MAGAZINE CONSTAS

L’intelligence artificielle au service de la construction

Comment le secteur des grands travaux et du génie civil prend-il le train de l’intelligence artificielle?

L’intelligence artificielle (IA) s’implante rapidement dans tous les secteurs de la société. Le secteur des grands travaux et du génie civil devra aussi prendre le train afin de demeurer concurrentiel. Comment s’y mettre?

par Stéphane Gagné

 

 

Une ingénieure enseignant à un robot de soudage

À l’événement Grand Batimatech, tenu en septembre 2024 et consacré à l’IA dans les domaines de la construction et de l’immobilier, les participants ont pu observer une pelle mécanique autonome. C’est là un exemple d’un bénéfice que l’IA pourrait apporter à l’industrie de la construction.

Pour Francis Bissonnette, président fondateur de Batimatech, il ne fait aucun doute que l’IA est une grande révolution industrielle au même titre que l’ont été l’électricité et l’imprimerie. Son organisme se présente d’ailleurs comme un accompagnateur en IA qui offre des formations et organise un congrès annuel sur le sujet depuis neuf ans. Comme exemple de l’application de cette technologie, M. Bissonnette affirme que l’horaire des journées du congrès Grand Batimatech 2024 a été fait par l’IA.

Le président de Batimatech est emballé par le grand potentiel qu’offre l’IA. «Pour la première fois dans l’histoire, l’IA s’est démocratisée et est facilement accessible, dit-il. Elle permet de briser le travail en silo et elle a la capacité de réfléchir plus vite que l’humain.»

 


 

 


 

Francis Bissonnette, président fondateur de Batimatech, photographié devant une pelle mécanique autonome au Grand Batimatech de 2024

Comment se mettre à l’IA?

Les domaines où l’IA peut être utile ne manquent donc pas. Mais par où commencer? Le Centre de recherche informatique de Montréal (CRIM) a fait de l’IA l’un de ses pôles d’excellence. Il offre de l’accompagnement scientifique et technologique dans plusieurs domaines, dont celui qui nous occupe. Il a élaboré un parcours pour faire passer les PME à l’IA, appelé Activation IA. Son objectif principal est de mettre en œuvre un projet d’IA pour stimuler la croissance, la productivité et la compétitivité de l’entreprise sur le marché.

Le parcours comporte neuf activités. Les quatre premières activités constituent un travail de réflexion consistant à définir le potentiel de l’IA pour l’entreprise, les expertises nécessaires, les bénéfices attendus et l’évaluation de la fiabilité, de la qualité et de l’accessibilité des sources de données. «En gros, les dirigeants réfléchissent, lors de ces activités, aux usages dans lesquels l’IA pourrait être utile, dit Mathieu Barreau, directeur des affaires, communication et partenariat, au CRIM. Tout ce qui rapporte de l’argent devrait être prioritaire.»

 

Ces quelques exemples montrent où l’IA pourrait être utile en construction:

— Automatisation des tâches répétitives et dangereuses, améliorant la sécurité et l’efficacité sur les chantiers. Ainsi, on verra de plus en plus de machineries lourdes fonctionnant de manière autonome, telles que la pelle mécanique HD Hyundai Excavator (voir la photo ci-bas);

— Optimisation de la planification et de la conception de projets grâce aux algorithmes de l’IA;

— Utilisation en génie civil des modèles prédictifs générés par l’IA pour analyser les structures et anticiper les problèmes potentiels;

— Utilisation de la conception assistée par ordinateur (CAO) et de la modélisation des données du bâtiment (BIM) afin de créer des designs plus innovants et plus efficaces;

— Utilisation de robots collaboratifs (cobot) qui fonctionnent en collaboration avec les travailleurs et augmentent les capacités physiques de ces derniers sans les remplacer. Cela réduit la fatigue et les risques d’accident, garantissant un environnement de travail plus sûr et plus productif.

(Tirés de textes présents sur le site de Batimatech.)

 

Francis Bissonnette, président fondateur de Batimatech et la HD Hyundai Excavator. Portrait: Denis Favron, NIDESCO

 

Rendus à l’activité 5, les décideurs de l’entreprise établiront une feuille de route stratégique. Cet outil permettra de prioriser les cas d’usage alignés sur les objectifs d’affaires de l’entreprise. «À cette étape, il faudra déterminer quels sont les usages qui nécessitent de la recherche, examiner ce qui existe déjà en IA et établir l’IA qu’il faudra créer, mentionne M.Barreau. La méthodologie adoptée aidera les décideurs à faire les bons choix.»

Mathieu Barreau, directeur des affaires, communication et partenariat, au CRIM. Portrait: Tora Photography

Une fois cela fait, les membres de l’entreprise seront prêts à planifier un projet d’IA. Il s’agira de définir un projet d’IA porteur, ce qui inclut son architecture et la constitution de l’équipe qui sera chargée de le mener à terme (activité 6). Il faudra ensuite planifier la collecte et la préparation des données (activité 7).

L’activité 8, appelée Les modèles d’IA, consistera à planifier la conception et les tests de modèles d’IA et l’infrastructure des technologies de l’information nécessaire.

La dernière activité est celle du déploiement du projet d’IA choisi. Lors de cette activité, l’équipe chargée du projet planifiera son intégration, son déploiement et l’amélioration continue s’y rattachant. L’entreprise sera alors prête à prendre le train de l’IA. ■