MAGAZINE CONSTAS
Les pipelines au Québec

Le réseau des pipelines au Québec

État des lieux

DOSSIER DU NUMÉRO 37  / LES PIPELINES

Le réseau actuel de pipelines québécois est sans doute, surtout en ce qui a trait aux oléoducs, moins spectaculaire que celui de l’Alberta. Mais même si l’on met à part les possibilités futures de développement, il est déjà impressionnant par sa diversité et son ampleur. Est-il appelé à se développer davantage encore ? Le débat est en cours. Tentons un portrait des installations actuelles.

Par Jean Brindamour

Les gazoducs

1. À tout seigneur, tout honneur. Gaz métro, qui distribue environ 97 % du gaz consommé au Québec, exploite un réseau de conduites souterraines de plus de 10 000 km. Sur le document intitulé « Le Réseau de transport et d’alimentation de gaz naturel au Québec » (reproduit ci-dessus), on peut apercevoir le tracé du réseau de transport par pipelines de gaz métro, ainsi que celui de ses réseaux d’alimentation et de distribution. On y trouve également les tracés des réseaux de TQM Pipeline, de TransCanada, de Champion Pipeline et finalement de Gazifère, l’unique réseau gazier à ne pas être utilisé par Gaz Métro.

2. Champion Pipeline est une filiale à part entière de Gaz Métro. Elle exploite deux gazoducs qui traversent la frontière ontarienne et alimentent le réseau de distribution de Gaz Métro dans le Nord-Ouest québécois.
Réseau de transport et d'alimentation du gaz naturel au Québec
3. Gazoduc Trans Québec & Maritimes Inc. (Gazoduc TQM) est une filiale à parts égales de Gaz Métro et de TransCanada. Ses conduites (572 km) servent à ces deux entreprises, en plus de desservir Portland Natural Gas Transmission System (PNGTS) en Nouvelle-Angleterre. Les réseaux de TransCanada et TQM sont utilisés par Gaz Métro, mais aussi par des compagnies ayant leur propre service de transport, telles que TransCanada Energy, Vision Enviro Progressive (BFI), etc.

Le réseau de transport de Gazoduc TQM se raccorde avec le réseau de TransCanada PipeLines à Saint-Lazare au Québec, près de la frontière de l’Ontario. Il s’étend d’une part de Saint-Lazare jusqu’à Saint-Nicolas sur la rive sud de Québec et d’autre part de Terrebonne (autrefois Lachenaie) jusqu’à East Hereford, à la frontière du New Hampshire, où il se connecte au réseau de PNGTS au nord-est des États-Unis. Gazoduc TQM transporte et livre le gaz naturel au réseau de distribution de Gaz Métro à 31 postes de livraison.

« Nous sommes propriétaires à 50% de TQM, explique Catherine Houde, porte-parole de Gaz Métro. Notre droit d’utiliser TQM ne provient pas du fait que nous en sommes partiellement propriétaires, mais bien du fait que nous avons des contrats de transport vers notre marché avec l’opérateur (TransCanada) d’après nos modalités contractuelles, c’est Transcanada qui est l’opérateur. C’est donc TCPL qui entretient et veille à l’intégrité du réseau de TQM. »

4. Gazifère est une propriété d’Enbridge qui dessert l’Outaouais. C’est le seul territoire qui n’est pas desservi par Gaz Métro au Québec. Gazifère possède et exploite 931 km de réseau gazier. La compagnie dessert le vaste territoire situé entre Fort-Coulonge, Montebello et Grand-Remous; son territoire de distribution couvre la ville de Gatineau, soit les secteurs de Hull, d’Aylmer, de Gatineau, de Masson-Angers et de Buckingham.

À eux six, Enbridge, Gaz Métro, TransCanada, Énergie Valero, Pipe-lines Portland Montreal et Pipelines Trans-Nord dessinent la carte des pipelines du territoire québécois.

5. Mentionnons aussi des pipelines pas comme les autres, ceux de CCUM, coentreprise détenue à parts égales par Gaz Métro et Dalkia Canada Inc., qui possède et exploite trois réseaux distincts de vapeur, d’eau chaude et d’eau froide utilisés pour le chauffage et la climatisation d’immeubles commerciaux. Son réseau s’étend sur 3 km, dessert 1,8 million de mètres carrés de surfaces diverses et comble les besoins énergétiques du tiers de la superficie commerciale du centre-ville de Montréal.

Les oléoducs

Valero Énergie1. Valero Énergie reçoit maintenant par pipelines du pétrole en provenance de l’Ouest canadien, du fait de l’inversion du pipeline 9B de la firme Enbridge (la plus grande partie de cet oléoduc étant située en Ontario). Ce pipeline assure la moitié de l’approvisionnement en brut de la raffinerie lévisienne. Le brut est d’abord acheminé jusqu’à son terminal de Montréal-Est, où il est entreposé avant de prendre la route vers Québec, sur le Saint-Laurent, à bord de pétroliers.

2. Mentionnons que cette inversion de la ligne 9B a eu des conséquences sur le vénérable oléoduc Portland-Montréal qui appartient à Pipe-lines Portland Montreal. Cet oléoduc de 380 kilomètres, servait à alimenter les raffineries de la métropole québécoise avant qu’elles n’aient accès à celui de l’Alberta.

3. En service depuis 2012, le Pipeline Saint-Laurent d’Énergie Valero (anciennement Ultramar) relie la raffinerie Jean-Gaulin à Lévis au terminal de Montréal-Est. D’une longueur de 250 km, le pipeline achemine vers Montréal des produits pétroliers raffinés: essence, diesel, mazout domestique et carburéacteur.

4. Pipelines Trans-Nord Inc. (PTNI) exploite 850 kilomètres de pipelines en Ontario et au Québec. Le pipeline circule d’est en ouest joignant Montréal au Québec et Oakville en Ontario et inversement, soit de l’ouest vers l’est, entre Nanticoke et Toronto en Ontario. Des embranchements l’amènent à l’Aéroport international Pearson à Toronto, à l’Aéroport international Pierre-Elliot-Trudeau de Montréal ainsi qu’à Clarkson et à Ottawa en Ontario. Le pipeline Trans-Nord original a été construit en 1952. Il transporte depuis Montréal vers Oakville en Ontario des produits pétroliers raffinés tels l’essence, le diesel, le carburant d’aviation et l’huile à chauffage.•


À retenir / DES PIPELINES PROFITABLES
Une note économique de l’IEDM (Institut économique de Montréal), intitulée « Comment stimuler l’économie efficacement : oléoducs privés ou infrastructures publiques » et signée par Joe Oliver et par Youri Chassin, a été publiée en juin dernier. Les deux auteurs se portent à la défense de trois grands projets de pipeline présentement à l’étude – Énergie Est (TransCanada), Northern Gateway (Enbridge), Trans Mountain (Kinder Morgan), pour lesquels les investissements atteindraient 34 milliards $.
Ces projets créeraient bien sûr des emplois (entre 12 700 et 21 500 durant la construction des pipelines un peu partout au Canada). Ils amélioreraient également les perspectives à long terme des raffineries de l’Est du Canada situées à Montréal, Lévis et Saint-Jean, en leur donnant la possibilité de s’approvisionner en pétrole sur le marché canadien. L’industrie pétrochimique, (par exemple, la chaîne du polyester présente dans l’est de Montréal) serait aussi renforcée par un approvisionnement à prix compétitif. Mais, selon les auteurs, l’impact économique de ces investissements doit être apprécié dans une perspective pancanadienne. Le bénéfice principal résiderait d’après eux dans l’ouverture d’un marché mondial pour le pétrole des prairies qui permettrait aux producteurs d’obtenir un meilleur prix qu’actuellement : « La différence de prix pour un baril de pétrole sur le marché intérieur américain par rapport au marché mondial se traduit par une perte de recettes perçues par les gouvernements ainsi qu’une perte pour l’économie canadienne qui peut être estimée à 13,5 milliards de dollars», conclut Joe Oliver et Youri Chassin.