MAGAZINE CONSTAS

Réparer la ville

CONSTAS rencontre Sylvain Ouellet,
vice-président du comité exécutif de la Ville de Montréal

« Nous devons équilibrer l’utilisation multiple de ces voies en bonifiant leurs aménagements selon les attentes des usagers et citoyens du 21e siècle : trottoirs larges, pistes cyclables, verdissement, transports collectifs, mobilier urbain, etc. »
— Sylvain Ouellet

Dans son message de présentation du Plan triennal d’immobilisations (PTI) 2018-2020, la mairesse Valérie Plante écrit qu’il maintient à bien des égards les orientations de l’administration précédente. Toutefois, il fallait modifier certains projets d’immobilisations. L’accroissement des investissements dans les infrastructures en demeure l’axe central. Sur l’investissement prévu de 6,3 G$, 65 % est consacré à l’aqueduc et aux routes, soit 4,1 G$. Les chiffres de ce PTI 2018-2020 démontrent la résolution de la Ville d’augmenter les investissements afin d’assurer la pérennité des infrastructures, des bâtiments et des équipements et d’en ajouter d’autres selon l’évolution des besoins.

par Michel Joanny-Furtin

«En ce qui a trait à la mise à niveaux des infrastructures de l’eau, la tâche est immense », annoncent la mairesse de Montréal Valérie Plante et le président du comité exécutif Benoit Dorais dans leur préambule du PTI (Plan triennal d’immobilisations) 2018-2020. « Nos réseaux d’aqueduc et d’égout nécessitent des interventions majeures et des investissements considérables. Nous devons agir dès maintenant pour combler le déficit d’entretien de nos infrastructures d’eau qui s’élève à 3,5 G$. Pour chaque dollar investi maintenant, nous en économiserons dix demain. En effet, réparer une conduite d’eau en urgence coûte dix fois plus cher que planifier les travaux. C’est pourquoi nous allons remplacer 400 km de conduites sur les réseaux secondaires d’aqueduc et d’égout »

« Nos réseaux d’aqueduc et d’égout nécessitent des interventions majeures et des investissements considérables »

Des propos repris par Sylvain Ouellet, vice-président du comité exécutif de la Ville de Montréal, responsable de l’eau et des infrastructures de l’eau, des infrastructures et de la Commission des services électriques. « Ce réseau est ancien et vétuste. Il nécessite des investissements urgents. Nous nous attachons au plus gros sans tarder. Nous avons le projet de fermer les usines d’eau potable Dorval et Lachine d’ici une dizaine d’années afin d’optimiser celles de Pointe-Claire en remplacement de Dorval, et l’usine Des Baillets à Lasalle en remplacement de Lachine », explique-t-il. « Dans le même sens, nous comptons accélérer les investissements en ce qui touche l’eau et son financement. Plusieurs gros projets sont envisagés comme le bassin de rétention Saint-Thomas de Griffintown afin d’éviter les débordements et les déversements dans ce nouveau quartier en plein développement. »

« Les installations d’aqueduc/égouts ont une espérance de vie très longue, mais on se bat tout le temps contre la nature: usure, vieillissement, intempéries, etc. , explique le conseiller Ouellet. La Ville de Montréal vise un réseau d’aqueduc permettant la flexibilité et la sécurité de la distribution hydraulique de son agglomération. Parce qu’un déficit d’infrastructure de l’eau pénalise le développement d’un quartier et de son économie.»

« L’objectif à long terme consiste à développer un réseau d’aqueduc afin d’améliorer la distribution grâce à deux conduites maîtresses dans chaque secteur pour permettre la flexibilité et la sécurité de la distribution hydraulique de notre agglomération. Il n’existe pas de détour pour l’eau », souligne M. Ouellet. « C’est une de nos principales priorités parce qu’un déficit d’infrastructure de l’eau pénalise le développement d’un quartier et de son économie. Certes les installations d’aqueduc/égouts ont une espérance de vie très longue, mais on se bat tout le temps contre la nature : usure, vieillissement, intempéries, etc. »

Des rues partagées

« Nos investissements dans le programme de réfection des rues locales et de réhabilitation des chaussées nous permettront également d’entamer un important virage dans les pratiques de la Ville en matière de travaux », poursuivent Valérie Plante et Benoit Dorais dans ce même message d’introduction. « Désormais tous les chantiers d’infrastructures seront analysés de manière à éviter que des rues soient refaites à l’identique. »

« Il ne s’agit pas de ralentir la machine, précise le conseiller Ouellet, mais certaines voies restent très emblématiques et cela demande qu’on les revoit presque sur mesure. On ne parle pas d’appliquer un plan standard selon chaque rue, mais d’aménager selon des gabarits et l’urbanisation du secteur qu’elles traversent. Nous disposons d’une douzaine de gabarits de types de voies : industrielle, collectrice, résidentielle, piétonne, etc. Certaines voies de Montréal doivent être aménagées selon plusieurs de ces modèles. Nous devons être capables d’équilibrer l’utilisation multiple de ces voies en bonifiant leurs aménagements selon les attentes des usagers et citoyens du 21e siècle : trottoirs larges, pistes cyclables, verdissement, transports collectifs, mobilier urbain, etc. »

D’autres rues à l’exemple de Laurier Est La nouvelle équipe municipale prévoit l’aménagement de 20 km de rues partagées, à l’image de l’avenue Laurier Est. « La rue Laurier Est est un exemple à 100 % de ce que nous visons comme rééquilibrage de l’espace public, indique Sylvain Ouellet, où la circulation est abaissée à 30 km/h, avec des trottoirs plus larges qui intègrent l’achalandage de la station de métro voisine, des saillies pour une traversée sécuritaire des piétons, des voies cyclables, des arbres et du mobilier urbain. » CR: Ville de Montréal

Prolonger la vie utile des chaussées

« Après la dette olympique, les administrations successives n’ont pas investi suffisamment. On a souvent reporté ces investissements en coupant dans le maintien des actifs parce que ce n’était pas visible d’un point de vue électoral », pense l’élu. « À ce jour, plusieurs milliards seraient nécessaires pour mettre à niveau l’ensemble du réseau routier de Montréal. Il y a des manques encore évidents que notre programme vise à corriger. L’administration Coderre s’était engagée à rattraper le déficit d’actif en lançant beaucoup de travaux. Toutefois, reconstruire le pavage à l’identique est inacceptable. J’en ai pour preuve la réfection du boulevard Saint-Michel, dans mon district François-Perrault, qui, après les réhabilitations souterraines, ne proposait aucune bonification du site, aucun arbre, aucune sécurisation des aménagements piétons, ni de voie cyclable. Un parfait exemple à ne pas suivre ! »

« Cette approche de reconstruction exige des coûts importants pour peu de kilomètres, mais ce sera nécessaire pour résoudre à plus long terme les problèmes de qualité, de durabilité », affirme l’élu. « On a beaucoup critiqué par le passé la mise en place de nouvelles couches d’asphalte sur les chaussées alors qu’on ne faisait pas les trottoirs. Nous avons ainsi annulé deux chantiers. Dans d’autres cas, ce n’est pas nécessaire. Un programme complémentaire de planage-revêtement permettra de prolonger la durée de vie utile des chaussées en attente d’une réhabilitation majeure. Faisons-en moins, mais faisons le bien », résume Sylvain Ouellet. •


2018-2020
2 258,4 M$ dans les infrastructures routières

Un tiers du PTI pour les infrastructures routières
Selon le Plan triennal d’immobilisations, maintenir et améliorer l’état d’un réseau routier vieillissant comprenant plus de 5 000 km de chaussées et près de 600 structures constituent un défi majeur pour Montréal. Pour la période 2018-2020, la Ville investira 2 258,4 M$ dans les infrastructures routières, incluant les pistes cyclables soit 1 797 M$ dans la protection des actifs et 461,4 M$ dans le développement de nouvelles infrastructures routières. 70 % de ces investissements seront consacrés à la protection des chemins, rues, routes et trottoirs (1 588,4 M$). Un montant de 64,1 M$ est prévu pour la protection et le développement du réseau cyclable. Au total, 1 000 km de chaussées seront refaites au cours de la période couverte par ce PTI, soit d’ici 2020.