MAGAZINE CONSTAS

Un chantier en urgence

Réhabilitation de la rue Sainte-Catherine Ouest

Embellie, propre et verte, la future Sainte-Catherine Ouest offrira des trottoirs élargis, ponctués de bancs et d’arbres.

Depuis janvier, la Ville de Montréal a entrepris des travaux majeurs sur la rue Sainte-Catherine Ouest, qui impliquent l’ouverture de la rue sur toute sa largeur afin de réhabiliter des infrastructures souterraines centenaires. La Ville y voit l’opportunité d’offrir aux Montréalais un nouvel aménagement, plus agréable et dynamique.

Par Michel Joanny-Furtin

«La Sainte-Catherine », c’est le nom donné à un vaste et long chantier de rénovation d’une longueur de 2,2 km entre la rue Bleury et l’avenue Atwater, soit entre le Quartier des spectacles et l’ancien Forum de
Montréal. L’un des premiers objectifs de ce projet, qui s’étalera sur quatre ans, consiste à remplacer les infrastructures souterraines d’égout et d’aqueduc datant du XIXe siècle et les services d’utilité publique, qui ont atteint leur durée de vie utile. Pour la Ville, ces travaux sont l’opportunité de repenser l’aménagement urbain de l’artère commerciale la plus importante de Montréal (construction des trottoirs et de la chaussée, installation de lampadaires et de mobilier, plantation d’arbres, etc.).

En raison de la longueur de ce segment, les travaux de construction seront réalisés en plusieurs phases afin d’en limiter les impacts. Estimée à 131 millions$, la première phase des travaux de réfection sera réalisée d’ici 2020 sur un premier tronçon entre les rues Bleury et Mansfield (Phase 1/Lot 1, 670 mètres) et en 2021-2022, avec l’aménagement du Square Phillips, de la Place du Frère-André et des rues adjacentes (Phase 1/Lot 2). La seconde phase de travaux vers l’ouest entre la rue Mansfield et l’avenue Atwater (1 530 mètres) débuterait en 2021, mais sa durée n’a pas encore été déterminée.

Un échéancier serré

Lancés en janvier, les travaux consistent à réhabiliter d’ici avril l’égout collecteur situé entre Bleury et Robert-Bourassa. En parallèle, la Commission des services électriques de
Montréal (CSEM) entreprend entre janvier et août, la construction de puits d’accès sous les trottoirs de la rue entre Robert-Bourassa et Mansfield qui permettront d’accéder à des « chambres » contenant de l’équipement de distribution électrique. Afin de respecter cet échéancier, l’arrondissement de Ville-Marie a autorisé en décembre 2017 la tenue des travaux 24 heures sur 24. Le projet Sainte-Catherine Ouest se poursuivra donc ces prochaines semaines selon les travaux et l’échéancier suivants :

  • Suivi des travaux de réhabilitation d’une conduite d’égout par chemisage du Collecteur 1500 mm entre Bleury et Robert-Bourassa, réalisés par Insituform Technologies
    Limited;
  • D’avril à juin, reconstruction d’infrastructures électriques et modifications au réseau municipal de conduits souterrains sur le côté nord entre Robert-Bourassa et McGill, et sur le côté sud entre McGill et Mansfield, réalisés par CMS Entrepreneurs généraux inc.;
  • De juin à août, travaux électriques dans la portion nord de la rue, entre Robert-Bourrassa et McGill.
La vente continue pendant les travaux. « Des mesures financières seront attribuées pour soutenir l’activité commerciale aux commerçants dont les affaires pourraient être affectées par la réalisation de ce chantier majeur », envisage la mairesse Valérie Plante. « Il faut maintenant en déterminer les critères », ajoute-elle. Doté d’un budget de 4,9 M$, le PR@M-Sainte-Catherine (Programme Réussir à Montréal) se décline en deux volets : un programme de subventions à la rénovation des immeubles commerciaux dans le périmètre des travaux, et des mesures pour soutenir l’activité commerciale (communication, animation, projets spécifiques, etc.).

Plus de place pour les piétons

Embellie, propre et verte, la future Sainte-Catherine Ouest offrira des trottoirs élargis, ponctués de bancs et d’arbres. Pour les concepteurs du projet, il s’agit d’assurer une conception de qualité en y aménageant des espaces de halte. L’espace sera mieux partagé. Par conséquent, des espaces de stationnement disparaîtront. Entre McGill College et Aylmer, la zone la plus achalandée de la rue Sainte-
Catherine, 60 places de stationnement disparaîtront sur les 139 disponibles, soit 43 %. Les piétons bénéficieront ainsi de trottoirs de plus de 6,5 mètres de chaque côté. Les restaurateurs pourront y aménager des terrasses. L’espace est également prévu pour accueillir de l’art public, des artistes de rue, de l’art éphémère. Dans les autres tronçons, la bande multifonctionnelle sera donnée tour à tour aux piétons ou au stationnement, en fonction des saisons et des événements.

Pas de trottoirs chauffants

Comme des voies cyclables sont accessibles sur les artères voisines, l’administration Coderre renonçait à une piste cyclable en avançant que la réduction de la vitesse à 30 km/h permettrait la cohabitation. De plus, les 30 millions de dollars initialement prévus pour le revêtement de granit gris et le système de chauffage électrique seront plutôt réinvestis dans un nouveau concept qui sera annoncé au printemps.

Robert Beaudry, responsable du développement économique et commercial au comité exécutif de la Ville de Montréal, a indiqué que l’aménagement était actuellement revu en profondeur sur la planche à dessin de la firme d’architectes Provencher Roy par rapport aux plans initiaux de l’administration Coderre. « Nous avons trois principales considérations : que les travaux soient dans les temps pour les commerçants, que ce soit dans les coûts pour que les payeurs de taxes qui investissent en aient pour leur argent et qu’on renippe cet espace pour que ce soit un espace signature », a-t-il déclaré en conclusion. •


Un peu d’histoire
Fil conducteur du centre-ville de Montréal, la rue Sainte-Catherine relie plusieurs quartiers comme le Village, le Quartier latin ou le Quartier des spectacles. Elle est connue au-delà du Québec comme une des rues les plus emblématiques de la métropole.
Au milieu du XVIIIe siècle, la rue Sainte-Catherine est un petit chemin imprécis, sillonnant la campagne entre quelques hameaux. À la fin du XVIIIe siècle, la rue Sainte-Catherine fait 8 mètres de large environ et va de la rue Panet à l’est jusqu’à la rue Sanguinet à l’ouest. À l’image de la «Main» Saint-Laurent, elle se développera avec l’expansion de la ville et de son économie. La partie de la rue concernée par le projet actuel de réaménagement ne sera véritablement tracée que dans la deuxième partie du XIXe siècle, la voie se prolongeant progressivement jusqu’à l’actuelle avenue Atwater.