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CCQ / Les perspectives 2023 : l’industrie toujours solide, malgré un repli

Entretien avec Cassandre Lauzon, économiste à la CCQ

Dans le secteur génie civil et voirie, la diminution du nombre d’heures travaillées sera liée à la fin du chantier de la centrale hydroélectrique de la Romaine et à celle du projet de la ligne électrique Micoua-Saguenay.

La Commission de la construction du Québec (CCQ) prévoit un léger ralentissement de l’activité dans le secteur du génie civil et de la voirie en 2023. Ce dernier devrait atteindre 36,5 millions d’heures travaillées, un volume en baisse par rapport à l’année précédente, mais qui demeure élevé.

Par Pascaline David

En 2022, année de tous les records pour l’industrie de la construction, on a atteint 210 millions d’heures travaillées. Cela représente un bond de 49,4 % depuis le creux de 2015. Cette année, une baisse de 4 % est toutefois prévue, en raison de l’incertitude économique et de la fin de certains grands chantiers. Cette baisse d’activité varie selon les secteurs, touchés de façon inégale.

« En général, le secteur de la construction va demeurer solide, car des sommets ont été atteints l’année précédente, souligne Cassandre Lauzon, économiste à la CCQ. On s’attend à un repli associé, notamment, à la hausse des taux d’intérêt. » Il demeure difficile d’anticiper les mouvements de ces taux, selon l’économiste, de même que la durée des phases de baisse et de remontée. « On se demande aussi à quel point le ralentissement économique aura un impact sur la main-d’œuvre, ajoute Cassandre Lauzon. Car le tableau se complique avec un manque de diplômés dans la construction. »

Cassandre Lauzon estime que le ralentissement sera de courte durée, puisque les activités devraient rebondir à moyen terme. « Le projet d’allongement de la ligne bleue, dont les travaux d’excavation débutent en 2023, va progressivement générer de plus en plus d’heures travaillées », dit l’économiste.

Dans le secteur génie civil et voirie, une diminution de 5 % du nombre d’heures travaillées est prévue. Elle est liée, en grande partie, à la fin du chantier de la centrale hydroélectrique de la Romaine, dont la construction par Hydro-Québec avait débuté en 2009. Le projet de la ligne électrique Micoua-Saguenay, qui a été entamé en 2020 et dont l’échéance a été retardée de quelques mois, devrait également prendre fin au printemps.

De courte durée

Cassandre Lauzon estime que ce ralentissement sera de courte durée, puisque les activités devraient rebondir à moyen terme. « Le projet d’allongement de la ligne bleue, dont les travaux d’excavation débutent en 2023, va progressivement générer de plus en plus d’heures travaillées », dit l’économiste.

Le sous-secteur des routes et infrastructures n’est pas en reste avec la poursuite du projet de réfection du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, les travaux pour le réseau structurant de transport en commun (tramway) à Québec et la réfection des tunnels Ville-Marie et Viger, à Montréal.

Un autre chantier d’envergure, celui d’Apuiat, qui a obtenu le feu vert de Québec il y a deux ans, devrait démarrer cette année. Une cinquantaine d’éoliennes seront construites à l’ouest de Rivière-Pentecôte, sur le territoire traditionnel des Innus de Uashat mak Mani-utenam et sur des terres publiques situées à 40 km au sud-ouest de Port-Cartier. Estimé à 600 M$, le projet de 200 MW est issu d’une collaboration entre la Nation innue et la société Boralex.

Le secteur industriel demeure stable

De son côté, le secteur industriel sera limité par une probable baisse des investissements, mais demeurera stable, selon les prévisions de la CCQ. Cela, grâce à la poursuite de certains chantiers comme les travaux à l’usine Uniboard, à Val-d’Or, et la construction d’une usine de production de vaccins de Moderna, à Laval. Le géant minier Rio Tinto amorcera quant à lui la décarbonation de ses activités et la transformation de métaux critiques à Sorel-Tracy. Il participera aussi à l’implantation d’un nouveau centre de billettes d’aluminium à Alma.



La croissance de la filière québécoise de batteries pour voitures électriques, avec la planification de plusieurs projets majeurs à Bécancour, au Centre-du-Québec, pourrait avoir un effet positif. Il s’agit, entre autres, de la construction d’une usine de transformation de lithium, l’une des composantes des batteries, ainsi que d’une usine de fabrication et de recyclage de batteries.

Le sous-secteur des routes et infrastructures n’est pas en reste avec la poursuite du projet de réfection du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, les travaux pour le réseau structurant de transport en commun (tramway) à Québec et la réfection des tunnels Ville-Marie et Viger, à Montréal.

Le secteur le plus affecté par le repli anticipé est le résidentiel, qui reculera de 7 %. Le nombre de logements nouvellement construits est à son plus faible niveau depuis 15 ans. À court terme, le secteur résidentiel atteindra 39 millions d’heures travaillées en 2023, contre 42 l’année précédente, mais une forte reprise est attendue après la stabilisation des taux. La CCQ suggère ainsi aux futurs propriétaires de reporter leur projet d’achat immobilier, le temps que les taux diminuent.

Dans le secteur institutionnel et commercial, un repli de 3 % est attendu, mais il est amorti par les nombreux investissements du Plan québécois des infrastructures, selon Cassandre Lauzon. Le principal sous-secteur affecté sera celui du résidentiel en hauteur. Toutefois, certains projets devraient augmenter le volume d’heures travaillées, notamment les travaux au futur Hôpital Vaudreuil-Soulanges et à l’Hôpital Pierre-Le Gardeur, à Terrebonne, qui prendront de l’ampleur cette année. ■


Terme prévu des projets majeurs

  • 2026 Réfection du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine (Montréal)
  • 2028 Tramway de Québec (Québec)
  • 2029 Projet d’allongement de la ligne bleue (Montréal)
  • 2030 Réfection majeure des tunnels Ville-Marie et Viger (Montréal)