MAGAZINE CONSTAS

Le projet Bonaventure

Pleins feux sur le nouveau boulevard urbain Robert-Bourassa

La Ville de Montréal a remporté le prix Élixir, remis par PMI-Montréal le 4 décembre dernier, pour le projet Bonaventure.

Le boulevard urbain Robert-Bourassa, nommé en l’honneur de l’ancien premier ministre, a été inauguré en septembre dernier, ce qui représente l’aboutissement de six ans de travaux permettant le remplacement de l’ancienne autoroute Bonaventure sur pilotis entre le milieu du canal de Lachine et la rue Notre-Dame Ouest par un nouveau boulevard urbain au niveau du sol. Legs à l’occasion du 375e anniversaire de la Ville de Montréal, le boulevard urbain a coûté 141,7 M$. Pierre Sainte-Marie, chef de division et responsable du projet Bonaventure à la Ville de Montréal, fait le portrait de ce projet d’envergure.

Par Magalie Hurtubise

«Plutôt que d’investir pour prolonger la vie utile de cette structure sur pilotis construite en 1966, la Ville a choisi de la remplacer par un boulevard urbain au niveau du sol. Cette opération d’envergure, qui constitue le cœur du projet Bonaventure, permet de renouveler une entrée majeure du centre-ville», indique M. Sainte-Marie.

Les travaux se sont déroulés en trois grandes phases: le remplacement de l’ensemble des infrastructures souterraines du secteur (2011 à 2014), la destruction de l’autoroute sur pilotis et la construction du boulevard urbain (2015-2016) et la réhabilitation des sols et l’aménagement de lieux publics sur les îlots dégagés par la démolition de l’autoroute (2017).

La firme Construction Bau-Val inc. s’est occupée des travaux de démolition de l’autoroute et de construction des nouvelles rampes de début et de fin d’autoroute, de même que du réaménagement de la rue Duke et Wellington; deux contrats totalisant plus de 45 M$.

1. Un aperçu avant/après des travaux du projet Bonaventure. Crédit: Ville de Montréal

Enjeux de circulation

Dans un effort de minimiser les impacts sur la circulation, mais aussi pour conserver le libre accès au centre-ville tout au long du projet, les travaux ont été exécutés en suivant une séquence particulière.

«Ces étapes correspondent au réaménagement de la bretelle de sortie de l’autoroute Ville-Marie afin d’élargir la rue de Nazareth à sa configuration finale, à la démolition de la portion est (direction centre-ville) de la structure sur pilotis, au réaménagement de l’entrée à l’autoroute Ville-Marie afin d’élargir la rue Duke à sa configuration finale, au raccordement du nouveau boulevard à l’autoroute Ville-Marie complétant ainsi la configuration du nouveau boulevard et à la démolition complète de l’autoroute Bonaventure », explique Pierre Sainte-Marie.

D’ailleurs, la construction de piliers temporaires a permis de conserver trois voies de circulation du côté ouest pour accommoder les quelque 27 000 conducteurs qui circulent quotidiennement sur l’autoroute Bonaventure.

2. Un autre avant/après des travaux avec vue sur une œuvre de Jaume Plensa. Crédit: Ville de Montréal

Minimiser les impacts

M. Sainte-Marie ajoute que le caractère urbain, dense et complexe de ce secteur a été pris en compte par la Ville de Montréal à toutes les étapes du chantier. « Il était impératif d’accommoder la circulation régionale liée à l’autoroute Bonaventure, de maintenir les temps de parcours sur les dizaines de lignes d’autobus liant la Rive-sud au centre-ville et de se concerter avec les diverses parties prenantes », affirme M. Sainte-Marie.

Fait intéressant à noter, l’ensemble du béton de l’ancienne autoroute a été concassé sur place. En tout, 95 % des quelque 47 000 tonnes de béton concassé a été réutilisé sur le site dans le remblai des rampes construites au sud de la rue Wellington, réduisant ainsi le camionnage et ses impacts. Le 5% restant a été réutilisé dans le projet de réaménagement de l’échangeur Turcot.

En tout, 95 % des quelque 47 000 tonnes de béton concassé a été réutilisé sur le site dans le remblai des rampes construites au sud de la rue Wellington, réduisant ainsi le camionnage et ses impacts.

« La construction par remblai a permis de réutiliser une très grande proportion du béton de l’ancienne autoroute ayant été concassé. De cette façon, la Ville a pu faire des économies substantielles en plus de réduire les impacts environnementaux (camionnage, production des matériaux neufs, etc.) », indique M. Sainte-Marie.

Une porte d’entrée toute neuve

Le tronçon de l’autoroute réaménagé dans le cadre du projet Bonaventure, long de 850 m, est passé de six voies (dans les deux directions) à neuf voies (4 en direction nord, 5 en direction sud).

« Les conséquences du passage quotidien de milliers d’autobus métropolitains depuis plus de 10 ans à travers un secteur résidentiel ont été éliminées grâce à l’implantation de voies réservées aux autobus 24 heures sur 24 dans les rues Duke et de Nazareth », soutient M. Sainte-Marie, ajoutant que les milliers d’usagers du transport collectif bénéficient maintenant d’un embarcadère et d’un débarcadère réaménagés à même les trottoirs élargis.

Le nouveau boulevard urbain comprend plus de 24 000 m2 de nouveaux lieux publics, soit l’équivalent de la superficie de cinq terrains de football et la plantation de plus de 300 nouveaux arbres et 15 000 nouveaux arbustes et vivaces. Ces travaux d’aménagement dans les îlots centraux, évalués à 15 M$, ont été réalisés par Excavation Loiselle inc. en 2017.
Les nouveaux lieux publics comprennent des aires de jeux pour enfants, un espace d’exercice extérieur, des chaises longues, des aires de pique-nique ainsi qu’une promenade qui serpente le long du boulevard et qui met en valeur les œuvres des artistes Jaume Plensa et Michel de Broin.

La Ville de Montréal a d’ailleurs remporté le prix Élixir, remis par PMI-Montréal le 4 décembre dernier, pour le projet Bonaventure. •