MAGAZINE CONSTAS

La Station de traitement de l’eau potable J.-M. Jeanson de Sherbrooke

Mise aux normes et agrandissement

Le projet a été nommé parmi les projets innovateurs 2017 de l’Ordre des ingénieurs du Québec par sa façon unique de se démarquer. Aujourd’hui, plus de 150 000 personnes (environ 90 % de la population de Sherbrooke) utilisent l’eau traitée par la station.

Jusqu’en 1966, l’eau potable à Sherbrooke a été prise dans la rivière Magog. C’est grâce à J.-M. Jeanson, entrepreneur général, échevin de la Ville de 1955 à 1967, que fut approuvé par le conseil municipal en 1964, un changement de prise d’eau du barrage Drummond, sur la rivière Magog, au lac Memphrémagog, donnant ainsi à la Ville de Sherbrooke la chance de pouvoir compter sur une source d’approvisionnement primaire d’excellente qualité.

Par Jean Brindamour

C’est en 1977 que la station de traitement de l’eau potable J.-M.-Jeanson fut construite. Au début de 2010, on décida de lui faire subir des modifications majeures ainsi qu’un important agrandissement.

Par cet agrandissement, la Ville répondait à l’augmentation de la demande, tandis qu’une mise aux normes permettait d’offrir une qualité d’eau potable encore supérieure. « Cet agrandissement a consisté principalement, explique Michel Cyr, chef de la Division de la gestion des eaux à la Ville, à l’ajout de 11 unités de filtration membranaire, dont 9 pour la filtration primaire et 2 pour la filtration secondaire, ce qui a nécessité la construction d’un nouveau bâtiment. »

 

Station J.-M.-Jeanson. Quatre pompes à vitesse variable pour la distribution. CR : François Lafrance

 

Les travaux ont été réalisés de 2013 à 2015 pour un coût de 31,4 millions $. « Ce coût, note M. Cyr, inclut environ 2,4 millions $ en mandats d’ingénierie. » Les travaux en génie civil ont été réalisés par Construction Longer inc., une entreprise de Sherbrooke, qui eut la responsabilité de la rénovation du bâtiment et de la construction complète d’une partie neuve pour une valeur de l’ordre de 18 millions $. Quant à l’équipement de filtration membranaire, c’est Allen Entrepreneur général inc., dont le siège social est situé sur la rive sud de Québec, qui l’a fourni et installé, pour environ 11 millions $.

 

Station J.-M.-Jeanson. Une des pompes doseuses de chloration. CR : François Lafrance

 

Par cette filtration membranaire, Sherbrooke se distingue de la plupart des autres villes, qui appliquent la classique filtration sur sable. En gros, il s’agit d’une technique de filtration par membrane, une membrane qui retient les particules et les molécules non désirées (le « rétentat ») et laisse passer une eau plus pure (le « perméat »). « C’est une filtration beaucoup plus fine, souligne Michel Cyr, donc grandement plus efficace; ce procédé requiert moins de superficie de bâtiment (donc moins d’investissements en construction de bâtiment) et plus de facilité pour l’opération et l’entretien. Notre eau à la source permettait le choix de cette filtration tout en évitant d’autres étapes de prétraitement (coagulation), sans besoin d’aucune utilisation de produits chimiques. »

Station J.-M.-Jeanson. Ozoneurs de la compagnie Pinnacle Ozone Solutions. CR : François Lafrance

 

« Quant au procédé d’ozonation, qui existe depuis plus de cinquante ans, nous avons pu, grâce à un nouveau fournisseur au Québec, la compagnie H2O Innovation dont le siège social est situé à Québec, installer trois unités d’ozonation fabriquées par la compagnie Pinnacle basée aux USA [voir photo]. Elles possèdent plusieurs avantages : elles sont très compactes (donc peu d’espace requis), très faciles d’entretien, peu coûteuses à l’achat et à l’entretien, elles consomment peu d’électricité, elles sont très efficaces. » Le projet a été nommé parmi les projets innovateurs 2017 de l’Ordre des ingénieurs du Québec par sa façon unique de se démarquer. Aujourd’hui, plus de 150 000 personnes (environ 90 % de la population de Sherbrooke) utilisent l’eau traitée par la station.

 

Station J.-M.-Jeanson. Analyse par une employée spécialisée de la Ville de Sherbrooke d’un échantillon prélevé sur le réseau d’aqueduc.
CR : François Lafrance

 

La Ville de Sherbrooke a remporté à la suite de ces travaux deux prix prestigieux, celui de meilleure eau potable au Québec, lors d’un concours organisé en octobre 2017 par Réseau Environnement, et la médaille d’argent pour la meilleure eau potable en Amérique du Nord lors du concours « Best of the Best Taste Test », organisé à Las Vegas par l’American Water Works Association (AWWA). •


Le chemin de l’eau sherbrookoise en 6 étapes
1. L’eau est puisée dans le lac Memphrémagog, à 14 m de profondeur. La conduite aspire l’eau sur 152 m jusqu’au poste de pompage situé sur une rive du lac. Six pompes dirigent alors l’eau sur une distance de 27 km jusqu’à la station.
2. D’abord tamisée dans 5 tamis de 300 microns, l’eau est ensuite filtrée dans les neuf unités de filtration membranaire installées lors des travaux.
3. Trois ozoneurs stérilisent alors l’eau, ce qui détruit les bactéries et élimine l’odeur, la couleur et le goût.
4. 4 pompes doseuses injectent le chlore liquide à 12 % de concentration. Une infime quantité de chlore est ajoutée à l’eau au moment de quitter la station pour éliminer tout risque de contamination.
5. L’eau ozonée réside ensuite dans un grand réservoir souterrain, situé tout près de l’usine, qui contient 90 millions de litres d’eau. On compte 12 réservoirs au total.
6. La distribution de l’eau à l’ensemble des foyers sherbrookois s’effectue grâce à 4 pompes à vitesse variable capables de fournir 43 000 m3 par jour. Plus de 6000 échantillons sont prélevés annuellement et analysés partout sur le réseau afin de valider la qualité de l’eau consommée par la population.