MAGAZINE CONSTAS

Entretien avec le maire de Québec, Bruno Marchand

Un tramway de plus en plus populaire ?

DOSSIER CONSTAS : LES ENJEUX D’UN AVENIR VERT

« Avec l’arrivée du tramway, ce sont plusieurs dizaines d’autobus qui seront libérés et qui pourront être redistribués sur l’ensemble du territoire. Et j’ai pour mon dire que même ceux qui sont contre le tramway devraient avoir hâte qu’il arrive, parce qu’une personne dans le tramway est une personne de moins en avant d’eux dans leur voiture.» — Bruno Marchand

Élu maire de la Ville de Québec, le 14 novembre 2021, et président de l’Organisation des villes du patrimoine mondial en septembre 2022, Bruno Marchand est maintenant le maître d’œuvre du projet de tramway, l’un des plus importants de l’histoire de la Ville de Québec. Avec le maire Marchand, nous avons pu faire le point sur ce projet, mais aussi sur le troisième lien et sur sa conception de l’aménagement du territoire.

Par Jean Brindamour

Q / Comme maire de Québec depuis un peu plus d’un an, vous êtes un partisan convaincu du projet de tramway. Les sondages montrent pourtant un taux d’appui plutôt faible (entre 41% et 43%). Croyez-vous pouvoir augmenter ce pourcentage ? Quels sont vos arguments pour contrer ceux qui disent que ça coûtera trop cher et ceux (et ils sont nombreux) qui ne veulent rien savoir du transport en commun ?

R / C’est important de se tourner vers un passé récent et d’ouvrir nos horizons sur d’autres projets du genre partout dans le monde. Ces villes, comme Le Havre en France qui a beaucoup de similitudes avec Québec, ne reviendraient plus en arrière. Leurs élus se font même reprocher de ne pas aller assez vite pour développer des phases supplémentaires. En plus d’avoir un tramway, ces villes ont toutes un point commun. Au moment de l’implantation du projet, très peu d’entre elles dépassaient le 50 % + 1 d’adhésion. Nous sommes présentement dans un taux qui est enviable dans la population. Le taux d’adhésion augmente significativement dans les quartiers traversés par le projet. C’est ce qui nous dit que nous devrons travailler fort, et nous le faisons déjà, pour connecter les quartiers plus en périphérie au réseau de transport en commun. Avec l’arrivée du tramway, ce sont plusieurs dizaines d’autobus qui seront libérés et qui pourront être redistribués sur l’ensemble du territoire. Et j’ai pour mon dire que même ceux qui sont contre le tramway devraient avoir hâte qu’il arrive, parce qu’une personne dans le tramway est une personne de moins en avant d’eux dans leur voiture. Nos équipes font un excellent travail de vulgarisation et vont à la rencontre des citoyens. Nous sommes confiants parce que le projet est de mieux en mieux compris et qu’il répond à un besoin.



Ce projet amènera des milliers d’emplois et des milliards en retombées économiques directes et indirectes. Des emplois assurés pour des gens de chez nous alors que la situation économique connaît présentement une période d’incertitude. La Ville de Québec, par le biais de la construction du tramway, contribuera à relancer l’économie en cas de crise ou de récession.

« Ce projet [celui du tramway] amènera des milliers d’emplois et des milliards en retombées économiques directes et indirectes. Des emplois assurés pour des gens de chez nous alors que la situation économique connaît présentement une période d’incertitude. La Ville de Québec, par le biais de la construction du tramway, contribuera à relancer l’économie en cas de crise ou de récession. » — Bruno Marchand

Le tramway de Québec – maquette. CR- Ville de Québec

 

Q / La question de l’augmentation des coûts inquiète. Avec une inflation qui est mondiale et qui touchera nécessairement, aussi longtemps qu’elle durera, tous les projets à venir, grands ou petits, y a-t-il moyen de compenser, du moins en partie, cette inflation par un contrôle plus sévère des coûts, voire par des projets plus modestes ?

R / Le projet du tramway étant déjà lancé et le processus d’appel d’offres déjà enclenché, il est bien difficile pour moi de parler des coûts sans contrevenir à une des lois qui encadrent ce type de processus. Par contre, je peux vous assurer que les suivis qui sont faits sont rigoureux et prennent en considération toutes les données exceptionnelles comme celle de l’inflation galopante de la dernière année.



Q / Qu’en est-il de la position de la Ville sur le troisième lien, un projet qui reste populaire dans la région. La Ville aura-t-elle son mot à dire ?

R / C’est important de rappeler qu’il s’agit du projet du gouvernement du Québec. La Ville de Québec n’a pas encore pris position sur le projet du gouvernement puisque nous ne possédons pas encore les données scientifiques qui justifient le projet. Le gouvernement a promis de faire des études et nous les attendons. Le Ville de Québec aura certainement de très bonnes discussions avec le gouvernement pour faire valoir ses priorités. Par exemple, il est primordial pour nous de savoir où sortiront les voies de circulation dans la ville et qu’elles en seront les conséquences sur le flux routier. De plus, nous souhaitons que des mesures soient mises en place pour ceinturer l’étalement urbain.

« C’est important de se tourner vers un passé récent et d’ouvrir nos horizons sur d’autres projets du genre partout dans le monde. Ces villes, comme Le Havre en France qui a beaucoup de similitudes avec Québec, ne reviendraient plus en arrière. Leurs élus se font même reprocher de ne pas aller assez vite pour développer des phases supplémentaires. En plus d’avoir un tramway, ces villes ont toutes un point commun. Au moment de l’implantation du projet, très peu d’entre elles dépassaient le 50 % + 1 d’adhésion. Nous sommes présentement dans un taux qui est enviable dans la population. Le taux d’adhésion augmente significativement dans les quartiers traversés par le projet. C’est ce qui nous dit que nous devrons travailler fort, et nous le faisons déjà, pour connecter les quartiers plus en périphérie au réseau de transport
en commun. » — Bruno Marchand

Q / Un mot sur l’environnement. Quelle est la politique environnementale de la Ville non seulement par rapport aux grands projets, à la voirie, mais aussi au verdissement, aux cours d’eau, etc.?

R / Il existe plusieurs politiques à la Ville, ce serait très long de vous les décrire une à une; par contre, je peux vous parler globalement de notre vision pour mieux aménager le territoire. Premièrement, nous souhaitons repenser les façons de faire. Nous souhaitons qu’on sorte des sentiers battus et qu’on pense efficacité. Par exemple, ne pourrions-nous pas mieux développer nos quartiers en créant une certaines densité, qui diffère d’un endroit à l’autre de la Ville ? Est-ce que l’on peut planifier l’ajout d’une nouvelle route, mais d’une façon différente, en prévoyant du transport actif, du transport en commun, des îlots de verdissement et des meilleurs trottoirs ? La particularité avec Québec, c’est que c’est très grand et très différent d’un arrondissement à l’autre. Ce que je demande à mes équipes, c’est de toujours tout remettre en question. Comment faire pour faire différemment ? Les solutions qui conviennent au centre-ville ne sont pas les mêmes que dans la Haute-Saint-Charles par exemple. Nous devons avoir le souci d’un meilleur aménagement digne des années 2022 et de celles à venir. Pour créer des quartiers qui nous ressemblent, c’est important d’en faire de véritables milieux de vie. ■