LEQEL de père en fils et en fille
Une entreprise innovatrice à dimension humaine
Série Entreprises et entrepreneurs / Les entreprises familiales
« On veut arrêter la croissance avant d’être obligé d’avoir un département des ressources humaines ! Les employés, ici, je les connais tous. Ma sœur aussi. Et Martin également. Ils n’ont pas un numéro; ils ont un nom. On veut garder tout ça. » – Steeve Gonthier
Il y a plus de quarante-six ans, le 14 février 1975, Jean-Claude Gonthier et deux autres actionnaires fondaient une entreprise sous le nom de Beauce-Excavation, qui fut rebaptisée, dès le printemps suivant, Les Entreprises Québécoises d’excavation Limitée (L.E.Q.E.L.). Gonthier père est un Beauceron d’adoption, né, nous apprend son fils Steeve Gonthier, à Saint-Charles de Bellechasse, sur la rive sud de Québec, où il commença sa vie professionnelle, employé par son père, lui-même entrepreneur. « Le grand-père Gonthier, raconte Steeve, fut un des premiers à posséder de la machinerie dans son coin de pays. » En Beauce, le jeune Jean-Claude, avant même de fonder sa compagnie, travaillait déjà pour son compte : « Il faisait, relate Steeve Gonthier, de l’excavation en général, des fondations, de l’aqueduc, toutes sortes de travaux ».
Par Jean Brindamour
Jean-Claude Gonthier et ses deux associés débutèrent modestement. « Lorsqu’ils ont démarré la compagnie, ils se sont spécialisés dans le plantage de poteaux. » En 1977, l’entreprise obtient un contrat avec Québec-Téléphone (l’actuelle Telus) pour l’installation de poteaux à Québec et sur la Côte-Nord.
En 1978, c’est l’embauche du premier employé. Deux ans plus tard, L.E.Q.E.L. obtient des contrats de plantage de poteaux d’Hydro-Québec, de même qu’un contrat de QuébecTel (Telus) pour la pose de câbles aériens. L’entreprise emploie alors sept travailleurs.
Une première expansion
« Faire de la ligne de télécommunication en plus du plantage de poteaux a permis une première expansion, note Steeve Gonthier. En 1986-87, on a obtenu de QuébecTel un contrat pour la pose de fibre optique en Gaspésie. » C’était une grande nouveauté à l’époque que la fibre optique et qui imposait des défis particuliers. « À ce moment-là, avec la fibre optique, on ne pouvait pas faire de joints dans le fil, mais seulement à son extrémité. Il fallait mettre des tensionneurs quand on le déroulait car le fil n’était pas aussi résistant qu’aujourd’hui. On avait un touret avec 5, 7, 8 km de fils qu’on ne pouvait pas toujours poser dans une journée. Mais on n’avait pas le droit de laisser un touret avec du fil sur le bord du chemin, comme on le fait aujourd’hui, par peur du vol. Les gens pensaient que c’était du cuivre. Quand le touret n’était pas trop gros, on l’attachait en haut d’un poteau; sinon, on le mettait dans une grosse boîte de bois. » Cela ne privait nullement les voleurs de leur gagne-pain, puisqu’il n’y avait pas de cuivre dans ce fil. Ce savoir-faire dans la pose de fibre optique a donné à L.E.Q.E.L. une longueur d’avance sur la concurrence. Jean-Claude Gonthier et ses associés ont pu acheter des camions et engager du personnel.
« Lorsque Bell et les autres ont commencé dans la fibre optique, la haute vitesse, etc., cela annonçait beaucoup de projets. C’est là qu’on s’est dit : on prend le bateau. On a beaucoup investi, dans la machinerie, dans les bureaux, dans l’informatique. On avait déjà, moi, ma sœur et Martin [Chamberland] beaucoup d’expérience. À l’époque, il n’y avait que la fusion de la fibre optique où l’expertise nous manquait : on a donc été chercher des gens spécialisés dans ce domaine pour ouvrir ce département. » – Steeve Gonthier
De 1992 à 2010, plusieurs grands projets sont réalisés. La compagnie déploie notamment plus de 40 employés lors de la crise du verglas en 1998. En 2008, L.E.Q.E.L. se relocalise dans le Parc Industriel Armand-Viau, situé dans le secteur de l’Ancienne-Lorette; le dernier associé de Jean-Claude Gonthier quitte l’entreprise et cède ses actions à quatre nouveaux actionnaires, dont Steeve Gonthier, Marie-Claude Gonthier et Martin Chamberland, qui devinrent tous les trois, la colonne vertébrale de la compagnie.
Croître et maintenir
2010 est une date charnière : de nouveaux services tels l’émondage, le câblage intra-bâtiment, la fusion intra-bâtiment et les conduits souterrains se sont ajoutés à l’entreprise qui signe plusieurs ententes de services dans la Capitale-Nationale, notamment avec Bell, Vidéotron, Telus et Télébec. La compagnie triple son équipe pour atteindre un total de près d’une centaine d’employés. « Quand on a acheté, on n’avait pas le choix de se développer. Les clients voulaient de plus en plus des projets clé en main – ce que l’on n’offrait pas. On se privait ainsi de plusieurs opportunités. Lorsque Bell et les autres ont commencé dans la fibre optique, la haute vitesse, etc., cela annonçait beaucoup de projets. C’est là qu’on s’est dit : on prend le bateau. On a beaucoup investi, dans la machinerie, dans les bureaux, dans l’informatique. On avait déjà, moi, ma sœur et Martin [Chamberland] beaucoup d’expérience. À l’époque, il n’y avait que la fusion de la fibre optique où l’expertise nous manquait : on a donc été chercher des gens spécialisés dans ce domaine pour ouvrir ce département. La moyenne d’âge du personnel était en haut de 50 ans. On a placé des jeunes auprès des vétérans; on a investi dans la formation. Aujourd’hui on a un personnel polyvalent avec une moyenne d’âge d’environ 35 ans. »
2012 est l’année du renouvellement de l’image corporative de l’entreprise, d’abord par un nouveau nom, la compagnie « Les Entreprises Québécoises d’excavation limitée » s’appellera désormais LEQEL, qui n’est plus une abréviation mais un nom propre, et ensuite par un nouveau logo symbolisant l’offre d’un service complet et « clé en main ». « En allant vers le clé en main, il fallait changer l’image de la compagnie », commente Steeve Gonthier.
La période 2012 jusqu’à aujourd’hui en fut une de croissance, poursuit M. Gonthier, et en même temps de structuration. Il a fallu s’ajuster à tout ce développement. On ne voulait pas échapper le ballon. » La pandémie n’a pas été une grande épreuve pour l’entreprise, considérée comme un service essentiel.
LEQEL a pu grandir par sa capacité d’adaptation et d’innovation tout en conservant son caractère familial grâce à Marie-Claude et Steeve Gonthier qui forment, avec Martin Chamberland, un triumvirat. Ce volet familial souligne l’enracinement dans la communauté, une volonté de durer et de s’inscrire dans le temps long, un désir également de préserver une entreprise à dimension humaine. « On veut arrêter la croissance avant d’être obligé d’avoir un département des ressources humaines ! Les employés, ici, je les connais tous. Ma sœur aussi. Et Martin également. Ils n’ont pas un numéro; ils ont un nom. On veut garder tout ça. » ■