

2. Depuis le début du projet, on compte 65 incidents avec perte de temps.

3. Lorsqu’un incident survient, NouvLR analyse immédiatement la situation dans une perspective d’amélioration continue. De concert avec la CNESST et les représentants syndicaux, NouvLR effectue une enquête, une réévaluation des risques et apporte des correctifs immédiats. Tous sont parties prenantes du processus.


4. La santé et la sécurité des employés et des travailleurs sont la priorité chez NouvLR et le retour à la maison en santé de tous les employés est l’objectif prioritaire.