MAGAZINE CONSTAS

10 ans de changements

Environnement et projets d’infrastructures. Une intégration incontournable.

« En 10 ans, la réglementation environnementale a connu une évolution importante», affirme Laurier Gauthier. Ingénieur pendant près de 10 ans, Me Laurier Gauthier est également, aujourd’hui, avocat, spécialiste en droit de la construction et droit de l’environnement chez KSA avocats à Lévis. Nous l’avons rencontré pour faire le point.

par Michel Joanny-Furtin

« On a vécu beaucoup de changements, associés notamment aux nouveaux développements et aux travaux de construction », déclare Maître Laurier Gauthier. « Que l’on parle de milieux humides, de protection des petits organismes, de la faune et de la flore, mais aussi de la disponibilité des matériaux proches des chantiers, et de leur disposition lors de démolition ou réhabilitation, ces changements restent tributaires de la volonté des donneurs d’ouvrage. »

« Une partie importante des coûts intègre désormais la dimension environnementale. On n’a plus le choix, c’est un incontournable… »

Selon Maître Gauthier, la société québécoise vit un retour de balancier. L’écologie et l’environnement étaient une contrainte dont on était moins soucieux. Puis les actions publiques, les manifestations, les médias, Internet et les réseaux sociaux, etc., ont développé chez les partenaires, décideurs et constructeurs, une conscience environnementale.

Que l’on parle de milieux humides ou de protection des petits organismes, le respect de l’environnement lors de travaux d’infrastructures est devenu incontournable.

Des citoyens mieux informés

« Cela fait partie des éléments normaux d’un projet. Une partie importante des coûts intègre désormais la dimension environnementale. On n’a plus le choix, c’est un incontournable… », poursuit l’ingénieur et homme de loi. « Le respect de l’environnement, qu’il soit citadin ou naturel, prend désormais beaucoup de place. Nous sommes confrontés au public, observés de multiples manières. Il faut en tenir compte lorsqu’il s’agit de coordonner les travaux selon l’environnement, en veillant par exemple à l’impact des chantiers sur le voisinage (bruit, poussières, congestion, émanations de GES, etc.), de gérer l’impact des déviations, dans le respect des résidents et de la fluidité de la zone, et de réduire les matières rejetées dans l’environnement. Il fallait répondre aux attentes des citoyens. Des citoyens de mieux en mieux informés parce que de plus en plus à l’aise pour aller chercher l’information nécessaire, pour questionner voire interpeller les donneurs d’ouvrage», affirme Me Gauthier.

Réemploi et recyclage

Selon Me Gauthier, l’industrie de la construction travaille et se questionne de plus en plus sur l’aspect de la disposition des matériaux et la contamination des sites et, conséquemment, sur la manière de réutiliser et valoriser les matériaux. « Certes, on s’en préoccupait déjà grâce au réemploi ou au recyclage pour les revêtements de chaussée entre autres. Il reste du travail à faire. La notion des coûts, et des économies potentielles, est devenue ces dernières années un argument qui a amené d’une manière proactive le recyclage des matériaux. Mais il faudra poursuivre dans ce sens car c’est un domaine de plus en plus préoccupant, notamment lors de la planification des travaux dès que cela concerne la destruction de l’habitat ou les milieux humides, pour ne nommer que ces exemples. Il ne faut pas détruire pour reconstruire »

Simplifier la gestion des autorisations

Selon Me Laurier Gauthier, une réforme est en cours afin d’intégrer de nouveaux mécanismes dans la loi, qui en faci­literont l’application. La Politique de protection des sols et de réhabilitation des terrains contaminés, qui date de 1998, est d’ailleurs l’objet de révisions importantes incluant la mise en place d’un plan d’action significatif. Si une préoccupation environnementale existe dans le cadre de la réali­sation d’un projet, il faudra adapter les systèmes d’autorisation actuels afin de les rendre plus faciles et permettre aux entrepreneurs de pouvoir réagir rapidement. C’est le cas par exemple de l’ouverture de nouvelles carrières ou sablières, notamment en réduisant les délais administratifs pour s’adapter aux échéanciers des travaux.

Regard sur l’avenir

« Sans négliger l’empreinte écologique dans les coûts de gestion des chantiers, l’industrie de la construction et ses acteurs doivent s’engager dans une vraie réflexion sur la recherche de l’équilibre.» •