KPMG sonde des entreprises sur la crise climatique

En juillet 2024, KPMG publiait un sondage réalisé auprès de 350 entreprises canadiennes dont le but était de connaître leurs craintes face aux événements météorologiques extrêmes et ce qu’elles sont prêtes à faire pour décarboner leurs activités. Nous avons demandé à Leah Carson, associée, Services-conseils transactionnels, Infrastructure mondiale, de KPMG Canada, d’en commenter les résultats.

par Stéphane Gagné

De prime abord, M^me Carson tient à préciser que le contexte réglementaire a beaucoup évolué depuis la publication du sondage et il continuera d’évoluer avec la nouvelle administration aux États-Unis. Les résultats du sondage pourraient donc être très différents si on le refaisait aujourd’hui.

Un résultat du sondage frappe l’imaginaire. Plus de 9 chefs d’entreprise sur 10 (92%), tous secteurs confondus (incluant les grands travaux), craignent que les événements météorologiques extrêmes vécus récemment ne deviennent la norme et que leur organisation soit touchée par un de ces événements.

Également, plus de la moitié des entreprises sondées (56%) ont révélé avoir connu une baisse de leur rentabilité causée par ces événements météorologiques.

[Les entreprises participant à de grands travaux] peuvent mettre en œuvre des technologies avancées pour réduire les émissions de carbone de leurs machines et de leurs véhicules et investir dans des sources d’énergie renouvelable pour leurs opérations sur site.

— Leah Carson

Prêtes à agir pour réduire leur impact environnemental

Des points positifs ressortent cependant de ce sondage. Ainsi, 9 entreprises sur 10 se disent déterminées à trouver des moyens de réduire leur impact environnemental et près de 9 sur 10 (88%) se disent prêtes à investir davantage pour soutenir leur objectif climatique.

Aux entreprises participant à des projets d’infrastructure à grande échelle, M^me Carson propose plusieurs moyens pour y parvenir. «Ces mesures comprennent la mise en œuvre de pratiques de construction durables, telles que l’utilisation de matériaux recyclés, la minimisation des perturbations du sol et la protection des habitats naturels en créant des corridors pour la faune, dit-elle. De plus, elles peuvent mettre en œuvre des technologies avancées pour réduire les émissions de carbone de leurs machines et de leurs véhicules et investir dans des sources d’énergie renouvelable pour leurs opérations sur site.»

Des obstacles subsistent

Les mesures proposées par Leah Carson pourraient toutefois se buter à la réalité vécue au quotidien par les entreprises. Ainsi, parmi les personnes sondées, 8 sur 10 ont déclaré que leur entreprise n’a pas le temps ni les ressources nécessaires pour faire de la réduction de son empreinte carbone une priorité «absolue ou immédiate». De plus, 9 entreprises sur 10 croient que des réglementations sont nécessaires pour stimuler la décarbona tion dans les industries (incluant celles dans les grands travaux) et créer des règles du jeu équitables à l’échelle mondiale.

M^me Carson est consciente de ces enjeux lorsqu’elle affirme que «la mise en œuvre de pratiques de construction durable et de technologies avancées implique souvent des coûts initiaux élevés. Ces coûts peuvent être un obstacle pour les entreprises, surtout lorsque le rendement du capital investi n’est pas évident. Les investissements dans les sources d’énergie renouvelable, les machines efficaces et les véhicules à faibles émissions nécessitent des dépenses en capital substantielles.»

Plus spécialement sur la décarbonation, M^me Carson ajoute ceci: «La mise en œuvre d’initiatives de durabilité et de décarbonisation nécessite des connaissances et une expertise spécialisée. Les entreprises peuvent ne pas disposer des capacités internes nécessaires et peuvent devoir investir dans la formation ou embaucher des consultants externes. Cela peut être à la fois long et coûteux.»

Enfin, il est intéressant de mentionner qu’il existe depuis 2022 un guide de décarbonation pour les entreprises qui a été produit par la firme Dunsky à la demande de la Fédération des chambres de commerce du Québec. Ce guide énumère en sept étapes clés la marche à suivre pour se décarboner, de l’élaboration d’une planification stratégique au suivi du plan établi, en passant par la mise en œuvre. ■