MAGAZINE CONSTAS

Une nouvelle ligne de transport

Entre la Côte-Nord et le Saguenay

Hydro-Québec projette la construction d’une nouvelle ligne à 735 kV pour relier le poste de Micoua, sur la Côte-Nord, au poste Saguenay. Le but poursuivi : renforcer le corridor Manic-Québec, situé dans une zone à risque élevé de givre et de verglas, en y ajoutant une liaison plus robuste. La mise en service est prévue en 2022 et les coûts estimés vont de 600 à 650 millions de dollars.

         Par Marie Gagnon

Bon an, mal an, Hydro-Québec réalise de nombreux projets de construction et de mise à niveau, soit pour assurer la pérennité de son réseau, soit pour en augmenter la capacité. Toutefois, il est plutôt rare qu’une baisse de la consommation dans une région justifie la construction d’une nouvelle ligne de transport. C’est pourtant un des facteurs qui motivent la société d’État à planifier une nouvelle ligne à haute tension entre la Côte-Nord et le Saguenay-Lac-Saint-Jean.

Sur la Côte-Nord, Hydro-Québec pourrait utiliser des pylônes haubanés conçus pour offrir une capacité élevée de résistance aux charges dynamiques (vent, givre, verglas).

« Depuis 2011, le réseau a subi des changements importants, signale la conseillère en relations avec le milieu d’Hydro-Québec Marie-Claude Lachance. On a d’abord enregistré une diminution de la consommation sur la Côte-Nord, ce qui cause une augmentation du transit dans le corridor Manic-Québec, puisque l’énergie non consommée doit être redistribuée. Ensuite, il y a eu la fermeture des centrales thermiques de Tracy et de La Citière et de la centrale nucléaire de Gentilly-2, ce qui nous oblige à transporter plus d’énergie vers le sud de la province.»

Elle ajoute que différents scénarios ont été étudiés, dont une ligne de 450 kilomètres Outardes-Laurentides et la compensation série, une solution de court terme qui consiste à ajouter des équipements, sur une ligne existante et son poste source, afin d’en rehausser la capacité et de réduire les pertes d’énergie. «L’équipe de projet estime que la solution optimale, c’est de construire une nouvelle ligne de transport à 735kV d’environ 250 km entre les postes Micoua et Saguenay, dit-elle. C’est une solution à long terme, qui permet de renforcer le corridor Manic-Québec et de réduire les pertes électriques.»

La zone à l’étude couvre un territoire long de 255 km et large de 15 à 20 km. Au nord, elle se caractérise par un relief accidenté, de nombreux cours d’eau et des tourbières dispersées. Au sud, elle est traversée par la rivière Saguenay.

La zone à l’étude

Pour faire cheminer cette nouvelle ligne, la société d’État a identifié une zone longue d’environ 255 km et large de 15 à 20 km, délimitée à l’est par le poste Micoua, à l’ouest par le poste du Saguenay et au sud par la ligne Micoua-Saguenay existante. Quant à sa limite nord, elle contourne de grands plans d’eau, comme le réservoir aux Outardes-4, le réservoir Pipmuacan et le lac La Mothe. Située sur les hauteurs du plateau laurentien, cette partie de la zone à l’étude se caractérise par un relief accidenté et la présence de nombreux lacs et rivières.

Cette zone est par ailleurs exposée à un risque élevé de givre et de précipitations verglacées. « Les conditions climatiques y sont particulièrement rigoureuses, confirme Marie-Claude Lachance. Il est un peu tôt pour préciser le type d’équipements, mais on peut déjà dire qu’ils seront conçus en fonction de critères de charge élevée. À ce stade-ci des études, nous croyons que des pylônes haubanés pourraient être utilisés dans la partie nord du projet, tandis que des pylônes à treillis classique pourraient être utilisés dans sa portion sud. »

Au total, quelque 500 pylônes pourraient être érigés le long du tracé qui, lui, reste à déterminer. Comme l’indique la porte-parole d’Hydro-Québec, l’équipe de projet planche actuellement sur l’identification des différents corridors propices au passage de la future ligne. Une fois le tracé et ses variantes déterminés, la société d’État soumettra le projet à la consultation publique. Les commentaires recueillis lors de cet exercice serviront à bonifier le projet, tant au regard de ses aspects techniques que des enjeux sociaux et environnementaux qui le sous-tendent. Les résultats des études et analyses seront dévoilés à l’hiver 2017.

Suivra en 2018 une étude d’impact environnemental, puis une période d’information et de consultation publiques menée par la Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), qui pourrait éventuellement débouchée sur un mandat d’audiences publiques. Quant aux travaux, ils devraient débuter en 2019 et s’échelonner sur trois ans. Au plus fort des travaux, quelque 400 travailleurs pourraient évoluer au chantier. « Le projet pourrait être fractionné en plusieurs lots, mais cela reste à voir », note Marie-Claude Lachance.

« Il y aura aussi ajout d’équipements aux postes Micoua et Saguenay, mais habituellement ces travaux font l’objet d’appels d’offres distincts, précise-t-elle. Par contre, nous allons faire en sorte de maximiser les retombées économiques, qui représentent environ 15 % de la valeur du projet.  On pense entre autres à un salon de la sous-traitance afin de favoriser le réseautage entre les grands entrepreneurs et les fournisseurs régionaux, qui peuvent notamment participer à l’amélioration des accès, au déboisement, à l’approvisionnement et aux travaux de fondation, d’assemblage des pylônes et au déroulage des câbles. » •


Ligne de transport à 735 kV

CALENDRIER DE PROJET

2016-2018
Réalisation des études et consultations publiques
2018
Dépôt de l’étude d’impact sur l’environnement
2018-2019
Autorisations gouvernementales
2019-2022
Construction
2022
Mise en service

 

Source:Hydro-Québec