MAGAZINE CONSTAS
Port de Sept-Îles.

Le défi du paradoxe

Bâtir vite, mais sans précipitation

Selon l’Association canadienne de la construction (ACC), le marché canadien de la construction devrait, au cours de la prochaine décennie, se classer parmi les 10 plus importants du monde, alimenté surtout par la demande mondiale en ressources naturelles et le besoin urgent de moderniser l’infrastructure nationale vieillissante du Canada. Un projet, mais aussi un défi pour tous les partenaires de l’industrie de la construction afin de préparer l’avenir selon un paradoxe : agir avec urgence, mais sans précipitation. Gilbert Brulotte, président du Conseil d’administration 2016 de l’ACC fait le point.

par Michel Joanny-Furtin

Dans son communiqué du 22 mars dernier, l’Association canadienne de la construction (ACC) accueillait favorablement l’engagement du gouvernement d’investir 120 milliards de dollars dans l’infrastructure à long terme, annoncé le même jour dans le budget fédéral de 2016. « Nous sommes heureux de voir que le gouvernement envisage sérieusement de poursuivre le développement des infrastructures, et on le félicite pour cela », déclare le président du Conseil d’administration 2016 de l’ACC, Gilbert Brulotte. Mais cela reste un travail en évolution, un «work in progress» à très long terme », ajoute-t-il.

« Deux choses tout d’abord : nous avons besoin de beaucoup d’infrastructures pour vendre nos produits et les exporter aux quatre coins du monde. On parle de ponts et de routes, mais aussi d’accès aux voies maritimes et aéroportuaires », rappelle Gilbert Brulotte. Nous avons besoin de nouvelles infrastructures pour développer l’aménagement du territoire canadien, et dans le même temps le renouvellement de nos infrastructures vieillissantes reste crucial pour l’avenir du Canada; celles-ci doivent faire l’objet de réinvestissements importants. En résumé, nous disposons d’un patrimoine acquis qu’il faut entretenir voire rénover, mais aussi d’un patrimoine à développer. Ces deux axes de développement réclament de très gros montants qui peuvent être bien investis si on prend le temps de bien étudier les projets et leur financement. »


DES INVESTISSEMENTS À LONG TERME

60 G $

Le budget féréral de 2016 prévoit une somme additionnelle impressionnante de plus de 60 milliards de dollars en nouveaux investissements fédéraux dans l’infrastructure qui seront versés en deux phases, tout en accélérant des portions du Fonds Chantiers Canada existant.

3,4 G $

Le budget fédéral de 2016 prévoit aussi des investissements de 3,4 milliards de dollars pour les biens d’infrastructure fédéraux, ainsi que 2 milliards de dollars sur trois ans, à compter de cet exercice, à un nouveau fonds d’investissement pour les établissements postsecondaires. Ensemble, ces engagements contribueront sensiblement à accélérer le rythme de la modernisation des infrastructures dans l’ensemble du Canada.

Prendre le temps… sans tarder

« Or, pour des raisons et des délais tout à fait explicables, l’argent se fait attendre entre les annonces et la mise en route des chantiers », commente le président Brulotte. « C’est moins rapide qu’on le voudrait. Mais il a fallu tenir compte du facteur humain. En effet, loin de discuter des projets en eux-mêmes, la phase I des investissements annoncés a pris un peu de retard; le temps nécessaire des négociations avec les provinces qui elles-mêmes devaient faire toutes les consultations et auditions publiques auprès des groupes de citoyens et des institutions, pour que leurs projets locaux se qualifient dans ce programme fédéral. »

« Nous avons besoin de beaucoup d’infrastructures pour vendre nos produits et les exporter aux quatre coins du monde. On parle de ponts et de routes, mais aussi d’accès aux voies maritimes et aéroportuaires », rappelle Gilbert Brulotte.

« Ceci étant dit, il est important de noter que la construction est l’une des plus importantes industries du Canada, une des pierres angulaires de son économie », rappelle Gilbert Brulotte. « L’industrie emploie 1,37 million de travailleurs, soit environ 7% de la population active. Chaque année, la construction génère près de 119 milliards de dollars d’activité économique, soit 7% du produit intérieur brut global. »

Une amorce positive pour 2017

« L’ACC se positionne donc aux côtés du gouvernement dans ce vaste projet d’envergure. L’effet est indéniable car la dynamique d’ouverture lancée il y a quelques mois par le gouvernement libéral a «boosté» les demandes », affirme Gilbert Brulotte. « Plus de projets ont été initiés en termes d’infrastructures par la société civile ces derniers mois. Les conditions globales mises en place nous permettent d’avoir de meilleures opportunités de développement. Ainsi 2017 s’annonce comme une meilleure année que les deux précédentes pour mieux voir et appréhender les avancées et l’avenir qui prend forme. » •