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Sécurité sur les sites de travaux routiers

Le MTQ consolide ses pratiques

L’élargissement de l’autoroute Henri-IV (73), les travaux sur l’échangeur Turcot et la réfection du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine figurent parmi la liste des plus importants chantiers routiers de cette décennie. La sécurité des usagers et des travailleurs routiers représente le fer de lance du ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports (MTQ) et ce, depuis de nombreuses années. Survol du Plan d’action 2017-2020 en matière de sécurité sur les sites de travaux routiers avec l’ingénieure et corédactrice du plan d’action, Audrée Perreault.

Par Magalie Hurtubise

Les nouvelles actions prévues dans le plus récent plan d’action ciblent plus particulièrement la bonification des normes et l’approfondissement de la formation pour s’assurer que les travailleurs possèdent les connaissances adéquates et que celles-ci soient mises à jour au besoin.

Le premier axe du plan vise l’augmentation de la sécurité sur les sites de travaux routiers autant pour les usagers de la route que les travailleurs, le deuxième axe touche la mobilité et le troisième axe se concentre sur les dispositifs de communication.

«Les trois axes sur lesquels nous travaillons portent sur des enjeux majeurs. Les améliorations que le nouveau plan vise à apporter concernent la sécurité sur les chantiers par la formation, la bonification et l’instauration de normes et de guides et par la transmission d’information pour les usagers de la route», explique Audrée Perreault.

Les constats

«Il y avait beaucoup de chemin à faire autrefois, que ce soit en lien avec l’encadrement des normes ou la formation à développer. Nous nous trouvons aujourd’hui dans une logique de consolidation des acquis et dans l’uniformisation des pratiques. Il reste que certaines pratiques ne sont pas encore conformes et c’est sur quoi nous allons concentrer nos efforts dans les années à venir», affirme Mme Perreault.

«Il faut que toutes les étapes d’un chantier soient pensées en fonction de la sécurité.» – Audrée Perreault, ingénieure et corédactrice du nouveau plan d’action du Ministère.

Le nombre de victimes d’accidents à l’approche et dans les zones de chantiers est en baisse, puisqu’il est passé, entre 2011 et 2016, de 1366 à 735 victimes, et de 10 à 2 victimes d’accidents mortels.

«Il faut que toutes les étapes d’un chantier soient pensées en fonction de la sécurité. Il nous apparaît essentiel que les gens qui s’occupent de la gestion des impacts aient l’ensemble des connaissances nécessaires pour installer une signalisation conforme et s’assurer qu’ils travaillent de manière sécuritaire», soutient l’ingénieure.

Le signaleur routier, qui doit assurer sa propre sécurité, celle de ses pairs et des usagers de la route, doit renouveler son accréditation aux trois ans. «Il représente une figure importante sur un chantier et c’est pour cette raison que des améliorations significatives ont été apportées au cours des dernières années en lien avec cette fonction. Il est maintenant établi que le signaleur doit porter des manches longues et des pantalons longs pour améliorer sa visibilité», indique Mme Perreault.

Le signaleur routier porte depuis quelques années un uniforme aux manches et aux pantalons longs afin d’augmenter sa visibilité. CR: Courtoisie MTQ

La consolidation et l’uniformisation

Le plan d’action actuel vise entre autres la consolidation des pratiques et même si certains aspects se répètent pour la période 2017 à 2020, Mme Perreault rappelle que ce sont des enjeux importants qui ne doivent pas être tenus pour acquis.

Les nouvelles actions prévues dans le plus récent plan d’action ciblent plus particulièrement la bonification des normes et l’approfondissement de la formation pour s’assurer que les travailleurs possèdent les connaissances adéquates et que celles-ci soient mises à jour au besoin.

Le Ministère met en place pour l’industrie plusieurs guides d’utilisation et autres outils en plus de quatre formations spécifiques: cahier des charges et devis généraux, signaleur routier, installation, diversion et surveillance de la signalisation et formation sur la question des impacts.

«Dans le cadre de ce plan-ci, nous allons développer différents outils comme un aide-mémoire qui regroupe les éléments essentiels à connaître pour faciliter la recherche et faire en sorte que les gens aient l’information nécessaire pour avoir réponses à leurs questions», affirme Mme Perreault.

L’autoroute Robert-Bourassa (740) a fait l’objet de travaux pour l’aménagement d’une voie réservée, mais aussi pour la réfection des ponts d’étagement. CR: Courtoisie MTQ

De nouveaux dessins normalisés pour les carrefours giratoires sont également en voie d’être créés afin de devenir une norme dans l’industrie. «Nous n’avons pas encore défini des pratiques spécifiques pour encadrer les travaux dans les carrefours giratoires. Nous voulons encadrer et uniformiser ces pratiques dans l’optique de faciliter le travail des ingénieurs et des travailleurs. Même si nous en voyons de plus en plus, les carrefours giratoires sont relativement nouveaux», remarque Mme Perreault.

Parmi les nouvelles mesures, le MTQ entend également créer une vidéo sur l’utilisation des dispositifs de signalisation lumineux. «Il arrive parfois que les flèches lumineuses ne soient pas nécessairement utilisées de la bonne façon. La vidéo se veut une manière de montrer comment utiliser adéquatement ces dispositifs», mentionne l’ingénieure.

Le respect de la vitesse en chantier est un enjeu important qui a fait l’objet de mesures ciblées au cours des dernières années, comme l’implantation des radars photo et l’Opération orange en collaboration avec la Sûreté du Québec.
CR: Courtoisie MTQ

La sensibilisation au cœur des enjeux

La stratégie ministérielle en matière de communications comprend l’élaboration d’outils pour les automobilistes, tel le portail Québec 511 qui met à jour l’état du réseau routier et informe les usagers des travaux mineurs et majeurs afin d’assurer une certaine fluidité dans le réseau.

En plus des campagnes de sensibilisation dans les médias mises en place par la Société de l’assurance automobile du Québec, le MTQ travaille de concert avec la Sûreté du Québec dans le cadre de l’Opération orange réalisée chaque année sur le réseau routier.

«Le respect de la limite de vitesse dans les chantiers n’est pas toujours observé et c’est un enjeu sur lequel nous allons nous attarder. La configuration d’un chantier, tout comme la présence policière, sont des mesures qui peuvent être mises en place dans l’atteinte de cet objectif. Nous travaillons présentement sur une nouvelle méthode pour déterminer des vitesses crédibles dans les chantiers», confirme Mme Perreault, ajoutant que des radars photo ont été implantés dans le cadre des précédents plans d’action en plus des amendes doublées.

«Nous demeurons toujours à l’affût des nouvelles technologies sur le marché, pour voir si de nouveaux dispositifs pourraient être mis en place afin d’augmenter la sécurité», conclut Mme Perreault. •


En zone de travaux, surtout : l’inattention/distraction, la vitesse et le fait de suivre un véhicule de trop près. L’inattention et la distraction sont les principales causes d’accidents avec dommages corporels en zones de chantiers (44 %). Viennent ensuite la vitesse (20 %) et le fait de suivre un véhicule de trop près (20 %). Par ailleurs, une banalisation des chantiers routiers peut s’installer et la perception du risque diminuer lorsque les conducteurs n’aperçoivent pas les travailleurs sur le chantier.