Le réaménagement de la tête des ponts à Québec
Un mégachantier pour la capitale nationale
Dossier Constas
INNOVATION : PROJETS ET PERSPECTIVES
La Ville de Québec n’a aucune part dans ces travaux, mais procède de son côté, dans le cadre du tramway de Québec, à des aménagements qui devront s’imbriquer au projet du MTMD.
Le projet n’est pas nouveau. Il fut d’abord annoncé en mars 2011, par le ministre des Transports de l’époque, Sam Hamad, et le maire de Québec, Régis Labeaume. « Ça va changer l’image et l’entrée de la capitale », déclarait Sam Hamad sur ce projet alors estimé à un milliard $. On prévoyait à ce moment-là une dizaine d’années pour sa réalisation. En 2018, François Legault, accompagné toujours par Régis Labeaume, annonçait que le réaménagement des ponts est l’une des trois priorités régionales de son gouvernement. La priorité aura attendu 12 longues années.
Par Jean Brindamour
En 2023, le projet, qui ne porte plus le nom de « Réaménagement de la tête des ponts », est revenu en force. « “Échangeurs au nord des ponts Pierre-Laporte et de Québec intégrant des mesures pour le transport collectif – Reconstruction et aménagement”, précise la porte-parole du ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD) Émilie Lord, est en effet la version actuelle du projet dont les analyses ont débuté vers 2011. Il s’agit d’un projet majeur selon la Directive sur la gestion des projets majeurs d’infrastructures publiques. » Mentionnons que c’est le Conseil du trésor qui a le pouvoir de formuler des directives en matière de gouvernance et de gestion des infrastructures publiques et de déterminer, selon des critères préétablis, qu’un projet d’infrastructure publique est un projet majeur.
« Le changement de nom du projet, poursuit la porte-parole, a simplement pour but d’être cohérent avec les autres projets du Plan québécois des infrastructures (PQI) ayant des interventions semblables. En plus de la reconstruction des infrastructures, de l’aménagement d’un corridor bidirectionnel de transport en commun et des interventions architecturales et paysagères, cette option prévoit un réaménagement de la configuration des échangeurs. »
Un projet en deux temps
« Le projet, explique-t-elle, sous la responsabilité du MTMD, se décline en 2 phases. La phase 1 consiste en des travaux préparatoires. Elle vise le réaménagement de l’avenue des Hôtels, qui inclut l’insertion d’un corridor dédié aux autobus, entre le pont de Québec et le pôle d’échanges Sainte-Foy, prévu dans le projet du tramway de Québec, sous la responsabilité de la Ville de Québec. » On comprend que le grand projet de la Ville de Québec qu’est le tramway est pour quelque chose dans la renaissance du projet de 2011.
« Cette phase 1, continue Mélanie Lord, fait partie de la vision du Réseau Express de la Capitale (REC) mise de l’avant par le gouvernement. La vision du REC inclut aussi le tramway. Le but de la phase 1 est d’assurer l’interconnexion efficace du transport en commun entre les deux rives, en prévoyant la connexion du corridor d’autobus utilisé par la Société de transport de Lévis à un des pôles d’échanges du tramway de Québec. »
« Les travaux du MTMD sont divisés en plusieurs lots de travail, qui font l’objet de processus d’octroi de contrat différents. Il reste possible qu’un même entrepreneur remporte plusieurs processus différents. »
— Émilie Lord, porte-parole du MTMD
Mais c’est la phase 2 qui rejoint davantage l’objectif du projet initial de 2011. Même si ce dernier n’a jamais abouti à un plan précis, l’idée sous-jacente était de réaménager le « spaghetti » autoroutier à la tête des ponts, pour le rendre à la fois plus fonctionnel et plus esthétique : « La phase 2, raconte la porte-parole, prévoit le réaménagement géométrique des échangeurs au nord des deux ponts, notamment dans un souci de fonctionnalité, de sécurité et d’esthétisme. Outre l’amélioration du transport en commun et du réseau routier, le projet vise également l’amélioration du confort et de la sécurité des déplacements actifs ainsi que la mise en valeur du paysage de la principale porte d’entrée de la capitale nationale. »
La Ville de Québec n’a aucune part dans ces travaux, mais procède de son côté, dans le cadre du tramway de Québec, à des aménagements qui devront s’imbriquer au projet du MTMD. « La Ville de Québec, indique Émilie Lord, est responsable du projet du tramway : elle réalisera les travaux de réaménagement du boulevard Laurier à l’est de l’avenue Lavigerie ainsi que le pont d’étagement qui permettra aux autobus d’accéder au pôle d’échanges Sainte-Foy. Un arrimage serré est assuré entre les deux entités pour le secteur du boulevard Laurier où les infrastructures s’inséreront les unes dans les autres. Le MTMD est entièrement responsable des deux phases du projet majeur. Pour la phase 1, le MTMD réalisera les travaux de réaménagement de l’avenue des Hôtels et du boulevard Laurier, à l’ouest de l’avenue Lavigerie, ainsi que les travaux associés au tunnel et aux trémies du corridor d’autobus, jusqu’au pont d’étagement qui permettra aux autobus d’accéder au pôle d’échanges Sainte-Foy. »
Des informations cruciales à venir
On ignore pour le moment les coûts du projet global ou même ceux de la phase 1 : « Les coûts des travaux de la phase 1, note la porte-parole, ne peuvent être divulgués actuellement, car des processus d’appel d’offres sont en cours et nous devons assurer la compétitivité des soumissionnaires. Les coûts globaux, incluant la phase 2 du projet, seront confirmés ultérieurement, une fois la planification finalisée.» Même constat pour les entrepreneurs en charge : « Les travaux du MTMD sont divisés en plusieurs lots de travail, qui font l’objet de processus d’octroi de contrat différents. Il reste possible qu’un même entrepreneur remporte plusieurs processus différents. » Quant à l’échéancier, rien de précis non plus : « L’échéancier global, incluant la phase 2 du projet, sera confirmé ultérieurement, une fois la planification finalisée. Pour la phase 1, l’objectif est d’arrimer la mise en service des aménagements en même temps que ceux du tramway », conclut Émilie Lord. On peut donc supputer, avec une considérable marge d’erreur, que l’année 2028 verra l’achèvement de la phase 1; pour ce qui est de la phase 2, il est probable que beaucoup d’eau coulera sous les ponts avant qu’elle ne soit complétée. ■
