Sommet Climat Montréal 2023
Une métropole en santé grâce à l’écomobilité
Dossier Constas INNOVATION : PROJETS ET PERSPECTIVES Transports et environnement
La mairesse Valérie Plante a annoncé la piétonnisation d’un quadrilatère dans le Vieux-Montréal, la mise en place d’un arc de transport structurant, un système rapide par bus et le déploiement d’un réseau express vélo sur le boulevard Henri-Bourassa.
Organisé par Partenariat Climat Montréal (PCM) en collaboration avec la Ville de Montréal, le Sommet Climat Montréal 2023 a eu lieu les 9 et 10 mai au Grand Quai du Port de Montréal. Une vingtaine de panélistes ont participé à l’événement. Des thèmes tels que la bonification des offres de transport, la carboneutralité, les contraintes liées aux déplacements et la requalification des grandes aires de stationnement y ont été abordés. Compte-rendu.
Par Mélissa Jean-Baptiste
Vers une réduction de notre empreinte carbone
Plusieurs stratégies ont été proposées à cette deuxième édition du Sommet pour répondre à l’urgence climatique liée à l’émission de gaz à effet de serre, dont le transport routier est responsable à hauteur de 43 %.
Le chercheur de Polytechnique Montréal et conférencier en transport, Jérôme Laviolette, qui s’intéresse à notre dépendance à l’automobile, qualifie d’indispensable le développement continu d’une meilleure offre de transport collectif, qui servirait d’option de rechange à la voiture. L’implantation d’infrastructures cyclables peut aussi encourager la population à se déplacer autrement au quotidien. « La population doit être accompagnée dans cette transition, qui ne concerne pas seulement le vélo, mais tous les déplacements sans la voiture individuelle. Nous devons donc réfléchir à des stratégies d’accompagnement aux changements de comportement. Les municipalités et les sociétés de transport doivent redoubler d’efforts pour mettre en place des campagnes de sensibilisation à ce sujet », a souligné Jérôme Laviolette.
Pour un avenir plus vert
La mairesse Valérie Plante a annoncé la piétonnisation d’un quadrilatère dans le Vieux-Montréal, la mise en place d’un arc de transport structurant, un système rapide par bus et le déploiement d’un réseau express vélo sur le boulevard Henri-Bourassa.
La Ville de Montréal, rappelle Jérôme Laviolette, dépend en grande partie des gouvernements provincial et fédéral pour financer des projets structurants de transport collectif. Sans ces investissements, elle ne peut pas réaliser les aménagements nécessaires.
L’élargissement des zones piétonnes dans la métropole et l’accroissement des projets innovants sont primordiaux pour décarboner la mobilité à Montréal. L’administration Plante propose ainsi la mise en place d’une « zone zéro émission » qui prioriserait le transport actif et collectif : «Cela encouragera simultanément la transition vers des véhicules électriques et l’atteinte de la carboneutralité entre 2040 et 2050 », avance Jérôme Laviolette.
Libérer l’espace public
En raison des changements dans les habitudes de travail et de consommation, les surfaces commerciales, dont les aires de stationnement qui représentent plus de 15,3 km² du territoire, sont sous-utilisées. Sans compter qu’elles peuvent créer d’importants îlots de chaleur. « D’où l’importance de les requalifier afin d’améliorer, d’adapter les milieux de vie d’affaires aux changements climatiques et de les rendre plus favorables à la mobilité durable », explique Blaise Rémillard, responsable du transport et de l’urbanisme au CRÉ Montréal.
L’élargissement des zones piétonnes dans la métropole et l’accroissement des projets innovants sont primordiaux pour décarboner la mobilité à Montréal. L’administration Plante propose ainsi la mise en place d’une « zone zéro émission » qui prioriserait le transport actif et collectif. « Cela encouragera simultanément la transition vers des véhicules électriques et l’atteinte de la carboneutralité entre 2040 et 2050 », avance Jérôme Laviolette.
D’après lui, étant donné que l’offre de stationnement est variée et qu’elle implique plusieurs instances publiques, une coordination entre les acteurs concernés est nécessaire pour convertir ces surfaces commerciales et répondre à nos besoins économiques, environnementaux et sociaux.
Souci d’inclusivité
Certaines personnes peuvent également vivre des contraintes sur le plan économique et physique qui peuvent nuire à leur transition socioécologique.
La professeure au Département d’études urbaines et touristiques de l’UQAM, Florence Paulhiac, nous a fait part de ses constats. À son avis, la tarification solidaire du transport collectif, soit le système tarifaire basé sur le revenu de la personne, ne serait pas équitable, car elle représente 12 % du revenu des plus fortunés, contre 30 % du salaire des personnes moins favorisées. Des situations de handicap peuvent également limiter les déplacements de la population. La solution ? Des subventions pour les véhicules électriques pratiques pour les personnes en situation de handicap et le recours à un service d’autopartage comme Communauto.
Elle ajoute que, par souci d’inclusivité et d’équité, le métro est de plus en plus accessible aux personnes handicapées, ce qui améliore le concept de mobilité inclusive.
Ne pas crier victoire trop vite
Jérôme Laviolette a enfin rappelé les deux enjeux majeurs à considérer quand il est question de projets visant la carboneutralité.
D’abord, le financement : la Ville de Montréal dépend en grande partie des gouvernements provincial et fédéral pour financer des projets structurants de transport collectif. Sans ces investissements, elle ne peut pas réaliser les aménagements nécessaires.
Ensuite, l’opposition citoyenne : les transformations en matière d’écomobilité réalisées dans la métropole ont amené leur lot de mécontentement et d’opposition. Il faut donc miser sur l’élaboration de stratégies de communication pour mieux expliquer les avantages de ces aménagements. Cela favorisera à la fois l’acceptation et l’adaptation de la population aux changements. ■