Le drone et la carrière
Une association qui prend son envol
Jumelé à un logiciel d’interprétation, le drone est entre autres employé dans le secteur des carrières et des sablières lors des inventaires de fin d’année.
Hier, ils servaient à des fins militaires. Aujourd’hui, ils se démocratisent à mesure que leurs usages se multiplient. Naturellement intégrés au monde de l’arpentage, ils s’imposent graduellement dans les carrières et les sablières, où on apprécie la fiabilité des informations fournies. Bienvenue dans l’univers des drones.
Par Marie Gagnon
Les premiers aéronefs sans pilote (ASP), ou drones, ont pris leur envol peu après la Première Guerre mondiale, mais ils ne connaîtront de véritable essor qu’à l’époque de la Guerre froide. Depuis, ils font partie de l’arsenal du champ de bataille. Cependant, comme la plupart des innovations issues de la défense, la technologie des drones a été adaptée au secteur civil, où elle s’est notamment intégrée au monde de l’arpentage et, dans un sens plus large, à celui des carrières et des sablières.
« Encore aujourd’hui, ce sont les militaires qui mènent la recherche, note Frédéric Dufault, président d’Aéro 3D, division d’Enviro 3D conseils, une firme spécialisée dans l’aménagement et l’urbanisme durables. Et les appareils ont beaucoup évolué avec la miniaturisation, l’électronique et les technologies de l’information. Ils ont maintenant une plus grande autonomie en vol et, au fil du temps, on leur a attaché différents équipements, dont des caméras haute résolution qui fournissent des informations de qualité. »
Des applications à la tonne
Le drone offre ainsi plusieurs applications dans les domaines nécessitant des travaux d’arpentage. Il permet notamment de réaliser des modèles numériques 3D et des calculs volumétriques via un système intégré pour les prises de vue aériennes ou la production de levés LiDAR. Jumelé à un logiciel d’interprétation, il est entre autres employé dans le secteur des carrières et des sablières lors des inventaires de fin d’année.
« On peut faire une mosaïque de photos et composer une image en trois dimensions d’une pile de granulats afin d’en mesurer le volume, précise Frédéric Dufault. On peut aussi évaluer les quantités de matériel prélevé dans la carrière afin de chiffrer la redevance pour l’entretien de la voirie locale. J’ai moi-même survolé une carrière et pris autour de 4 000 photos. Puis, avec un logiciel d’interprétation, j’ai monté un modèle 3D qui montre la carrière au complet et donne une appréciation juste de l’état des lieux… »
Le drone se veut ainsi un excellent outil d’aide à la décision. Les images haute définition fournies par l’appareil permettant littéralement de voir à distance, il est possible de repérer les milieux humides. En cas de déversement accidentel de granulats dans une zone humide, les images datées peuvent confirmer la remise en état des lieux à partir du jour 1. Même chose pour la réhabilitation d’une carrière en fin d’exploitation, comme l’exige le nouveau règlement sur les carrières et sablières.
Un usage réglementé
« Dans le secteur des carrières, leur usage premier, c’est le calcul de quantités, résume Frédéric Dufault. C’est plus rapide que de recourir aux services d’un arpenteur, donc moins cher. Là où un arpenteur mettrait dix jours pour cartographier un site, le drone le fera en sept heures environ. Sur le plan de la santé-sécurité du travail, c’est un atout aussi : il y a moins de gens qui déambulent hors véhicule, donc moins de risques d’incidents. »
Bien que le drone se soit démocratisé, ses applications ne s’adressent pas pour autant à monsieur Tout-le-monde. Les nombreux incidents impliquant des drones, notamment dans l’espace aérien, ont d’ailleurs poussé le gouvernement canadien à régir leur utilisation. Depuis juin dernier, les pilotes de drone doivent se plier au Règlement de l’aviation canadien (RAC), si leur appareil pèse plus de 250 grammes mais n’excède pas 25 kilogrammes.
« Aujourd’hui, on trouve des drones pour tous les budgets, indique Frédéric Dufault. Mais pour faire un bon travail, ça prend deux drones, dont un en réserve. À 5 000 dollars et plus le drone, ce n’est pas évident pour les petits exploitants, qui ont déjà plus d’un chapeau à porter. Mieux vaut alors engager un spécialiste. C’est le choix que font certains. D’autres, qui exploitent plusieurs sites, préfèrent parfois former quelqu’un à l’interne. Peu importe le choix, il faut juste s’assurer d’être en règle. » •
LE DRONE EN 4 AVANTAGES
1.Des rapports fiables et précis pour contrôler les quantités de matériaux qui sortent de vos carrières et sablières;
2. Des relevés d’une grande précision ne pouvant être reproduits avec les méthodes conventionnelles;
3. Une réduction importante du temps d’exécution pour la production de relevés topographiques;
4. Une solution économique au vu de la quantité d’informations récoltées.