MAGAZINE CONSTAS

Sommet sur les chantiers de Montréal

Vers une meilleure gestion des chantiers montréalais

Dossier Constas
INNOVATION : PROJETS ET PERSPECTIVES

« Un des objectifs du Sommet était de sensibiliser l’ensemble des parties prenantes et faire en sorte qu’elles partagent la vision de la Ville pour améliorer la coordination, la planification et la gestion des chantiers. » — Nathalie Martel, Ville de Montréal

Lors du Sommet sur les chantiers de la Ville de Montréal, en mars, des mesures concrètes ont été mises de l’avant pour favoriser la mobilité et la circulation. La Ville a soumis des idées qui permettront de limiter les impacts sur la circulation, d’améliorer la coordination des travaux et de préserver l’aspect esthétique des rues.

Par Pascaline David

En 2022, 55 000 permis ont été délivrés pour l’occupation du domaine public sur le territoire montréalais, dont 42 % pour les chantiers de la Ville, 34 % pour des projets privés et 20 % pour les entreprises d’utilité publique. « C’est évident que les chantiers vont continuer à se multiplier pour, au premier chef, remplacer les infrastructures vieillissantes, dit Nathalie Martel, directrice du Service des infrastructures du réseau routier de la Ville de Montréal. Un des objectifs du Sommet était de sensibiliser l’ensemble des parties prenantes et faire en sorte qu’elles partagent la vision de la Ville pour améliorer la coordination, la planification et la gestion des chantiers. »

En 2022, l’Escouade mobilité est intervenue 23 561 fois pour réduire les entraves à la circulation. Sept agents supplémentaires seront engagés cette année, portant les effectifs à vingt-trois personnes. CR : Ville de Montréal

 

La Ville envisage ainsi de modifier ses règlements d’occupation temporaire du domaine public, en fixant un délai de 12 à 24 heures pour l’installation et le démontage de la signalisation des chantiers. L’objectif est de réduire le nombre de « chantiers fantômes », où les équipements gisent pendant des jours ou des semaines, alors que les travaux n’ont pas encore commencé ou sont terminés depuis longtemps. Ultimement, cette mesure réduirait les perturbations prolongées sur les routes et les trottoirs, laissant ainsi place à une circulation plus fluide.

Il est également envisagé de marquer les équipements de signalisation, dont les cônes orange, grâce à une puce ou à un code QR, dans l’objectif d’en retrouver le ou la propriétaire et ainsi faciliter la récupération du matériel oublié ou abandonné.

L’Escouade mobilité, qui intervient sur le terrain pour gérer les problématiques liées à la circulation et à l’obstruction des voies, verra ses pouvoirs renforcés. Elle pourra désormais intervenir sur les chantiers inactifs et retirer les permis d’occupation du domaine public après deux avis d’inactivité non justifiés.



Pour faire respecter ces mesures, la Ville propose d’augmenter le montant des amendes – encore à déterminer – en cas d’infraction. En 2022, l’Escouade a délivré près de 6000 constats d’infraction et est intervenue près de 11 000 fois dans les corridors piétons. Sept agents supplémentaires seront engagés cette année, portant les effectifs à vingt-trois personnes.

La fin du cône orange ?

Les innombrables cônes orange qui parsèment les rues de la métropole semblent avoir détrôné les cent clochers au rang des symboles montréalais.

Cônes orange. Dès juin 2023, les cônes devront être de plus petite taille et ils devront être retirés dans un délai de 72 heures après la fin des chantiers du ministère des Transports à Montréal. CR : Ville de Montréal

 

Et leur présence ne plaît évidemment pas aux citoyens et citoyennes, qui les trouvent envahissants. Montréal souhaite ainsi remédier à cet enjeu esthétique en remplaçant les cônes volumineux par des dispositifs signalétiques plus petits. Cette décision relève toutefois des normes du ministère des Transports et de la Mobilité durable du Québec.

Moins d’un mois après le sommet montréalais, la ministre des Transports Geneviève Guilbault a annoncé que les cônes orange actuels seraient en effet remplacés par d’autres modèles « plus compacts et mieux adaptés aux milieux restreints et urbains » et que les panneaux annonçant un trottoir fermé seront plus petits.

Il est également envisagé de marquer les équipements de signalisation, dont les cônes orange, grâce à une puce ou à un code QR, dans l’objectif d’en retrouver le ou la propriétaire et ainsi faciliter la récupération du matériel oublié ou abandonné.



Élargir AGIR

La Ville dispose de la plateforme Assistant à la gestion des interventions dans la rue (AGIR), un outil de gestion interne qui regroupe tous les permis d’occupation du domaine public émis par les arrondissements. « Elle est très efficace à l’interne, mais on souhaite élargir son accès à d’autres partenaires pour avoir une vision globale et une meilleure coordination », souligne Nathalie Martel. Cela donnera la possibilité de visualiser en temps réel l’état d’avancement des travaux, d’identifier les conflits potentiels entre les différents intervenants et de proposer des solutions de rechange.

En plus de cela, Montréal prévoit exiger des gestionnaires de chantiers un plan de maintien de la circulation. Ce plan sera conditionnel à l’obtention d’un permis sur les artères prioritaires et points névralgiques et devra comprendre l’espace occupé ainsi que les détours anticipés.

Les engagements pris par la Ville seront vérifiés par l’Escouade chantier, déployée en 2019 et ayant pour mission d’effectuer des visites et des mesures sur différents sites de travaux. « Par exemple, notre Charte des chantiers exige des largeurs de corridor piétonnier exemptes de tout obstacle d’au moins 1,5 mètre », affirme Nathalie Martel. La Charte des chantiers de Montréal, instaurée en 2021, « vise ainsi à ce que chaque chantier soit planifié et réalisé en priorisant l’accessibilité, la sécurité et la mobilité [dans] un souci environnemental ».

Ce Sommet s’est inscrit dans le Plan stratégique 2020-2025 du Service du développement et des opérations – Domaine public de la Ville de Montréal. ■