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Le MTQ soutiendra la relance

Entretien avec François Bonnardel, ministre des Transports du Québec

Infrastructures de transport et économie

La loi 66, qui vise à relancer l’économie québécoise post-pandémie, permettra le démarrage accéléré de plus d’une centaine de projets d’infrastructure.

Malgré un arrêt de chantier complet de sept semaines, le milieu de la construction n’a pas chômé en 2020. Fers de lance de la relance économique projetée par le gouvernement, les chantiers d’infrastructures ont en effet repris de plus belle aux quatre coins de la province.

Par Florence Sara G. Ferraris

Plusieurs projets routiers majeurs ont donc continué de progresser au cours de l’année 2020, et ce, malgré le contexte sanitaire qui a nécessité des efforts d’adaptation importants de la part de l’industrie, indique d’emblée le ministre des Transports, François Bonnardel. On peut notamment penser à l’élargissement de l’autoroute Henri-IV à Québec, l’aménagement de l’autoroute 85 dans le Bas-Saint-Laurent et la réhabilitation du chemin de fer de la Gaspésie. « Il est certain que la pandémie a eu de légères répercussions sur les travaux », indique-t-il. Mais, somme toute, « le bilan laisse présager que la saison aura été pratiquement aussi productive que s’il n’y avait pas eu de pandémie ».

Chantiers majeurs

L’un des plus importants : la fin des travaux et la mise en service de l’échangeur Turcot, dans le sud-ouest de Montréal, à l’automne 2020. Le chantier était en marche depuis 2015. Malgré un arrêt, « les équipes qui y ont travaillé sont parvenues à livrer des infrastructures de qualité, tout en respectant le budget prévu », souligne le ministre. « Je suis d’autant plus fier qu’avec ce projet, le Québec a solidifié son expertise dans la construction d’infrastructures majeures et durables. »



Toujours dans la région de Montréal, le ministre rappelle que, malgré le contexte sanitaire, les équipes du Ministère ont pu poursuivre la préparation de projets majeurs, dont certains ont d’ailleurs commencé en 2021. C’est le cas, notamment, de la réfection majeure des tunnels Ville-Marie et Viger. Ce projet, d’un peu plus de 2 milliards de dollars, s’échelonnera sur une dizaine d’années, ce qui permettra de limiter les répercussions sur la mobilité des personnes et des marchandises.

 

Dans le cadre de la réfection du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, la construction des mesures d’atténuation, comme les stationnements incitatifs, les voies réservées et les quais d’autobus, débutera cette année. CR : Constas.

 

Dans le cadre de la réfection du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, la construction des mesures d’atténuation, comme les stationnements incitatifs, les voies réservées et les quais d’autobus par exemple, débutera cette année.

Accélération en vue

Le rythme ne risque d’ailleurs pas de ralentir avec la mise en œuvre du projet de loi 66 concernant l’accélération de certains projets d’infrastructure. Adoptée en décembre dernier, cette loi, qui vise à relancer l’économie québécoise post-pandémie, permettra le démarrage accéléré de plus d’une centaine de projets d’infrastructure. « Il était important pour le gouvernement de poser des actions concrètes afin de stimuler la relance économique, signale le ministre Bonnardel. Cette loi nous permettra de réaliser plus rapidement des projets d’envergure, et ce, dans l’ensemble des régions du Québec. » Cela se traduit d’ailleurs dans les investissements prévus au budget, les sommes anticipées pour les infrastructures pour la période 2021-2023 étant les plus importantes des cinq dernières années.



Ces nouvelles mesures pourraient ainsi bénéficier à 51 projets du Ministère et pourraient permettre des gains de temps significatifs de 12 à 36 mois, note le député de Granby. Par exemple, pour le projet de remplacement du pont de l’Île-d’Orléans, les nouvelles dispositions législatives permettront de gagner une saison de travaux, c’est-à-dire quelques mois.

Outre les projets routiers, le ministre indique que d’importants chantiers de transports collectifs structurants sont en cours – comme la phase I du Réseau express métropolitain dans la grande région de Montréal – ou débuteront sous peu dans plusieurs régions du Québec, notamment à Montréal, en Outaouais, en Montérégie, à Laval et dans la Capitale-Nationale. « Nous avons des cibles ambitieuses pour le transport collectif et nous souhaitons que le Québec devienne un leader mondial en cette matière, rien de moins. »



Ministère innovant

Pour y arriver, tant dans le cadre des projets d’infrastructures routières que des transports collectifs, le Ministère devra continuer de faire preuve d’innovation, insiste le ministre Bonnardel. « Nous collaborons déjà avec des universités et d’autres administrations gouvernementales pour partager les connaissances et déterminer si de meilleures pratiques pourraient être mises en œuvre », précise-t-il.

Parmi les méthodes déjà utilisées, notons la méthode dite ABC pour Accelerated Bridge Construction qui permet de réduire la durée des nuisances en chantier et les répercussions pour les usagers de la route lors de la construction de ponts et de viaducs. Celle-ci mise entre autres sur la préfabrication en usine de certaines composantes. Elle a d’ailleurs été utilisée lors de la construction du pont de la rivière à la Chasse, sur la Côte-Nord. ■