MAGAZINE CONSTAS

Vie et exploitation des carrières

Les nouvelles approches

Pour des raisons environnementales et sécuritaires mais aussi économiques, les carriers ont dû revoir leurs manières de procéder à l’exploitation des sites. Les équipements, la prospection, la rentabilité des procédures, tout doit s’adapter aux exigences du marché comme entre autres, la réduction de la granulométrie ou le contrôle… des explosions !

par Michel Joanny-Furtin

« Nous ne vendons pas ce que l’on produit, mais on produit ce qui se vend ! », résume fièrement Christian Cloutier, directeur Carrières et industries mobiles chez Eurovia Québec en parlant de l’exploitation d’une carrière. « En ce qui concerne la mise en marché, la nature des besoins, le lieu et la disponibilité des ressources naturelles influencent directement en amont, le choix du processus de production, la définition de la taille des unités de fabrication et la gestion des implantations », précise-t-il.

Les unités de concassage, mâchoires ou broyeurs ont tous connu des améliorations en termes d’automatisation, de résistance mécanique, de facilité d’entretien et d’applications sécuritaires.

« Qu’il soit fixe ou mobile, rappelle Christian Cloutier, les paramètres suivants auront une incidence sur le procédé de concassage/criblage » :

  • Dimensionnement des installations adaptées (rentabilité)
  • Charge de production suffisante pour l’installation
  • Abrasivité et homogénéité du gisement à exploiter
  • Niveau acceptable des impacts (bruit, poussières, etc.)
  • Nombre de fractions (calibres de granulats) à élaborer
  • Manutention continue du pré-criblage

La réduction des impacts sur le voisinage induit parfois des choix. « Lors de la confection des granulats, et afin de limiter voire supprimer les camions hors-route et leurs nuisances (bruit, poussière, etc.), l’emploi d’unités mobiles, sur pneus ou sur chenilles demeure en adéquation avec les capacités de production et la qualité de nos gisements », poursuit-il.  « Pour les carrières en fosse, implanter l’unité de concassage primaire au niveau le plus bas possible est également un bon choix, pour utiliser au maximum les gradins comme murs antibruit. »

Simulation logicielle et explosions contrôlées

« L’activité hautement spécialisée de forage et dynamitage, dont la sélection des paramètres tels que le patron de forage, l’espacement, le fardeau, le type et la quantité de la charge explosive, est assujettie à une obligation de performances (gabarit, projection, etc.) et de conformités sismographiques, dont les résultats prévisionnels sont validés par des logiciels de simulations », souligne expressément Christian Cloutier. « Ces logiciels nous permettent de préparer le forage-dynamitage, selon les distances, le voisinage, les risques de projection, les résultats sismiques potentiels, le bruit, le fractionnement, mais aussi les données environnementales et donc la charge préconisée qu’on appelle aussi le facteur poudre. »

De nos jours, des logiciels de simulation permettent de préparer le forage-dynamitage, selon les distances (voisinage, projections, bruit), les résultats sismiques, le fractionnement, mais aussi les données environnementales et donc la charge préconisée.

 

« Nous obtenons d’excellents résultats. On les utilise depuis une dizaine d’années », souligne le directeur Carrières et industries mobiles qui ajoute qu’il existe deux logiciels sur le marché. « L’un est français et le second est un logiciel québécois ! Chaque dynamitage est filmé en temps réel à des fins de documentation, de rappel des conditions et des analyses quant à la réussite de l’opération… ou aux points à améliorer. »

« Pour des raisons de sécurité, d’assurances et de qualité, nous faisons toujours appel à un expert externe avec qui nous appliquons à la lettre les scénarios de projection et de vibration. Les employés qui constituent ces équipes de travail, des collaborateurs soucieux de la sécurité et des performances opérationnelles, pratiquent leur métier dans des conditions et des contextes qui diffèrent d’un chantier à l’autre, souvent en milieu éloigné, sur l’ensemble du territoire québécois. Leur expertise est donc cruciale car très spécifique.»

Les équipements de transformation

Les unités de concassage, mâchoires ou broyeurs ont tous connu des améliorations en termes d’automatisation, de résistance mécanique, de facilité d’entretien et d’applications sécuritaires. « Les unités de criblage haute fréquence avec des augmentations significatives des amplitudes et fréquences de tamisage, jumelées à l’utilisation de toiles anti-colmatage, grilles de caoutchouc ou en thermoplastique ont amélioré définitivement l’efficacité de tamisage et ce malgré la réduction croissante des coupures granulométriques à  réaliser », explique le directeur Cloutier. « Le pesage commercial par un chargeur sur pneus ayant vocation à livrer aux clients sur différents sites non pourvus de poste de pesée (balance), le tout dans le respect des charges admissibles, a également apporté de l’innovation dans les pratiques courantes des dernières années. »

Prévention et conformité environnementale

Selon ses propos, les contraintes techniques, économiques, environnementales sont telles que l’exploitation d’une carrière ne peut se concevoir que dans le temps, sur plusieurs décennies, et selon un plan prédéterminé qui évoluera en superficie et/ou en profondeur, englobant l’exploitation mais aussi le réaménagement du site.

Pour les carrières en fosse, implanter l’unité de concassage primaire au niveau le plus bas possible est adéquat pour utiliser les gradins comme murs antibruit.

 

« Au Québec, comme ailleurs, l’ouverture et la continuité de l’exploitation d’une carrière sont soumises à une réglementation très stricte et particulièrement évolutive au cours des dernières années », rappelle Christian Cloutier avant de conclure : « bien que l’exploitation soit notamment précédée d’une étude d’impact qui analyse le site et le mode d’exploitation, les effets sur l’environnement et le milieu avoisinant (population, faune et flore, zonage, etc.) influenceront les bonnes pratiques opérationnelles et l’acceptation d’une cohabitation durable. » •