« L’avant-projet nous permettra de préciser les coûts de la réhabilitation de l’aménagement, précise Carl Morin. Nos estimations de 2021 se situent entre 452 M$ et 1 079 M$ selon les différents scénarios à l’étude. »
En Mauricie, Hydro-Québec envisage d’importants travaux de réhabilitation de la centrale hydroélectrique de la Trenche, qui pourra, à terme, voir sa puissance augmentée de 48 MW. Première étape : réaliser des études et des investigations sur le terrain pour définir les contraintes techniques et l’impact sur l’environnement, entre autres. Des experts de la société d’État nous racontent l’avant-projet.
Par Philippe Couture
Avec une production de 302 MW (l’équivalent de l’énergie nécessaire pour 109 000 ménages), la Trenche est la plus importante centrale en service sur la rivière Saint-Maurice. « Son apport à nos approvisionnements est notable, mais son âge avancé fait en sorte que plusieurs systèmes nécessaires au bon fonctionnement des groupes turbine-alternateur doivent être modernisés », explique Carl Morin, chef Projets – Installations chez Hydro-Québec.
La société d’État assure que, grâce à une maintenance soutenue au fil des ans, les automatismes des turbines sont encore d’une grande fiabilité, mais que ce projet permettra néanmoins de les moderniser. « Nous devons aussi rehausser la capacité d’évacuation de l’aménagement en fonction de la crue maximale probable associée aux impacts des changements climatiques, poursuit Carl Morin. La capacité requise sera confirmée dans les études d’avant-projet. »
En plus des experts à l’interne, des contrats ont été octroyés au géant québécois du génie civil, SNC, pour l’ingénierie de l’avant-projet, et au cabinet-conseil GHD (expert en ingénierie, en architecture, en environnement et en construction), pour réaliser les analyses de laboratoire à la suite des sondages géologiques et géotechniques. « D’autres contrats seront en appel de propositions au cours des prochaines semaines pour la réalisation d’investigations », indique Carl Morin.
Quelles études au juste ?
Les rénovations posent des défis aux plans technique et environnemental, tout comme elles auront un impact sur les populations locales, avec qui une concertation s’organise. « L’étape actuelle nous sert à coordonner l’ensemble des ressources et des études requises pour définir le contenu technique, les contraintes, les permis nécessaires, l’impact sur l’environnement et le milieu d’accueil », résume Caroline Belley, cheffe – Projets chez Hydro-Québec.
« Il nous faut déterminer et gérer les risques du projet, ajoute-t-elle, réaliser la planification et les estimations de coût, et finalement consulter les collectivités locales et les communautés autochtones afin que les décisions prises soient les plus optimales et acceptables socialement. »
Et la consultation s’organise déjà. Des comités de travail avec les représentants municipaux de Ville de La Tuque et la communauté atikamekw de Wemotaci ont commencé la conversation.
Par qui ?
Un gros bataillon d’experts en tous genres se mobilise pour réaliser ces étapes studieuses : des ingénieurs et ingénieures, des techniciens et techniciennes et spécialistes en structures, en mécanique, en commande, en appareillage électrique, en hydraulique, en hydrologie, en géologie, en géotechnique, en méthode de construction, en matériaux, en environnement et en santé-sécurité.
En plus des experts à l’interne, des contrats ont été octroyés au géant québécois du génie civil, SNC, pour l’ingénierie de l’avant-projet, et au cabinet-conseil GHD (expert en ingénierie, en architecture, en environnement et en construction), pour réaliser les analyses de laboratoire à la suite des sondages géologiques et géotechniques. «D’autres contrats seront en appel de propositions au cours des prochaines semaines pour la réalisation d’investigations », indique Carl Morin.
Coût total des opérations : 29,2 millions de dollars. « L’avant-projet nous permettra de préciser les coûts de la réhabilitation de l’aménagement, souligne-t-il. Nos estimations de 2021 se situent entre 452 M$ et 1 079 M$ selon les différents scénarios à l’étude. »
Un gros déploiement sur le terrain
Si une partie des études à produire peuvent être réalisées de façon documentaire, il va de soi que l’avant-projet se déroule surtout sous forme d’investigations sur le terrain. Les pics et les pelles vont commencer à apparaître bientôt à la Trenche. « Les investigations auront majoritairement lieu à l’intérieur du périmètre sécurisé et ne devraient que rarement en déborder », assure Carl Morin.
Des interruptions de la circulation sont notamment à prévoir. Les automobilistes devront s’armer de patience. « Comme l’aménagement de la Trenche, conclut M.Morin, constitue un lien interrive qui permet aux usagers de la route de se rendre à l’aménagement de Rapide-Blanc plus au nord (qui fait l’objet actuellement de travaux de réhabilitation), la mobilisation d’équipement sur le lien interrive pour réaliser ou permettre l’accès à des activités d’investigations peut interrompre la circulation. »
La fin des travaux ?
L’avant-projet se poursuit jusqu’à l’hiver 2023-2024. La direction d’Hydro-Québec devrait avoir terminé de prendre connaissance des recommandations en juin 2024, après quoi les travaux préalables à la réhabilitation pourront commencer en 2025 et durer près de deux ans.
À terme, en plus d’avoir bénéficié d’une cure de jeunesse, la centrale aura une nouvelle capacité de 350 MW. De quoi alimenter environ 126 000 maisons. C’est 17 000 de plus qu’à l’heure actuelle. ■