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Nouveau mode de transport collectif à Gatineau

Un grand projet à l’étude

L’étude de la firme WSP doit définir le type de transport qui sera mis en place (système léger sur rail, tramway ou SRB), et par le fait même tous les aspects géographiques, sociaux, environnementaux, patrimoniaux, techniques, etc., qui y sont associés.

La Société de transport de l’Outaouais (STO) procède depuis quelques mois à une étude complémentaire pour la construction d’un système de transport collectif dans l’ouest de Gatineau. Ce projet qui doit intégrer plusieurs réseaux est considéré comme structurant pour la région de Gatineau-Ottawa, car il engage le développement de l’agglomération et de nouveaux quartiers de plus en plus achalandés, ce pour plusieurs décennies. Et les usagers sont rigoureusement consultés à chaque étape.

par Michel Joanny-Furtin

Mandaté par la STO en 2016, le consortium Roche-GENIVAR avait étudié les besoins et leurs solutions potentielles à moyen et long terme. Une première consultation publique avait eu lieu lors de cette étude d’opportunité qui identifiait douze scénarios. Avec certaines variantes, trois d’entre eux apparaissaient alors comme ayant le meilleur potentiel en termes d’impacts et de développements à venir.

Depuis août 2018, la firme WSP approfondit l’étude d’opportunité faite en 2017 qui concluait que le tramway/train léger était une option qui se devait d’être étudiée plus en détail. Cette étude complémentaire permettra donc d’éclaircir et de statuer sur plusieurs aspects :

  • Le mode mis en place : système léger sur rail, tramway ou système rapide par bus (SRB);
  • Les corridors empruntés : la combinaison des axes Allumettières et Aylmer/Taché avec les différentes variantes possibles;
  • L’arrimage avec le Rapibus de l’est de Gatineau et le train léger d’Ottawa;
  • Les emplacements des stations projetées;
  • Le choix du pont interprovincial : Champlain, Prince-de-Galles, Portage ou Alexandra.

Cette étude de WSP précisera donc le tracé et le mode de transport privilégiés. Elle proposera certaines solutions à certains enjeux d’espace sur les trajets soumis, en tenant compte de certaines contraintes comme le parc de la Gatineau, les carrefours giratoires sur Allumettières, le rétrécissement de la voie sur Taché, le patrimoine sur Aylmer, etc. Cette étude complémentaire doit être complétée d’ici mars 2020.

Quatre étapes la ponctuent. Si les besoins et les contraintes ont été mises à jour cet hiver, l’étude des solutions se fait ce printemps. Une évaluation comparative de ces mêmes solutions devrait s’achever à l’automne. Enfin, d’ici l’hiver 2020, et selon la STO, « le raffinement de la solution recommandée par l’étude de WSP identifiera les phases de la mise en œuvre et leur échéancier. »

Exemple de scénario. Scénario hybride tramway et système rapide par bus. Ce choix commanderait de nouvelles infrastructures pour un tramway de 16 km et pour un système rapide par bus de 12 km. Le scénario tout autobus, quant à lui, commanderait un système rapide par bus de 23 km. CR: STO

Une consultation publique en cours

« Au cours des prochaines semaines, nous rendrons publique les différents scénarios possibles en ce qui concerne le mode et le parcours », affirme Karine Sauvé, Responsable des affaires publiques de la STO. « Depuis le 3 juin, les citoyens de Gatineau sont invités à se prononcer lors des consultations publiques », cela pour permettre à la population de s’exprimer sur cinq scénarios d’implantation de ce nouveau mode de transport collectif.



Le territoire à l’étude touche les quartiers ouest de Gatineau, mais aussi son centre-ville et celui d’Ottawa, les alentours des stations et l’aménagement des axes de liaison entre Gatineau et Ottawa. Ces secteurs connaissent une forte croissance démographique : 27 000 habitants pour le secteur d’Aylmer; 20 000 pour le district du Plateau. L’accroissement de la population, des emplois, des véhicules, etc., obligent à envisager des perspectives autant immédiates que pour les trois prochaines décennies. N’oublions pas qu’à ce jour, 45 000 Gatinois (40% des travailleurs) traversent quotidiennement la rivière des Outaouais vers Ottawa. L’intégration de leurs réseaux de transport collectif est donc primordiale pour les deux villes afin de réduire entre autres le nombre d’autobus, notamment ceux de la STO, au centre-ville d’Ottawa. Le défi est d’autant plus important et enthousiasmant, que ce projet d’un système de transport collectif structurant contribuera au développement économique et social de la région.



Quel mode de transport choisir ?

Rappelons que l’étude de WSP en cours doit définir le type de transport qui sera mis en place (système léger sur rail, tramway ou SRB), et par le fait même tous les aspects géographiques, sociaux, environnementaux, patrimoniaux, techniques, etc., qui y sont associés.
Le développement démographique futur entraînera un accroissement de la congestion automobile et du nombre d’autobus, même en mode SRB. Quant au train léger sur rail, il semble avoir la faveur des usagers, des résidents et des élus politiques. Selon Myriam Nadeau, présidente de la STO et conseillère municipale pour le district de Pointe-Gatineau, chaque train d’un « lien rapide sur rail remplace trois autobus, ce qui aurait une incidence sur les circuits d’autobus actuels ». Les chauffeurs sur les lignes régulières de bus pourraient être réaffectés à des parcours menant au lien sur rail.

Un projet de « train léger sur rail dans l’ouest de Gatineau coûtera 2,1 milliards de dollars au cours des 10 prochaines années », estimait Radio-Canada en juin 2018, fixant la première estimation à 80 M$ le kilomètre (ce qui inclurait les rails, l’équipement roulant et l’entretien). On peut donc espérer une mise en service en 2028. Un important projet à suivre! •


DERNIÈRE HEURE

Le 29 mai dernier, la Société de transport de l’Outaouais a rendu public son rapport d’étape 2 de l’étude complémentaire : « L’étude d’opportunité a démontré qu’un système structurant dans l’ouest était un réel besoin », affirme le communiqué de la STO. Mais certaines données (configuration, population, barrières naturelles, etc.) confirment qu’un seul axe ne répondrait pas aux besoins. La combinaison des axes Allumettières et Aylmer/Taché s’avèrerait nécessaire, incluant la traversée vers Ottawa. Plusieurs options ont donc été évaluées. Un système rapide par bus présente un risque de saturation à long terme. La ligne de la Confédération ne permet malheureusement pas l’ajout de trains supplémentaires venant de Gatineau.

 

45 000 Gatinois (40% des travailleurs) traversent chaque jour la rivière des Outaouais vers Ottawa. CR: STO
La STO a donc procédé à une évaluation des six ponts entre Gatineau et Ottawa :
Trop à l’ouest, le pont Champlain représente un long détour pour atteindre le centre-ville d’Ottawa. Même cas de figure pour le pont Macdonald-Cartier situé trop à l’est. Le pont Prince-de Galles induit la mise en place d’une correspondance à la station Bayview, créant une congestion de la clientèle sur le site. Les ponts Champlain et Prince de Galles permettraient toutefois des liaisons secondaires entre les deux rives. La traversée des Chaudières, quant à elle, ne propose pas assez d’espace pour y insérer un transport en commun conséquent.
Le pont Alexandra n’a pas été retenu, pour le moment du moins : « Il ne justifie pas les défis et les coûts liés au tracé. Mais, même s’il représente un détour de l’axe Aylmer/Taché vers les stations Lyon et Parlement, son utilisation conjointe avec le pont du Portage présente un réel intérêt pour l’avenir du réseau », estime la STO. Suite à cette évaluation, le pont du Portage s’annonce donc comme LA solution pour mettre en place ce lien structurant entre les deux rives de Gatineau et Ottawa. Ce choix présente plusieurs atouts : une capacité importante, surtout en mode ferroviaire; une proximité et une correspondance plus aisée à la Station Lyon.