MAGAZINE CONSTAS

L’ACRGTQ au Congrès mondial de la route

INFRASTRUCTURES 3.0

Mission technique

« Le Congrès mondial de la route s’adresse aux administrateurs publics qui se questionnent sur les avancées et l’évolution des technologies », précise Pierre Tremblay, directeur secteur science, technologie et innovation à l’ACRGTQ

34 délégués, ingénieurs et entrepreneurs membres de l’ACRGTQ, ont participé à sa récente mission technique du 5 au 21 octobre dernier aux Émirats arabes unis (EAU), à l’occasion du 26e Congrès mondial de la route d’Abou Dabi.

par Michel Joanny-Furtin

«Il s’agissait de combiner ce congrès avec un déplacement en Afrique du Sud pour y rencontrer les responsables commerciaux et techniques de l’ambassade et des consulats », explique Me Gisèle Bourque, Directrice générale de l’ACRGTQ. « Notre association participe régulièrement à ce congrès international – le 26e depuis 1908 à Paris – pour partager divers points d’intérêts et enjeux communs concernant le réseau routier et les transports en général. »

« Dans les débats, et sous toutes les latitudes, on parle désormais des matériaux dans un contexte de récupération, recyclage et réutilisation afin de réincorporer différents intrants dans les chaussées », remarque Pierre Tremblay.

Pierre Tremblay, de l’ACRGTQ

« Le Congrès mondial de la route s’adresse aux administrateurs publics qui se questionnent sur les avancées et l’évolution des technologies », précise Pierre Tremblay, directeur secteur science, technologie et innovation à l’ACRGTQ. « Ce type de réunion professionnelle permet de comprendre l’empreinte des cultures locales dans les procédures mises en place sur les projets et les chantiers. Par exemple, l’Allemagne est très portée sur les formes de haute performance technologique des infrastructures routières; la Chine se targue de produire très rapidement de hauts volumes; etc. »

26e Congrès mondial de la route d’Abou Dabi. CR: ACRGTQ

Les participants ont assisté à plusieurs « présentations techniques de méthodes innovantes à la fine pointe de la technologie, de même qu’à des conférences sur l’amélioration de la gestion et des résultats. Il y fut aussi question de planification et de prévention des catastrophes, de conception de chaussées et pistes écologiques, des partenariats public-privé, et de viabilité hivernale. »



L’informatisation des routes

Le congrès se déroulant dans le golfe Persique; il y fut donc question des conditions climatiques dans la construction car le climat peut interagir sur la production des infrastructures. « Abou Dabi montre une architecture contrastante avec beaucoup de verre pour la captation d’énergie. Les immeubles doivent résister aux vents de sable. Cela exige des matériaux résistant à cette érosion », dit Pierre Tremblay. « On trouve donc beaucoup de laveurs de vitres », ajoute-t-il en souriant. « Le froid aussi influe sur le comportement des matériaux, comme par exemple les effets du gel/dégel dans notre pays ou dans les pays scandinaves, qui ont un climat très proche du nôtre », rappelle Pierre Tremblay.

« Les nombreux ateliers du congrès nous ont permis d’appréhender la diversité des techniques et produits actuellement accessibles et les recherches sur les meilleurs pratiques en cours concernant l’administration des infrastructures résilientes, la mobilité des populations et des marchandises, l’état des recherches sur les matériaux et produits, etc. » Plusieurs conférences ont traité des données numériques, ce qui inclut « l’informatisation des chaussées, les routes “électroniques”, le futur des nouveaux véhicules autonomes, l’entretien des chaussées en temps réel, grâce à des capteurs de données sur la réaction de la structure et la programmation informatisée des réparations afin d’en limiter les coûts, et augmenter la durée de vie de l’infrastructure en faisant la bonne intervention au bon moment », raconte l’ingénieur.

Masdar, éco-ville expérimentale. En cours de construction, la ville de Masdar (« Source » en arabe), près d’Abou Dabi, dispose déjà d’un quartier expérimental, véritable laboratoire grandeur nature d’une ville intelligente et écologique. Masdar développe le concept d’une éco-ville, avec une intégration numérisée de la gestion des eaux, des déchets, de la mobilité (chaussées équipées pour la gestion des transports, taxis autonomes…). Cette ville repense la façon de bâtir en disposant les bâtiments selon le sens des vents dominants, en les maximisant selon une architecture environnementale, avec des couleurs et des matériaux non réfléchissants. Des dispositions qui, entre autres, réduisent la température de 40˚C hors de la ville, et à 30˚C dans la ville. ( https://www.connaissancedesenergies.org/fiche-pedagogique/masdar-city)

Pas d’infrastructure durable sans suivi

« Dans les débats, et sous toutes les latitudes, on parle désormais des matériaux dans un contexte de récupération, recyclage et réutilisation afin de réincorporer différents intrants dans les chaussées », poursuit Pierre Tremblay. « Les chercheurs évaluent leurs spécificités sur des routes secondaires dans différents endroits du monde. Par exemple, l’asphalte en styromousse, issu de la récupération, s’avère un intrant plus léger au Mexique. Autre exemple, un nouvel asphalte japonais qui s’accommode mieux avec l’eau et propose une alternative aux nids-de-poule; etc. ».



« Au Québec, le ministère des Transport s’inspire des procédés étrangers pour intégrer de nouvelles approches ici. Certes, on ne peut pas tout importer. Toutefois, conclut Pierre Tremblay, le défi commun à toutes les administrations reste qu’une infrastructure, la plus durable soit-elle (50 ans pour les routes et 100 ans pour les infrastructures), aura toujours besoin d’un cycle de réparation et d’entretien versus les dégradations. Il n’y aura pas de matériaux de longue durée sans suivi… » ■