Hydro-Sherbrooke
Un indépendant face à la croissance
Techniquement, le poste Gaston-Massé, dont la construction a nécessité des investissements de moins de 30 millions de dollars, pourra donc, à terme, être lui-même bonifié si les besoins s’en ressentent.
Inauguré en octobre dernier, le nouveau poste de distribution Gaston-Massé d’Hydro-Sherbrooke, le quatrième sur son territoire, devrait permettre à ce petit fournisseur indépendant municipal de répondre aux besoins grandissants en énergie de la région de Sherbrooke.
Par Florence Sara G. Ferraris
Avec son quatrième poste, le réseau municipal de la Ville de Sherbrooke espère pouvoir répondre aux besoins grandissants de la région.
Pour réussir à répondre à une demande de plus en plus importante en électricité, la Ville de Sherbrooke s’est récemment dotée d’un nouveau poste de distribution sur son territoire – une première en près de 25 ans. Inauguré l’automne passé, ce poste, situé sur le chemin Godin, à un jet de pierre de la jonction entre les autoroutes 10 et 55, devrait permettre à sa filiale hydroélectrique, Hydro-Sherbrooke, de mieux desservir la portion ouest de son territoire, en plus de consolider son réseau actuel dans son entièreté.
Il faut dire que la municipalité connaît une croissance démographique constante depuis déjà plusieurs décennies. « Bon an, mal an, notre population augmente tout le temps et, avec elle, la demande en électricité, explique le chef de division de l’ingénierie chez Hydro-Sherbrooke, Denis Roussin, en précisant qu’environ 85 000 clients sont actuellement connectés au réseau local. On s’est donc développé au gré de ce développement du territoire. Au fur et à mesure que les besoins s’intensifient – tant de la part des ménages que des industries locales –, on fait les ajustements nécessaires afin de pouvoir continuer d’y répondre. »
La construction du poste Gaston-Massé, le quatrième à être bâti sur son territoire, s’inscrit ainsi en suite logique avec les décisions prises au fil des années, souligne celui qui travaille pour le réseau municipal depuis une trentaine d’années. « Nos trois premiers postes sont au maximum de leur capacité en ce moment, indique l’ingénieur. On n’était pas dans l’urgence, mais on n’avait pas vraiment le choix d’aller de l’avant avec ce projet : le dernier du genre datait quand même de 1992. »
Potentiel d’expansion
Cela n’a toutefois pas empêché les équipes de prendre le temps de bien identifier le futur secteur d’activité, l’emplacement ciblé en étant d’ailleurs un à fort potentiel de développement, tant résidentiel que commercial. « C’est important d’être capable d’avoir une vue d’ensemble et d’être capable de voir venir, ajoute-t-il. D’autant plus qu’il s’agit d’investissements majeurs et de travaux d’envergure. Ce nouveau poste va donc nous permettre de répondre à des besoins actuels, mais aussi à ceux de l’avenir. »
« Nos trois premiers postes sont au maximum de leur capacité en ce moment, précise l’ingénieur. On n’était pas dans l’urgence, mais on n’avait pas vraiment le choix d’aller de l’avant avec ce projet : le dernier du genre datait quand même de 1992. » – Denis Roussin, chef de division de l’ingénierie chez Hydro-Sherbrooke.
Techniquement, le poste Gaston-Massé, dont la construction a nécessité des investissements de moins de 30 millions de dollars, pourra donc, à terme, être lui-même bonifié si les besoins s’en ressentent. « On a prévu le coup, soutient Denis Roussin. Nos installations actuelles devraient être en mesure de soutenir le réseau pour les 15 prochaines années, mais nous pourrons bonifier le poste en y ajoutant un quatrième transformateur, il y a encore de la place pour ça. »
Une planification qui, couplée au fait que les équipes déployées n’avaient pas une pression indue de terminer le poste le plus rapidement possible, a permis à Hydro-Sherbrooke de prendre le temps de bien faire les choses. « On a eu le temps de préparer le terrain pendant près d’un an et de s’assurer que tout était prêt pour recevoir les équipements au moment opportun, explique le chef de division. Cet échéancier nous a aussi permis de rapatrier certaines expertises à l’interne, dont tout ce qui a trait à la conception technologique, par exemple. Ce sont des choses qu’on envoyait généralement en sous-traitance pour des projets de cette envergure. L’acquisition de cette expertise est un gros plus pour le futur, tant pour les coûts que pour la motivation des troupes. »
Rares indépendants
Bien qu’indépendant du réseau de distribution national d’Hydro-Québec, le réseau municipal d’Hydro-Sherbrooke doit tout de même s’alimenter en grande partie auprès de la société d’État. « Nous avons huit centrales qui nous permettent de produire environ 4 % de tout ce qui est consommé sur notre territoire, affirme le chef de division Denis Roussin. Tout le reste est acheté directement à Hydro-Québec et est ensuite transformé à 25 kV avant d’être redistribué via nos propres lignes. » Le nouveau poste Gaston-Massé sera d’ailleurs lui-même relié à une ligne de transport de 120 kV d’Hydro-Québec.
Avec son réseau indépendant, Sherbrooke ne fait toutefois pas figure d’exception, bien que ce ne soit plus la norme depuis la nationalisation de la grande majorité du réseau au tournant des années 1960. « Nous ne sommes pas les seuls, vous savez », lance avec un léger rire l’ingénieur de formation. De fait, il reste, à ce jour, encore neuf réseaux municipaux répartis aux quatre coins de la province ; de Westmount à Baie-Comeau, en passant par Alma, Amos, Coaticook, Joliette, Saguenay, Magog et, évidemment, Sherbrooke.
De par leur petite taille, ces indépendants ont longtemps chargé un peu plus cher pour leur électricité. Ce n’est toutefois plus le cas depuis l’entrée en vigueur du décret 87, au tournant des années 1980, qui a obligé les fournisseurs électriques de la province à plafonner leurs prix à ceux demandés par Hydro-Québec. Un cadre qui a d’ailleurs été renforcé en 1997 avec la création de la Régie de l’énergie du Québec cette même année. Mise sur pied par le gouvernement provincial, cette dernière veille notamment à ce que les consommateurs aient un approvisionnement suffisant et qu’ils payent un juste tarif. •
LES ENTREPRENEURS À L’ŒUVRE
Préparation du terrain
G.G. Laroche Excavation (en 2016)
Génie civil, bâtiment et souterrain
Construction Longer inc. (en 2017) et (sous-traitance principale) Lignes Électriques FJS
Installation des équipements électriques et accessoires
Électro Saguenay (en 2018)