La complexité de ce projet tient au fait que les travaux avaient lieu au-dessus d’une autoroute à grand débit (~100 000 véhicules/jour dans les deux directions).
Legs du ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports (MTMDET) à l’occasion du 375e anniversaire de Montréal, le recouvrement de l’autoroute Ville-Marie (A720) entre l’avenue Hôtel-de-Ville et la rue Sanguinet prolonge l’actuel tunnel Viger de 125 mètres. Il rétablit un lien piétonnier entre le centre-ville et le Vieux-Montréal en plus de créer des lieux publics davantage accueillants. Bordé par la station de métro Champs-de-Mars et devant être exécuté dans un espace pour le moins restreint, ce projet de voirie, réalisé entre avril 2016 et novembre 2017, relève d’une conception et d’une réalisation hors pair. Entrevue avec Naïma Sebbah, ingénieure et chargée de projet en réalisation, ainsi qu’avec Paul Marcil, ingénieur et chargé d’activités responsable de la conception au sein du MTMDET.
Par Magalie Hurtubise
La volonté de recouvrir cette partie de l’autoroute vient du fait que cette dernière, dans les années 1970, est venue en quelque sorte couper le lien qui existait entre le centre-ville et le Vieux-Montréal. Dans une perspective de recréer ce lien piétonnier, mais aussi d’aménager le secteur et le rendre harmonieux avec les environs, la Ville de Montréal a entrepris de recouvrir cette partie de l’autoroute par le prolongement du tunnel Viger.
En raison du fait que le chantier était situé tout près de la station de métro Champs-de-Mars où se trouve l’œuvre d’art de l’artiste Marcelle Ferron (Verrière, 1968), des précautions ont du être prises afin de protéger l’œuvre en question avant d’entreprendre les travaux de démolition.
«Nous avons procédé à la protection de l’œuvre en développant dans une structure constituée de montants métalliques, panneaux de bois et toile isolante, puis nous avons enchaîné avec les travaux de démolition du mail central. Nous avons poursuivi avec l’installation des pieux, des murs, des chevêtres et des poutres pour terminer avec le bétonnage de la dalle et l’aménagement paysager», explique Mme Naïma Sebbah du MTMDET, ajoutant qu’un nouvel édicule électrique a été construit près de l’avenue Hôtel-de-Ville.
Au cœur des travaux
La complexité de ce projet tient au fait que les travaux avaient lieu au-dessus d’une autoroute à grand débit (~100000 véhicules/jour dans les deux directions) dont deux des quatre voies par direction ont été fermées pendant la durée des travaux de même que le passage piétonnier reliant la station de métro Champs-de-Mars au Vieux-Montréal.
« Nous avions une contrainte de temps, une date à rencontrer en raison des festivités. L’échéancier serré, la proximité de la station de métro et l’espace restreint pour les travaux sont des facteurs qu’il a fallu prendre en compte à toutes les étapes du projet, de la conception à la réalisation», indique M. Marcil.
C’est sans compter que les travaux de recouvrement se trouvaient à proximité de chantiers d’envergure: Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), Bonaventure, Turcot et Champlain. « En plus de régler les problèmes d’ordre technique qui sont survenus en cours de projet, il fallait également s’assurer de coordonner nos interventions avec les chantiers environnants », note Mme Sebbah.
De plus, le projet de recouvrement combinait plusieurs spécialités qui s’effectuaient en parallèle des travaux de structure: chaussée, éclairage, ventilation, mécanique, protection incendie et électricité. La fermeture définitive de la bretelle reliant l’autoroute en direction est vers la rue Sanguinet a également été intégrée en cours de projet.
Au pic du chantier, c’est-à-dire lors du bétonnage du tablier en juillet dernier, pas moins d’une centaine de personnes y travaillaient et ce, dans un espace pour le moins exigu.
En cours de conception, des ajustements ont dû être apportés, entre autres par rapport au périmètre du recouvrement. «L’un des défis a été de faire une dalle qui se mariait au pourtour et qui donnait une hauteur libre suffisante pour l’installation des ventilateurs », remarque M. Marcil.
L’échéancier serré, la proximité de la station de métro et l’espace restreint pour les travaux sont des facteurs qu’il a fallu prendre en compte à toutes les étapes du projet, de la conception à la réalisation», indique Paul Marcil, du MTMDET.
La surface de recouvrement de 5000 m2, supportée par 102 poutres de longueurs variables, comprenait des dénivellations entre les secteurs Hôtel-de-Ville et Sanguinet.
« Il fallait jouer avec des éléments existants, en tenant compte de la hauteur libre en-dessous. Nous devions laisser le dégagement nécessaire dans le tunnel, mais en même temps avoir des poutres d’une capacité suffisante pour l’usage du recouvrement futur. Beaucoup d’éléments relevaient d’une très grande précision pour respecter toutes les contraintes. Ça se jouait parfois au millimètre près», précise Mme Sebbah.
Le projet de recouvrement, évalué à 68 millions, a été livré en novembre dernier, tel que prévu dans l’échéancier. L’aménagement paysager transitoire livré par le MTMDET à l’automne dernier sera quant à lui finalisé au printemps. La Ville de Montréal prévoit ensuite initier un concours d’architecture pour l’aménagement de la place publique et du secteur. •