CCQ / Les perspectives 2021
Le secteur génie civil et voirie maintiendra son volume d’activité
« Cette année encore, les effets de la COVID-19 sur les finances des villes et municipalités auront des impacts négatifs dans le sous-secteur des routes et infrastructures. » – Mélanie Ferland, économiste de la CCQ
La Commission de la construction du Québec (CCQ) ne prévoit pas de grands bouleversements en 2021 pour le secteur génie civil et voirie. Elle anticipe un volume de 31,5 millions d’heures travaillées, comme l’an dernier. Or, des sous-secteurs pourraient tout de même connaître un certain ralentissement d’activité, tandis que d’autres devraient rebondir.
Par Jean Garon
La pandémie de la COVID-19 explique en grande partie la baisse de 10 % d’activité l’an dernier, comparativement au sommet atteint en 2019. Ce secteur de la construction s’est toutefois stabilisé et a pu reprendre sa vitesse de croisière grâce aux investissements dans les réseaux routiers et les infrastructures publiques.
Parmi les faits marquants de l’an dernier à ce chapitre, l’économiste de la CCQ, Mélanie Ferland, souligne « la fin du chantier de la reconstruction de l’échangeur Turcot à Montréal, qui était en cours depuis 2015 ».
Cette année encore, précise-t-elle, les effets de la COVID-19 sur les finances des villes et municipalités auront des impacts négatifs dans le sous-secteur des routes et infrastructures. Elle donne comme exemple la Ville de Montréal, qui a déjà annoncé son intention de retarder des projets dont le démarrage était prévu en 2021. Même chose pour la Ville de Longueuil, qui compte ralentir son volume de travaux pour les prochaines années dans son plan d’investissement. L’économiste s’attend à ce que le même scénario se répète dans plusieurs municipalités du Québec.
Par contre, enchaîne-t-elle, certains projets d’importance se poursuivront en 2021, notamment la construction du Réseau express métropolitain (REM) et la réfection des tunnels Ville-Marie et Viger à Montréal, ainsi que le réaménagement de la route 185 en autoroute dans le Bas-Saint-Laurent et la déconstruction de l’ancien pont Champlain à Montréal. Et même si la réfection du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine et d’autres projets seront mis en chantier, ils ne permettront pas d’éviter une baisse en 2021. En tout, le sous-secteur des routes et infrastructures pourrait totaliser à lui seul quelque 27 millions d’heures travaillées, en baisse de 3% par rapport à l’année 2020.
Rebond en hydroélectricité
Selon les prévisions de la CCQ, le secteur hydroélectrique devrait néanmoins amoindrir les pertes en 2021, et ce, autant dans le domaine des lignes électriques que celui des centrales.
Le sous-secteur des lignes pourrait générer une hausse d’activité de 17 %, avec un total de 2,9 millions d’heures travaillées, notamment grâce à la mise en chantier de la ligne Micoua-Saguenay en janvier dernier.
Le sous-secteur des centrales électriques devrait connaître également un regain d’activité cette année avec une hausse de 15 %. Cela permettrait de cumuler environ 1,4 million d’heures travaillées, notamment grâce au complexe hydroélectrique La Romaine sur la Côte-Nord et au projet de réfection de la centrale de Rapide-Blanc à La Tuque.
Le sous-secteur des éoliennes pourrait pour sa part générer environ 200 000 heures travaillées attribuables à deux projets de 70 millions $. Il s’agit du parc éolien Val-Éo au Saguenay–Lac-Saint-Jean, dont le montage des éoliennes se fera l’été prochain, ainsi que le projet éolien Des Cultures à Saint-Rémi et Saint-Michel, en Montérégie.
L’impact de la baisse d’activité prévue dans le secteur des routes et des infrastructures cette année, se fera sentir surtout dans la région montréalaise et en Outaouais. Sinon, les autres régions peuvent s’attendre à des hausses d’activité, surtout à la Baie-James, sur la Côte-Nord et au Saguenay–Lac-Saint-Jean.
Pénurie de main-d’œuvre
En 2020, les volumes d’activité dans l’ensemble du Québec auront tout de même occupé près de 177 200 travailleurs, en légère hausse par rapport à 2019. Il n’en demeure pas moins que l’Industrie éprouve toujours des problèmes de pénurie de main-d’œuvre. Même si le nombre de travailleurs qui quittent l’Industrie pour prendre leur retraite se situe bon an mal an à environ 3 %, leur relève semble nettement insuffisante. Le besoin de main-d’œuvre à combler s’élèverait entre 13 000 et 15 000 travailleurs annuellement.
« Le problème de vieillissement démographique dont on parle depuis 25 à 30 ans, on a les deux pieds dedans, souligne Mélanie Ferland. La population active n’augmente pas aussi vite qu’avant et on a moins de jeunes diplômés qui entrent dans l’Industrie. » Une situation qui a obligé la CCQ à ouvrir ses bassins de main-d’œuvre pour permettre à des personnes non diplômées d’obtenir un certificat de compétence apprenti ou un certificat de compétence occupation.
La pandémie a aussi chamboulé les activités de qualification de la main-d’œuvre à la CCQ. L’organisme pourra sans doute se reprendre cette année, mais il devra se pencher sur les moyens à prendre pour assurer une meilleure rétention de la main-d’œuvre dans l’Industrie. La récente annonce du gouvernement du Québec d’investir 160 millions dans la relance de l’industrie de la construction apporte une lueur d’espoir. Il est question de mettre en valeur la formation et d’apporter des changements réglementaires qui favoriseront une plus grande flexibilité dans l’organisation du travail. S’ajouteront à cela d’autres mesures qui serviront à moderniser les infrastructures technologiques des donneurs d’ouvrage et à soutenir le virage numérique des entreprises. ■