MAGAZINE CONSTAS

La mixité dans la construction

Chantier bien ordonné commence par soi-même

Qui pense aux métiers non traditionnels pour les femmes dit secteur de la construction, une industrie qui encore aujourd’hui est l’apanage des hommes. Pour renverser la tendance, des organisations ont entrepris en leur sein une petite révolution. Parmi ces fers de lance, le Groupe Gilbert, qui a récemment remporté le prix Reconnaissance-mixité de l’Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec (ACRGTQ).

par Marie-Ève Martel

 

 

Les différentes mesures mises en place par le Groupe Gilbert pour augmenter le nombre de femmes au sein de ses divisions lui ont valu le prix Reconnaissance-mixité cette année. Photo : Marc-André Couture

En 2022, les femmes comptaient pour moins de 4% de la main-d’œuvre du secteur de la construction. Vingt-deux ans plus tôt, elles étaient pratiquement absentes du portrait, comptant pour à peine 0,52% des travailleurs de la construction.

Or, sur le chantier du prolongement de la route 138, dans le secteur de La Romaine, sur la Côte-Nord, plus de 12% de la main-d’œuvre était féminine, note le chargé de projet Jean-Philippe Martel, ingénieur, en vertu d’un programme d’égalité à l’emploi.

« C’est un chantier qui se déroule en territoire autochtone, alors on le réalise étroitement avec la communauté Unamen Shipu, explique l’ingénieur. Il y a entre 45% et 50% de la main-d’œuvre du chantier qui provient du milieu, et de ce nombre, le quart est constituée de femmes. »

 

À propos du Groupe Gilbert

Fondé en 1957 par le camionneur artisan Fernand Gilbert, le Groupe Gilbert est aujourd’hui formé de 11 entreprises spécialisées en dynamitage, en concassage, en transport, en logistique, dans les infrastructures, les projets de génie civil ou minier, les projets environnementaux ou le secteur de l’investissement. La polyvalence et la synergie créées par la collaboration de ces entreprises permettent au Groupe Gilbert d’offrir des services clés en main.

 

Photo fille chantier
Si les femmes comptent pour moins de 4% de la main‑d’œuvre dans le secteur de la construction, elles représentaient plus de 12 % des bras à l’œuvre dans le prolongement de la route 138, un chantier chapeauté par le Groupe Gilbert. Photo : Groupe Gilbert

Quand je reçois un CV, tout le monde a sa chance. Il n’y a pas de discrimination. Ça fait parfois en sorte qu’on a de belles surprises.

— Jean-Philippe Martel, Groupe Gilbert

 

Sur une centaine de travailleurs, seules 12 femmes manœuvraient de la machinerie lourde au chantier du prolongement de la route 138 dans le secteur La Romaine sur la Côte-Nord.

 

L’embauche de personnel autochtone a mené à l’implantation d’horaires flexibles favorisant la conciliation travail-famille sur le chantier du prolongement de la route 138 du Groupe Gilbert. Photo : Groupe Gilbert

À propos du prix Reconnaissance-mixité

Le prix Reconnaissance-mixité est remis chaque année par l’ACRGTQ. Cette récompense vise à souligner les efforts d’une entreprise québécoise dans l’intégration d’un plus grand nombre de femmes dans l’industrie.

 

Plus d’une douzaine de femmes ont été embauchées comme opératrices d’équipement lourd. Le Groupe Gilbert, avait l’embarras du choix : au terme d’une formation spécialisée donnée dans la communauté, 16 des 20 membres de la cohorte étaient des femmes.

« Il s’agit d’une main-d’œuvre très compétente, renchérit Jean-Philippe Martel. Elles sont parfois même meilleures que certains de leurs collègues masculins ! »

Femme mécanique
La mécanicienne de foreuse Laurahan Thibeault est employée du Groupe Gilbert. On la voit ici devant une Foreuse Sandvik DX800. Photo : Groupe Gilbert

Pour le chargé de projet, la compétence a préséance sur le sexe ou l’origine des candidats.

L’embauche de personnel autochtone a mené à l’implantation d’horaires flexibles favorisant la conciliation travail-famille. «Nous, on n’amène pas notre famille ici, alors qu’eux sont établis ici avec la leur, mentionne Jean-Philippe Martel. On a procédé à des allègements pour permettre aux mères de commencer plus tard ou de finir plus tôt pour prendre soin de leurs enfants.»

D’autres mesures ont aussi été mises en place, notamment une politique préventive contre le harcèlement psychologique et sexuel au travail. «C’est sûr que sur nos chantiers, il y a encore des vieux loups, et aussi des jeunes, à qui on doit parfois rappeler que certaines choses ne se disent plus en 2024, qu’on doit faire attention», relève Jean-Philippe Martel. 

Aux entreprises qui hésiteraient encore à recruter des femmes, Jean-Philippe Martel leur dit de plonger. «Je les encourage à ouvrir leurs horizons. La main-d’œuvre est difficile à trouver, tout le monde a intérêt à casser les stéréotypes. Il y a moyen de faire en sorte que tout le monde trouve sa place.» ■