Éditorial du numéro en cours
Repenser le développement du territoire: une solution économique?
Éditorial du numéro 73 / Automne 2025

Par Me Gisèle Bourque,
directrice générale sortante de l’ACRGTQ et rédactrice en chef du magazine Constas
Malgré que tout coûte de plus en plus cher, nos besoins en matière d’infrastructures publiques ne sont pas pour autant à la baisse. Or, les factures grimpent généralement plus rapidement que la capacité de payer des Québécois. C’est pourquoi nos gouvernements doivent envisager l’avenir avec réalisme et orienter leurs réflexions vers divers types de solutions afin de maintenir la qualité des services essentiels à la population.
Car autrement, sans changer nos façons de faire, notre déficit financier collectif se maintiendra, notre capacité collective de payer restera limitée et le déficit de maintien des actifs (DMA) continuera de s’accentuer.
Des leçons DES derniers mois
L’augmentation des coûts touche tous les secteurs de notre économie.
Au cours des derniers mois, nous avons vu au Québec que l’éducation et la santé resteront prioritaires, ce qui est normal. Pour ces deux secteurs, les gouvernements trouveront presque toujours les sommes nécessaires au maintien des services.
L’éducation, c’est non seulement la prise en charge du bien-être des enfants, mais aussi la formation de la main-d’œuvre d’aujourd’hui et de demain pour répondre à nos besoins ; nous ne pouvons y couper de services.
Et la santé, c’est l’illustration de la prise en charge de la population ; nous nous indignerons toujours à l’idée d’installer les gens que nous aimons dans des hôpitaux insalubres ou en ruines.
Et le secteur de la construction ?
Quant au secteur de la construction, il fait partie de ceux qui devront s’adapter davantage, qui devront innover, en attendant les investissements qu’il mérite.
Déjà, nous parlons souvent de modes de
réalisation collaboratifs afin de s’échanger les meilleures pratiques et de travailler le plus efficacement au meilleur coût.
Mais plus concrètement, du côté du génie civil au Québec, plusieurs voix pensent qu’une partie de la solution passera également par un redéploiement de notre territoire. On pense entre autres que, par la densification, on pourrait parvenir à redéfinir la mobilité collective, à réduire notre consommation énergétique, à réduire l’usure de nos infrastructures publiques et, ultimement, à réduire l’empreinte carbone de nos communautés.
Et qui dit densification dit redessiner la ville en vue d’accueillir un plus grand nombre d’unités d’habitations ou de commerces, et, donc, revenus grandissants provenant de taxes. Des villes envisagent désormais sérieusement ces avenues, comme à Repentigny avec le
projet Avantia.
Pour parvenir à redessiner le territoire, il faudrait donc revoir la planification des routes. Il faudrait repenser les projets de transport collectif. Il faudrait réimaginer l’offre des services de proximité. Il faudrait s’assurer que les réseaux d’infrastructures souterraines, d’énergie et de télécommunication parviennent à répondre à la demande.
C’est principalement pour cela que le gouvernement fédéral a adopté son projet de loi C-5 permettant de faciliter la réalisation de grands projets nationaux. Et c’est pour cela que le gouvernement du Québec y porte une attention particulière, que ce soit notamment pour des projets liés à Hydro-Québec ou quelconques éventuels projets de gaz naturel liquéfié.
Avec la concrétisation de grands projets ambitieux viendra, on l’espère, un développement plus durable, une sécurité énergétique et des retombées économiques pour toutes les régions du Québec.
Un objectif
L’objectif derrière ce numéro de Constas est donc de faire la démonstration que, malgré une économie fragile, malgré de nombreux grands projets qui risquent de se compétitionner dans le temps (je pense à la fois aux finances et à la main-d’œuvre), malgré le report et l’annulation de projets routiers, malgré un DMA qui ne peut pas disparaître… notre industrie se doit de porter attention aux différentes opinions afin d’innover et de s’adapter.
Je vous souhaite une bonne lecture. ■

