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Une seconde vie pour la centrale de Rapide-Blanc

Un programme tous azimuts, qui s’échelonnera de 2020 à 2026

Crédit photo Hydro-Québec. 1/ L’orchestration de la réhabilitation des prises d’eau et des aspirateurs nécessite une coordination pointue. 2/ Groupes turbine-alternateur. Presque tous les équipements de la centrale sont visés, à l’exception des ponts roulants.

« La plus grande particularité du projet, c’est que la centrale restera en exploitation pendant toute la durée des travaux, indique Carl Morin, chef Projets – Installations chez Hydro-Québec.

L’heure de la mise à niveau a sonné pour la centrale de Rapide-Blanc. Sa réhabilitation s’annonce cependant délicate. Non seulement doit-elle être maintenue sous respirateur tout au long de l’opération estimée à 613 M$, mais la coordination des interventions nécessaires à sa modernisation demande également un fin doigté. Zoom sur le chantier de la décennie en Mauricie.

Par Marie Gagnon

Depuis sa mise en service en 1934, la centrale Rapide-Blanc injecte de précieux mégawatts dans le réseau d’Hydro-Québec. Au terme de 85 ans de loyaux services, le vénérable aménagement présente toutefois des signes évidents de vétusté. Cependant, son rôle dans la gestion de la rivière Saint-Maurice et sa puissance installée de 204 MW méritent d’en prolonger la durée de vie utile et justifient les investissements massifs qui assureront sa fiabilité au cours des décennies à venir.

Des années de défis

La mission ne s’annonce pas de tout repos, loin de là. Tous les équipements de la centrale sont visés par l’opération, des équipements de production à la mécanique lourde, en passant par les installations de commande. En clair, il s’agit de remplacer les six groupes turbine-alternateur et de réhabiliter les vannes des prises d’eau, les aspirateurs, l’appareillage, les transformateurs auxiliaires et le bâtiment de la centrale. Un programme tous azimuts, qui s’échelonnera de 2020 à 2026.

« La plus grande particularité du projet, c’est que la centrale restera en exploitation pendant toute la durée des travaux, indique Carl Morin, chef Projets – Installations chez Hydro-Québec. Pour la première fois, les groupes turbine-alternateur seront remplacés à tour de rôle, contrairement à la centrale de La Tuque, où leur remplacement a été fait en dehors des passages de crue. L’analyse économique a démontré que c’était l’approche la plus efficace, car elle nous évite une mobilisation et une démobilisation à chaque fois. »

Autre particularité à signaler : Carl Morin et son équipe ont utilisé un logiciel de conception assistée par ordinateur, ou CAO, en trois dimensions pour modéliser tout le volet ingénierie. Ils ont également eu recours à la maquette numérique pour le volet chantier afin de faire des essais en réalité virtuelle. Idem pour les aspects de santé et de sécurité du travail où, en raison des risques de contagion associés à la Covid-19, rien ne pouvait être laissé au hasard.

Coordination en cascade

Et c’est sans compter la coordination des activités au chantier, qui a nécessité une planification de tous les instants. « L’échéancier est très complexe, souligne pour sa part Dominic Pelletier, chef Projets – Réfection. La plupart des travaux ont des impacts sur les autres travaux et il y a beaucoup de dépendance d’un entrepreneur à l’autre. La planification au chantier a été effectuée à 100 pour cent avant même l’émission des appels d’offres, qui ont été préparés en fonction des différentes étapes à réaliser. »

 

 

Passe à billes. Réparation de fissures et injection de béton dans l’enceinte de la passe à billes, aujourd’hui désaffectée (été 2019). Cr: Hydro-Québec 

 

Agrandissement du bâtiment principal, dans le cadre de sa réhabilitation. État d’avancement, vue latérale (été 2019). Cr: Hydro-Québec

 

Prise d’eau. Travaux de nettoyage préparatoires (été 2019). CR: Hydro-Québec

 

La localisation géographique de la centrale, située à 70 kilomètres de La Tuque, est également venue compliquer la tâche des gestionnaires. Encastrée entre deux montagnes, elle ne laisse que peu de jeu aux équipes affectées à sa réhabilitation, qui doivent s’y tailler une place. Comme si cela ne suffisait pas, le site n’est accessible que par des routes forestières visées par des restrictions de poids en période de dégel. Une contrainte de plus, qui vient compliquer la logistique au chantier et force une programmation pointue des livraisons.

« L’échéancier est très complexe, souligne Dominic Pelletier, chef Projets – Réfection. La plupart des travaux ont des impacts sur les autres travaux et il y a beaucoup de dépendance d’un entrepreneur à l’autre. La planification au chantier a été effectuée à 100 pour cent avant même l’émission des appels d’offres. »

Histoire d’assurer que le chantier se déroule dans des conditions optimales, des travaux préalables ont par ailleurs été planifiés en amont. En cours depuis février 2017, ils doivent être complétés à la fin de l’année. Restera la consolidation de la paroi rocheuse, toujours à l’étude. « On en est à l’étape de l’analyse, précise Carl Morin. Il y a neuf parois à sonder. Pour certaines, les investigations ont montré qu’elles sont stables et qu’aucune intervention n’est nécessaire. » ■