MAGAZINE CONSTAS

Main-d’œuvre et construction : l’enjeu de la compétence

Le secteur génie civil et voirie au premier rang du perfectionnement

« Le perfectionnement augmente l’attractivité de l’entreprise auprès des travailleurs. Ça compte dans un secteur qui tourne à plein régime, où on s’arrache la main-d’œuvre.»
– Jean-Marc Jacob

Le développement des compétences des travailleurs demeure un enjeu vital pour l’industrie de la construction. Surtout dans un contexte de plein emploi et de rareté de main-d’œuvre, où la sophistication des technologies et la compétitivité des marchés poussent les employeurs à rechercher des savoir-faire toujours plus pointus. Le secteur du génie civil et de la voirie fait d’ailleurs figure de bon élève en la matière.

Par Marie Gagnon

Dans son dernier rapport annuel, l’Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec (ACRGTQ) rapporte, tous secteurs confondus, une hausse de 10 % des formations en entreprise par rapport à l’exercice précédent. Porté par l’apogée de grands chantiers à Montréal et des programmes d’investissements publics colossaux, le secteur du génie civil et de la voirie se classe au premier rang de ce palmarès avec 85 activités de perfectionnement à son actif en 2016-2017. Soit un total de 2 300 heures de formation dispensées à 738 travailleurs issus de 41 entreprises différentes.

La plupart des formations aux entreprises sont dispensées pendant la période creuse, entre janvier et avril. Leur durée moyenne tourne autour de 25 heures.

Pour Philippe Gagnon, chef de section à la direction de la formation professionnelle de la Commission de la construction du Québec (CCQ), cette bonne posture s’explique en partie par le boom d’activité que connaît le secteur ces dernières années. « Beaucoup d’employeurs forment leurs travailleurs en préparation à un chantier, soit pour qu’ils se fassent la main sur de nouvelles façons de faire, soit pour qu’ils satisfassent les exigences du devis, tout simplement, dit-il. Pour d’autres, c’est à l’occasion de l’achat d’un nouvel équipement ou de l’acquisition d’une nouvelle technologie qu’ils vont former leurs travailleurs. »

 

Les engins de chantier sont toujours plus sophistiqués. Pour en tirer le plein potentiel comme pour en assurer l’entretien, il faut former les opérateurs selon les règles de l’art. CR: pxhere.com

Devancer la compétition

Quelle que soit la motivation, l’entreprise qui mise sur le perfectionnement de ses travailleurs sera gagnante sur tous les tableaux. D’abord en compétitivité. Par exemple, l’opérateur qui maîtrise toutes les facettes d’une fraiseuse-planeuse sera en effet plus efficace. Il en maximisera le potentiel et l’exploitera au mieux, réduisant ainsi le risque de bris et les retards indus. Du coup, la productivité au chantier s’en trouvera rehaussée. Tout comme la rentabilité de l’entreprise par ailleurs.
« L’employeur qui forme ses travailleurs aura aussi une meilleure rétention de personnel, note Jean-Marc Jacob, agent de promotion de la formation à l’ACRGTQ. C’est prouvé, les entreprises qui investissent dans le perfectionnement de leurs travailleurs ont un roulement de personnel inférieur à la moyenne. Ça augmente l’attractivité de l’entreprise auprès des travailleurs, et l’entreprise peut compter sur une main-d’œuvre compétente et qualifiée. Ça compte dans un secteur qui tourne à plein régime et où on s’arrache les travailleurs. »

Former sur mesure

Pour s’en prévaloir, rien de plus simple. Soit le travailleur s’inscrit lui-même à la formation de son choix depuis le répertoire des activités de perfectionnement de la CCQ, soit l’employeur fait appel à l’agent de promotion de la formation de son association patronale pour former un groupe de travailleurs. Une fois le besoin cerné, celui-ci le dirigera vers un conseiller du Service de la formation aux entreprises de la CCQ, qui élaborera un devis répondant aux besoins exprimés.

« On regarde d’abord si un devis existe déjà pour la formation demandée et on l’adapte si nécessaire en termes de durée et de modules de formation, indique Philippe Gagnon. Si les travailleurs ont déjà une bonne connaissance du métier, on va retrancher certains modules. On peut aussi monter un cours sur mesure, si la formation doit répondre à un besoin particulier comme l’introduction d’une nouvelle technologie ou l’achat d’un équipement de dernière génération. On convient ensuite du lieu et des dates de la formation. On va tout coordonner, y compris le formateur et la location d’équipement. » •

 


Et c’est gratuit !

Tous les frais liés à la formation en entreprise sont pris en charge par le Fonds de formation des salariés de l’industrie de la construction (FFSIC). Le FFSIC rembourse également les frais de transport et d’hébergement des participants, qui conserveront leurs prestations d’assurance-emploi le cas échéant. « Dans le secteur génie civil et voirie, tous les employeurs sont admissibles à la formation en entreprise, à condition d’avoir déclaré 1 500 heures au cours des 24 derniers mois et de détenir une licence valide », signale Jean-Marc Jacob, de l’ACRGTQ.