MAGAZINE CONSTAS

Un programme d’aide à découvrir

Entrevue avec Martine Éthier

Mis sur pied il y a près de 15 ans, le programme d’aide « Construire en santé » est pourtant méconnu et gagnerait à être davantage recommandé aux travailleurs de l’industrie de la construction, croit Martine Éthier de la firme Optima Santé Global. Invitée par Constas à présenter en détail le programme d’assurance, la psychologue met de l’avant les différents services offerts. Compte rendu.

Par Florence Sara G. Ferraris

Ce programme d’aide aux employés vise à répondre à leurs besoins particuliers, physiques ou psychologiques. L’ensemble de ces services est accessible aux travailleurs de l’industrie de la construction ainsi qu’aux membres de leur famille. En tout, ce ne sont pas moins de 300 000 personnes qui peuvent s’en prévaloir. Bon an mal an, à peine 6 % des employés profitent des services auxquels ils ont droit. « Notre objectif serait d’avoir un taux d’utilisation qui oscille entre 9 et 10 % », avance la professionnelle.

Services multiples

Pour y arriver, Martine Éthier insiste sur la diversité des services offerts, ces derniers se déclinant en quatre volets. Ainsi, le premier compte un service de première ligne. Offert en continu, 24 h sur 24, sept jours par semaine, ce dernier vise à répondre aux demandes des travailleurs qui souhaitent obtenir de l’aide. Ce premier contact permet ensuite de recommander adéquatement les travailleurs dans le besoin vers les services qui correspondent le mieux à leur besoin dans l’immédiat et à plus long terme.

Le volet le plus utilisé au cours des dernières années est celui qui vise à aider les travailleurs aux prises avec des problématiques psychologiques.

Le volet le plus utilisé au cours des dernières années est celui qui vise à aider les travailleurs aux prises avec des problématiques psychologiques. « L’an dernier, c’est près de la moitié des demandes qui ont été faites auprès de ce service particulier, précise Martine Éthier en spécifiant que lui-même se décline de plusieurs manières. Le personnel est formé pour intervenir dans toutes sortes de situations, que l’on parle d’anxiété, de dépression, de conflits familiaux ou conjugaux, etc. » Toutes ces consultations peuvent se faire en personne, par téléphone ou même via une interface web.

Selon la psychologue, les bénéficiaires apprécient particulièrement l’offre de service en ergothérapie et orthopédagogie. Ces deux volets, très prisés par les parents d’enfants d’âge préscolaire et scolaire, pallient, notamment, plusieurs lacunes du réseau public. « Certains services sont offerts à l’école, mais il est bien souvent nécessaire d’aller chercher de l’aide à l’extérieur, soutient Martine Éthier. C’est là que nous pouvons intervenir. »

Les gestionnaires d’entreprise peuvent faire venir certains professionnels directement sur leur lieu de travail. Le programme en est d’abord un de prévention, et les employeurs gagneraient à recommander plus rapidement les travailleurs qui œuvrent au sein de leurs équipes.

Le programme comprend également un volet visant à améliorer la santé physique. Ce dernier, dispensé uniquement par téléphone, permet aux bénéficiaires d’obtenir un plan personnalisé pour perdre du poids ou pour cesser de fumer, par exemple. Il est également possible d’être suivi de façon serrée dans le cas d’une maladie chronique ou au lendemain d’une chirurgie.

Le quatrième volet offert dans le cadre du programme d’aide est très particulier, note Mme Éthier, soulignant que l’on retrouve rarement ce type de service ailleurs. Présenté comme un programme de cure, ce dernier permet aux personnes aux prises avec un problème de dépendance, de dépression ou de violence d’aller chercher de l’aide auprès de cliniques ou de centres spécialisés. « C’est un service qui peut être utilisé une seule fois par les bénéficiaires, explique la directrice des services d’aide chez Optima Santé Global. Mais l’objectif est de les accompagner dans ce processus difficile. Le programme leur offre donc un soutien constant, ainsi qu’une aide financière pour s’assurer qu’ils puissent aller chercher l’aide qui leur convient le mieux. »

Sensibilisation

Afin que le programme soit utilisé à sa juste valeur, la psychologue estime qu’un important travail de sensibilisation et d’information doit être fait auprès des employeurs de l’industrie. « Ce sont eux qui ont un contact direct avec leurs employés, souligne Martine Éthier. Ils sont les mieux placés pour diffuser ces informations auprès des travailleurs. En connaissant bien les différents services, il sera plus facile pour eux ensuite d’aiguiller leurs employés qui ont besoin d’une aide particulière. »

Les gestionnaires d’entreprise peuvent d’ailleurs faire venir certains professionnels directement sur leur lieu de travail s’ils estiment que cela est nécessaire. « On peut, entre autres, penser à la mort tragique d’un travailleur sur le chantier du pont Champlain en janvier 2016», se souvient Martine Éthier. Une équipe d’intervention spécialisée en choc post-traumatique peut alors être déployée pour effectuer un suivi psychologique.

Et comme le programme en est d’abord un de prévention, les employeurs gagneraient, selon elle, à recommander plus rapidement les travailleurs qui œuvrent au sein de leurs équipes. « Ultimement, c’est toute l’industrie qui en bénéficie, insiste la psychologue. Ça permet de prévenir l’absentéisme et, par le fait même, ça réduit les impacts sur les différentes équipes de travail. » •