HQ et l’innovation. Les 75 ans d’Hydro-Québec.
Entrevue avec Réal Laporte, président d’Hydro-Québec Innovation, équipement et services partagés
La construction des complexes hydroélectriques d’aujourd’hui n’a à peu près rien à voir avec celle de ceux qu’on érigeait il y a une soixantaine d’années.
L’histoire d’Hydro-Québec, véritable fleuron de l’économie québécoise, est intrinsèquement liée à celle de la province ; de son essor économique à la conquête de son vaste territoire, en passant par son affirmation sur la scène internationale. Soixante-quinze ans après sa création, l’heure est maintenant au bilan pour l’importante société d’État. Pour l’occasion, Constas s’est entretenu avec Réal Laporte, le président d’Hydro-Québec Innovation, équipement et services partagés, qui, malgré l’exercice introspectif, garde les yeux résolument tournés vers l’avenir.
Par Florence Sara G. Ferraris
La construction des complexes hydroélectriques d’aujourd’hui n’a à peu près rien à voir avec celle de ceux qu’on érigeait il y a une soixantaine d’années. Plus technologiques que jamais, ces chantiers sont maintenant plus sécuritaires et se déploient beaucoup plus rapidement que ceux qui ont marqué les premières années d’Hydro-Québec. Mais ils posent aussi de nouveaux défis à ceux qui travaillent à leur réalisation au quotidien. « Il a fallu – et il faut toujours – s’adapter aux réalités de notre époque, insiste Réal Laporte, le président d’Hydro-Québec Innovation, équipement et services partagés. C’est la seule façon de demeurer compétitif et de répondre correctement aux besoins de notre clientèle. »
Joint au téléphone en novembre dernier, à quelques mois du soixante-quinzième anniversaire de la société d’État, le gestionnaire en avait long à dire sur les différents moyens que celle-ci a mis en place au cours des dernières décennies pour s’assurer de rester à l’avant-garde. « On essaie d’être à l’écoute des préoccupations de nos clients, tout en gardant à l’œil les changements qui secouent l’écosystème dans lequel on gravite, explique celui qui travaille pour Hydro-Québec depuis plus de 30 ans. C’est ce qui nous a forcés, tout au long de notre histoire, à ne jamais cesser d’innover. »
Renommée historique
C’est d’ailleurs ce souci de penser toujours au-devant des choses qui a permis à Hydro-Québec, au fil des ans – et des imposants chantiers – de se positionner comme un joueur incontournable, tant à l’intérieur de nos frontières que sur la scène internationale. « Notre histoire est parsemée de prouesses technologiques, expose le gestionnaire avec une évidente fierté. Elles ne sont pas toutes du même acabit, ou de même nature, mais elles sont le fruit de savoir-faire uniques, qui reflètent les expertises que nous avons su développer chez nous. »
En ce sens, les grands travaux qui ont marqué les années 1960 et 1970 – comme la construction de la Manic-Outarde, sur la Côte-Nord, ou, encore, du vaste complexe de La Grande, à la Baie-James – ont donné lieu à des exploits techniques de haut niveau. « Dans certains cas, on parle de premières mondiales. »
Nécessaire réfection
Près de soixante ans plus tard, les choses ont beaucoup changé sur les chantiers. Les outils et équipements disponibles se sont raffinés, ce qui a permis d’accélérer la cadence, tout en assurant aux travailleurs de meilleures conditions. « Les deux dernières décennies ont été particulièrement chargées pour nos équipes, précise par ailleurs Réal Laporte, en soulignant que ce sont au moins huit centrales hydroélectriques qui ont été construites depuis l’an 2000. On peut dire qu’on n’a pas chômé. »
« On utilise désormais des outils technologiques de pointe, note Réal Laporte. On peut, entre autres, penser aux scanneurs, aux systèmes de géolocalisation ou aux programmes de visualisation en trois dimensions. On en fait également beaucoup plus en amont, directement dans les usines. »
Dispersés aux quatre coins de la province, ces multiples chantiers ont amené l’organisation à affiner ses méthodes de travail. « On utilise désormais des outils technologiques de pointe, note Réal Laporte. On peut, entre autres, penser aux scanners, aux systèmes de géolocalisation ou aux programmes de visualisation en trois dimensions. On en fait également beaucoup plus en amont, directement dans les usines. Ces changements nous ont permis de réduire nos échéanciers, mais aussi de nous adapter tranquillement aux nouveaux besoins et attentes des travailleurs d’aujourd’hui.»
Vers l’avenir
Surtout que l’année 2019 ne devrait pas leur permettre de ralentir, bien au contraire. « Une bonne partie de nos infrastructures arrivent au bout de leur vie utile, avance le président d’Hydro-Québec Innovation, équipement et services partagés. Il y en a qui ont plus d’une cinquantaine d’années, quand elles ne datent pas carrément du début du siècle dernier. On entre donc dans une importante période de réfection. » À cela s’ajoute, bien évidemment, la poursuite des chantiers en cours, comme ceux du complexe de la Romaine, situé au nord de la municipalité de Havre-Saint-Pierre, sur la Côte-Nord. Entamées en 2017, ces dernières phases de travaux devraient s’étirer jusqu’aux limites de 2020.
Chose certaine, ces réalités combinées solliciteront assurément l’ensemble de l’écosystème de l’industrie, affirme sans hésitation Réal Laporte. « Il est clair que ce contexte particulier va avoir un impact sur la quantité de projets actifs sur notre territoire, indique-t-il. Il faut s’attendre à une augmentation sensible de la volumétrie de travail au cours des prochaines années, ce qui aura, très certainement, un impact sur le nombre de travailleurs nécessaires. » •